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Portugal - Déplumé et affaibli, Benfica aborde la nouvelle saison dans le doute

Nicolas Vilas

Mis à jour 05/08/2014 à 09:00 GMT+2

Déplumés de beaucoup de leurs meilleurs joueurs durant l’été, les Aigles du Benfica peinent à décoller en cette présaison. Explications et conséquences d’un été mouvementé...

Jorge Jesus (Benfica)

Crédit: Panoramic

Six défaites en huit matches de préparation. Depuis qu’il s’est installé à la Luz, il y a cinq ans, Jorge Jesus n’a jamais connu une présaison aussi contrariante et contrariée. Les quatre buts marqués par Sanogo samedi à l’Emirates ont fait mal. Une claque collée par Arsenal (1-5) suivie d’un revers de Valence (1-3) qui rappellent que ce Benfica n’a plus grand-chose de comparable avec celui d’il y a encore quelques mois. Il n’a pas fallu plus longtemps pour que la saudade et l’inquiétude s’installent dans le cœur des socios.
La presse portugaise a peur : "Panique" (A Bola), "Désastre" (Record), titrait-elle ce weekend. Si les Aigles peinent tant à décoller, c’est surement parce que "cette année nous avons vendu plus que d’habitude", juge Jesus. Le "prix du succès", dit-il, pour une équipe championne du Portugal, vainqueur de la Coupe nationale, de la Coupe de la Ligue et finaliste de la C3 en 2014. Oblak, Garay, Rodrigo, André Gomes, Markovic, Siqueira (retour de prêt), Djuricic (prêt) ont quitté le nid, Enzo Pérez est en partance, Gaitan dans le doute. Dimanche, Jesus préférait en sourire :   "J’espère ne plus perdre de joueurs, sinon moi aussi je vais devoir partir, tout va foutre camp !" Une fuite qui s’explique.
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Enzo Perez

Crédit: Eurosport

Pourquoi avoir autant vendu ?

Si le président Luis Filipe Vieira lâche autant prise c’est que la saison dernière il s’était efforcé de maintenir ses principaux actifs. Matic fut l’exception. Ce début de mercato a généré plus de revenus en vente de joueurs que l’ensemble de l’exercice 2013-2014. Ces transferts représentent une source de recettes indispensable. Le SLB traîne le plus gros passif comptable des formations du pays (plus de 400 millions d’euros). Avec la grave crise qui touche le secteur bancaire portugais (le Grupo Espirito Santo notamment), les clubs qui en dépendent grandement sont bien inspirés de dégager des liquidités. C’est par exemple dans cette optique que le SLB avait cédé à des fonds d’investissements, il y a quelques mois, les droits économiques de Rodrigo ou André Gomes qui viennent de rejoindre Valence. En d’autres mots : ces deux joueurs n’appartenaient déjà plus au Benfica. Afin de compenser ces ventes anticipées et d’apaiser leurs comptes, les dirigeants encarnados ont dû donc laisser partir d’autres éléments.

Un recrutement tardif

"Avec autant de départs, les joueurs qui arrivent doivent être des premiers choix". Jesus a exposé en quelques mots sa principale problématique. Car si le Benfica a déjà enregistré de nombreuses recrues beaucoup d’entre elles sont peu expérimentées. Luis Felipe (23 ans, ex-Palmeiras), Lisandro Lopez (24, rp Levante), Benito (22, ex-FC Zürich), César (21, ex-Ponte Preta), Anderson Talisca (20, ex-Bahia) ou Victor Andrade (18, ex-Santos) vont découvrir la Liga et pour la plupart l’Europe ; Derley (26, ex-Maritimo) va pénétrer dans une nouvelle réalité. A peine arrivé, Djavan (26, ex-Académica) a été refourgué à Braga.
Reste à connaitre les statuts dont jouiront Candeias ou Pizzi. Vous l’aurez compris, le recrutement du Benfica n’est pas fini. Et JJ voit certains de ses vœux exaucés. Tardivement. Le gaucher Eliseu (31), un vieux souhait, vient d’arriver, avec quelques kilos en trop. Face à Arsenal, il a dû être remplacé. L’ancien joueur de Malaga arrive en même temps qu’un Bebé revanchard et toujours prometteur. Mais beaucoup de dossiers trainent, capotent. Celui du gardien préoccupe. Romero s’accroche au Rocher, Jefferson au Botafogo. Guilavogui que JJ apprécie préfère Wolfsbourg. Les socios continuent de se nourrir de rumeurs. Après la fusillade des Gunners, Jesus tentait de rassurer : "Cette équipe n’a à avoir avec la future équipe du Benfica". Il lui reste moins d’un mois pour construire l’avenir.
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Derley (Benficva) face à Valence lors de l'Emirates Cup

Crédit: Panoramic

L’heure de la formation ?

"D’ici 2020, 60% à 70% des joueurs du Benfica seront formés au club". En janvier dernier, Luis Filipe Vieira  dévoilait son programme pour la prochaine décennie. Jesus est donc invité à miser sur les promesses du Seixal. Il en a utilisé six (Lindelöf, Teixeira, Cancelo, Bernardo Silva, Ruben Pinto, Ivan Cavaleiro) au cours des matches de préparation. Les internationaux n’étaient pas encore tous là, les blessés (Pizzi, Salvio), non plus. Mais les contre-performances de ces tendres onze – auxquels se sont jointes les jeunes recrues – confortent le technicien de 60 ans dans son analyse. Si JJ croit en la formation, il n’y voit pas une solution efficace à court termes. En mai dernier, il martelait : "La formation doit rester liée à la prospection". Selon lui, "le Benfica aura une poignée de joueurs formés au club en équipe première, d’ici deux ou trois ans". Un timing qui pourrait différer l’annonce de son président tiraillé entre ces promesses politiques et ses obligations (non moins politiciennes) de résultats. Car comme le rappelait son coach : "Les exigences du Benfica sont toujours les mêmes. Les supporters veulent toujours des titres".

"Ranger la maison"

L’intersaison est aussi l’occasion de "ranger la maison", comme le décrit si bien JJ. Se délester des dossiers encombrants. Meilleur buteur étranger de l’histoire du club, Cardozo était devenu de trop à la Luz. Après ses sept ans de service, ses derniers coups de sang et sa nonchalance l’ont envoyé rejoindre Vahid au Trabzonspor, brimé d’un adieu espéré et sûrement mérité. Quid d’Artur ? Le gardien brésilien qui avait cédé sa place à Oblak ne donne plus satisfaction. Ses patrons s’activent à lui trouver un concurrent et les dernières sorties du Brésilien ne peuvent que leur donner raison.
Cantonné à l’équipe b, Steven Vitoria aimerait bouger. Et puis il y a les revenants : Sidnei, Jara, Nélson Oliveira, Ola John… Courtisé en fin de saison dernière, Jesus, lui, a préféré rester, enchaîner une cinquième année au SLB. D’ici quelques mois, il saura s’il a bien fait… Et d’ici quelques jours, dès dimanche en Supercoupe du Portugal contre le Rio Ave (10 août), il saura un peu mieux où il en est. "Une semaine pour faire ce qu’il y a à faire… par celui qui a l’obligation de le faire", a balancé dimanche le vice-président du club sur son compte Facebook. Les benfiquistes verraient-ils déjà rouge ?...
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