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Clásico, la Guerre des mondes : Tenerife, l'ami du Real qui aide le Barça

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 01/03/2013 à 21:10 GMT+1

Jusqu'à samedi, nous publions les bonnes feuilles de "Clàsico, la Guerre des mondes", de Thibaud Leplat (édition Hugo & Cie). Quatrième acte : le moment peut-être le plus sulfureux de la rivalité sportive entre les deux clubs, la saison 1991-1992 et le sacre du Barça sujet à tous les sous-entendus. 

Le matin de la dernière journée de championnat 1991-1992, tout va bien à Madrid. Malgré une saison agitée et un changement d’entraîneur à Noël (Beenhakker remplace Antic), le Real est leader pour la dernière journée de championnat. Madrid se rend à Ténérife, déjà sauvé, pour jouer son dernier match. Le Ténérife de l’époque est une sorte de réserve du Real, avec Valdano sur le banc et plusieurs joueurs formés au club (Augustin, Llorente, Manolo Hierro). Le Real n’a besoin que d’un nul pour s’assurer le titre. Madrid fera son match et, a priori, les amitiés électives devraient faire le reste. De son côté de l’histoire, Barcelone reçoit Bilbao et doit impérativement gagner si la bande à Cruyff veut avoir encore une chance de remporter son deuxième championnat consécutif. La situation semble plutôt favorable aux Madrilènes. Les deux matchs se jouent en simultané. Au Camp Nou, les socios ont les oreilles collées sur le transistor.
(...) Manolo Sanchís n’aime pas trop qu’on lui parle de Ténérife : "Je préfère garder les bons souvenirs. Imagine qu’après dix mois de compétition, tout se joue sur le dernier match." Pourtant, tout avait bien commencé pour le Real. Hierro marque au bout de huit minutes et Hagi claque un coup franc à la 28e minute. Au bout d’une demi-heure, le Real se sent champion. Il suffit pourtant d’un grain de sable. Il arrive à la 36e et s’appelle Estebaranz. 2-1 juste avant à la mi-temps. Sanchís rentre aux vestiaires mais quelque chose cloche. "Le vestiaire était beaucoup trop sérieux. Ce but n’aurait pas dû nous affecter autant. Mais nous venions d’une série de défaites difficiles. Ce but nous a fait perdre confiance." L’arbitrage devient crispant : il annule un but légal à Luis Milla et expulse un Madrilène. Tout marche à l’envers. Le mauvais oeil s’acharne sur Butragueño, qui envoie un ballon dans les tribunes seul face au gardien.
À la 76e, Ténérife égalise après un cafouillage et un but contre son camp de Rocha au premier poteau de Paco Buyo. À dix, le Real est toujours champion mais souffre et les joueurs de Ténérife courent très vite pour une équipe qui n’a rien à gagner. Deux minutes plus tard, Buyo relâche un ballon devant lui, Ténérife marque, explosion de joie au Camp Nou. Le Barça de Cruyff, qui s’est imposé contre Bilbao 2-0, est champion sur le fil du rasoir.
Les semaines suivantes, les anecdotes se croisent pour expliquer la surprenante motivation des joueurs de Ténérife contre le Real. Toño, le gardien et capitaine de l’équipe, raconte à la radio quelques mois plus tard les secrets de la motivation : "Avant le match, nous avons reçu beaucoup d’appels anonymes nous offrant de l’argent pour battre le Real." Au retour des vacances d’été, Toño, un type gentil au fond, se promène autour du stade. C’est alors que lui arrive une chose qui ne nous arrivera sans doute jamais. Un individu s’approche de lui. Il tient dans la main un sac plastique. Cet inconnu s’arrête, tend le bras et lui donne un sac en plastique rempli d’argent. Comme ça. Tout simplement. "Cet homme me dit : 'Tiens voici l’argent promis pour la victoire contre Madrid.' Il ne m’a rien dit de plus. J’ai pris le sac sans rien demander." Même pas une facture. (...) "Je n’ai jamais su d’où il venait ni qui il représentait." En janvier 1993, trois jours avant un Madrid-Barça, Luis Milla (joueur du Real et ex de Barcelone) raconte avoir refusé une offre de 40 millions de pesetas venue d’un joueur de Barcelone pour "mal jouer" contre Ténérife. Milla refuse l’argent. Il est sommé de s’expliquer mais n’a aucune preuve à fournir. Un conseil de la part de Toño : prends l’oseille et tais-toi.
Thibaud Leplat, "Clàsico, la Guerre des Mondes", Editions Hugo Sport. 256 pages, 15,95 euros.
Thibaud Leplat sera en chat samedi sur Eurosport.fr à partir de 14h30 ! Cinq ouvrages seront à remporter !
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