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Le phénomène Olivia Moultrie : "À l’âge de sept ans, j’ai décidé que je voulais devenir footballeuse"

Maxime Aubin

Mis à jour 10/08/2021 à 13:02 GMT+2

NWSL - Aussi talentueuse que précoce, l’Américaine de 15 ans n’a pas hésité à attaquer la NWSL (le championnat de football féminin américain) pour l’autoriser à jouer malgré son jeune âge. Celle qui est aussi l’égérie de Nike depuis ses 13 ans se fixe des objectifs de carrière ultra ambitieux. Entretien avec le phénomène Olivia Moultrie.

Olivia Moultrie

Crédit: Getty Images

Vous avez signé votre tout premier contrat professionnel avec les Portland Thorns le mois dernier (pour une durée de trois ans), après avoir passé deux ans à vous entraîner avec le club. Est-ce que vous réalisez ce qui vous arrive ?
Oui, je suis aux anges ! Ça fait un petit moment que c’était dans les tuyaux et que j’espérais enfin pouvoir jouer avec l’équipe professionnelle. Ça y est j’y suis, et honnêtement je pense que je suis totalement prête pour ce challenge.
Vous êtes entrée en jeu à Louisville le 3 juillet, avant de jouer également quelques minutes le weekend suivant devant vos supporters à Portland face à New York (Gotham FC). Racontez-nous vos premiers pas dans le monde professionnel...
Jouer à Louisville était cool, mais entrer en jeu à Providence Park dans ce qui est la meilleure ambiance de toute la ligue, (ndlr : le stade des Portland Thorns accueille 15 000 fans en moyenne par match, le plus haut total de la ligue) et qui plus est devant ma famille, était un moment extraordinaire. Vivement la suite.
Accompagnée de vos parents, vous avez saisi la justice en mai pour contester le règlement de la NWSL qui n’autorise pas la signature d’un contrat avant les 18 ans d’une joueuse. Pourquoi ?
À l’âge de sept ans, j’ai décidé que je voulais devenir footballeuse et être la meilleure possible dans ce sport, voire la meilleure. Depuis, je travaille tous les jours pour m’améliorer, pour être dans l’environnement le plus compétitif possible. J’ai passé les étapes les unes après les autres en acceptant une bourse d’université à 11 ans, en allant m’entraîner avec les meilleures équipes en Europe à 12 ans, puis en rejoignant les Thorns à 13. Aujourd’hui, je suis prête à jouer en professionnel.
Comment décide-t-on de son avenir professionnel à seulement sept ans ? Quel rôle ont joué vos parents et votre entourage dans cette décision ?
Beaucoup de gens pensent que j’ai été influencé et que ce n’était pas vraiment mon choix. C’est faux. Tout a commencé par amour du foot, puis j’ai réalisé que ça pourrait devenir mon métier. Mes parents ont été parfaits, ils m’ont demandé ce qu’ils pouvaient faire pour que mon rêve devienne réalité. Ils m’ont conduite partout quand j’étais petite, et aujourd’hui ils ont emménagé à Portland pour moi (ndlr : Olivia Moultrie a grandi au Nord de Los Angeles en Californie). Je ne pourrais pas être plus reconnaissante envers eux.
En 2018, vous avez réalisé plusieurs stages en Europe avec les jeunes du Bayern Munich, de l’Olympique Lyonnais et du PSG. À Paris, vous vous êtes même entrainée avec les U17 masculins du club, alors que vous n’aviez que 12 ans. Qu’avez-vous appris de ces expériences ?
Partir à l’étranger m’a permis de réaliser que de nombreuses jeunes joueuses peuvent s’entraîner avec les pros là-bas, et espérer jouer rapidement en équipe première (ndlr : l’âge minimum dans le championnat féminin français est fixé à 15 ans). Mon voyage a duré 45 jours en tout, durant lesquels j’ai pu participer à de nombreux entraînements et observer de nombreuses équipes jouer. Ça m’a permis d’avoir une vision plus complète du foot, et de m’améliorer en tant que joueuse. En ce qui concerne mon expérience avec les garçons du PSG, j’ai aimé l’intensité à laquelle ils jouent et à quel point ils essaient de copier avec application ce que réalisent les meilleures équipes européennes.
Vos journées sont dédiées au football depuis votre plus jeune âge, avec un terrain et un entraîneur personnel mis à disposition sur la propriété familiale. Comment se déroule votre scolarité ?
Je n’ai plus le temps d’aller à l’école depuis le CM2. Mes cours se font à 100% en ligne. On peut dire que j’ai été en avance sur mon temps vu ce qui s’est passé ensuite avec le Covid (elle sourit). Je me sens complètement libre dans mon emploi du temps. C’est la meilleure décision que mes parents aient pu prendre.
Vous êtes désormais une joueuse professionnelle. Pourrez-vous continuer vos études encore longtemps ?
J’espère bien poursuivre au lycée puis à l’université pour obtenir un diplôme. Je sais que ce sera important pour mon après-carrière. J’ai également l’envie d’entraîner une équipe un jour, pour retransmettre tout ce que j’ai appris. On verra, mais tout se fera en ligne, c’est certain.
Vous débordez d’ambition à la fois personnelles et professionnelles. Quels sont vos objectifs cette année avec les Portland Thorns ?
Mon premier objectif est d’aider l’équipe à gagner des matches et à se rapprocher le plus près d’un titre. Après, bien sûr que j’espère jouer le plus possible et même commencer des matches, mais je n’oublie pas l’essentiel : essayer de m’améliorer jour après jour.
Quels sont vos axes de progrès sur le terrain ?
Je remarque au quotidien à quel point je manque tout simplement d’expérience. Les joueuses internationales du club ou celles qui sont dans l’équipe depuis longtemps voient mieux les choses, se déplacent mieux… Bref, elles sont toujours là au bon endroit et au bon moment. Ce sont des choses qui prennent du temps à acquérir.
Olivia Moultrie
Vous sentez-vous prête également physiquement ?
Physiquement et techniquement, aucun problème ! J’ai pris pas mal de centimètres ces derniers mois (rires), et je me suis également préparée pour ça.
Quels sont vos objectifs de carrière ?
Au niveau collectif, je veux gagner un titre avec les Thorns, jouer pour l’équipe nationale américaine, gagner la Coupe du monde et les Jeux Olympiques, et pourquoi pas jouer en Europe un jour. La Ligue des champions est une compétition qui me fait rêver. À titre personnel, je veux devenir la meilleure joueuse du monde, marquer l’histoire et gagner le Ballon d’Or.
Pourquoi est-ce si important pour vous de "marquer l’histoire" ?
Les fans et les observateurs ne se rendent pas compte de la quantité de travail qu’il faut pour devenir professionnel, et je sais tout le travail qu’il va me falloir encore accomplir au quotidien pendant ma carrière. Je ne veux pas finir un jour dans l’anonymat, en pensant que personne ne se rappellera de tout ce que j’ai fait pour en arriver là. On se souviendra pour toujours du style de jeu du FC Barcelone, des titres que le club a gagnés et des buts de Messi. Je veux moi aussi participer à quelque chose de remarquable.
Vous êtes déjà une personnalité publique, égérie de la marque Nike depuis deux ans et star des réseaux sociaux. Êtes-vous prête à assumer ce rôle ?
Je ne le ressens pas du tout comme un poids. Je suis chanceuse de mener la vie que je mène et si ça peut inspirer des gens, tant mieux.
Vous avez quand même placé la barre très haute. Êtes-vous consciente que beaucoup de gens, aux États-Unis et dans le monde, vont désormais vous attendre au tournant ?
Oui, mais aucune pression extérieure ne peut remplacer celle que je m’impose déjà tous les jours. Je le répète, je suis focalisée sur le fait de m’améliorer au quotidien.
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