Des Bleus à réaction

Ils ont entonné La Marseillaise sous les sifflets du Stade de France. Les Bleus ont quitté la pelouse de Saint-Denis dans un silence de cathédrale. Refroidi par la victoire tricolore "à domicile" dans cette rencontre amicale, le bouillant public tunisien avait déserté l'enceinte des champions du monde 1998. Trois jours après le bon nul ramené de Roumanie (2-2), dans le cadre des éliminatoires au Mondial 2010, l'équipe de France a confirmé ce qu'elle avait laissé entrevoir à Costanza : elle a une forte capacité de réaction, aime à créer du jeu, dispose d'un pouvoir offensif hors norme. Mais sa défense est toujours aussi fébrile. Samedi dernier, la charnière Abidal-Boumsong avait pris l'eau en vingt minutes. Mardi soir, elle a cédé au terme d'une première demi-heure plaisante, ponctuée par de jolis mouvements collectifs de part et d'autre. Sur une touche anodine de Rod Fanni - très convaincant pour sa première cape -, Boumsong se fait prendre de vitesse par Issam Jemaa. Une passivité dont profite le Lensois. Double crochet. Le défenseur lyonnais est dans le vent. Et la frappe non cadrée de l'attaquant tunisien passe entre les jambes de Steve Mandanda, décidément peu inspiré depuis plusieurs rencontres (0-1, 30e).

Mais depuis samedi, les observateurs ne cessent de le marteler : cette équipe de France a de la ressource. La génération Zidane avait basé ses succès sur une défense de fer et une propension à prendre son adversaire de vitesse. Celle de Gourcuff excelle dans l'art de conserver le ballon. C'est pourtant sur un contre rondement mené par Thierry Henry que le stratège bordelais sert le Barcelonais. Le une-deux se fait dans un mouchoir de poches et déstabilise l'arrière-garde tunisienne. Henry conclut d'une frappe magistrale en pleine lucarne (1-1, 40e). Exilé sur le côté gauche pour laisser l'axe à Benzema et le tandem Gourcuff-Ribéry prendre les commandes du jeu, l'ancien Gunner n'en demeure pas moins le meilleur buteur de toute l'histoire des Bleus. Il le prouve dès le retour des vestiaires. Gourcuff est une nouvelle fois à la baguette. Son tir écrasé se mue en offrande pour Henry, qui double la mise (2-1, 48e).

Jusqu'ici transparent, Karim Benzema profite d'un numéro de Rod Fanni sur le côté droit pour décocher une frappe sèche et nettoyer la lucarne de Mathlouthi (3-1, 58e). Une délivrance pour le Lyonnais, qui signe ainsi son 5e but en 18 réalisations. Une délivrance pour Raymond Domenech. Sauf cataclysme, le sélectionneur national sait que le Conseil fédéral de mercredi le maintiendra dans ses fonctions. Mais il sait aussi que pour emmener cette équipe de France en Afrique du Sud, il devra trouver un nouvel équilibre défensif. Et vite.

"On est toujours dans la course pour cette qualification qui est notre seul objectif: c'est le bilan du premier match contre la Roumanie avec une dépense d'énergie importante car on était mené 2-0 et qu'on a su revenir, comme ce soir (mardi). Cette équipe manque encore de stabilité mais c'est le lot des équipes jeunes, on le sait, c'est comme ça. Mais quand on voit ce qu'ils sont capables de faire, d'animer... parce que même là (contre la Tunisie) en première mi-temps, ce qui nous a manqué c'est un peu de fraîcheur parce qu'il y eu des combinaisons, mais il a manqué des gestes techniques qui peuvent faire la différence. Mais c'est bien parce qu'on est obligé de s'accrocher, il faudra des matches comme ça pour puiser dans les réserves, construire et que chacun voit ce qu'est le haut niveau international."