"C'est le vrai Karim"

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ParEurosport

Mis à jour 09/12/2011 à 18:55 GMT+1

Au fond du trou l'an dernier, Karim Benzema a su hausser son niveau de jeu pour s'affirmer comme un élément clé du Real Madrid. A Lyon, le Français était déjà un joueur complet. A Madrid, il a développé ses qualités pour exprimer son potentiel au plus haut niveau. Décryptage avec Bernard Lacombe.

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Il y a un peu plus d’un an, Karim Benzema était “mort”. Mort aux yeux d’une presse madrilène qui avait écarté toute possibilité de voir l’attaquant français triompher au Real. L’ancien Lyonnais était en situation d’échec dans cette capitale espagnole où il avait posé ses valises un an et demi plus tôt. La première de sa carrière. Il a su rebondir bien plus haut que ce qu’on pouvait prédire à l’époque. Aujourd’hui, Benzema est encore meilleur que ce prodige qui dominait les surfaces de Ligue 1 sous les couleurs lyonnaises. C'est toujours un buteur. Il a inscrit 12 buts en 2011/2012, ce qui le place même légèrement en avance par rapport à ses chiffres habituels. Mais dans le jeu, il a atteint un niveau auquel il n'avait jamais évolué jusqu'ici.
Parmi ses différentes statistiques cette saison, un chiffre est particulièrement remarquable. Benzema a déjà délivré six passes décisives, soit une seule de moins que le meilleur total de sa carrière sur une saison (avec Lyon en 2007/2008, NDLR). Mais la métamorphose de l'international français se voit surtout sur le terrain. Il participe plus, touche plus de ballons dans la surface qu'auparavant, tente et réussit plus de passes dans les 30 mètres adverses. Sans que cela nuise à ses qualités propres de buteur. Depuis un an, l'ancien Lyonnais a inscrit 32 buts pour le Real Madrid. Dans les cinq "grands" championnats européens, seuls quatre joueurs ont fait mieux : Lionel Messi (FC Barcelone), Cristiano Ronaldo (Real Madrid), Mario Gomez (Bayern Munich) et Robin van Persie (Arsenal).
"Obligé d'être à fond tous les jours"
Benzema était déjà un joueur complet à Lyon. Pour l'être aussi au Real Madrid, il lui a fallu s'adapter aux exigences d'un très grand club. L'attaquant lyonnais a dû effectuer un travail physique conséquent, notamment sur le plan musculaire, pour se mettre au niveau requis. Une étape obligatoire pour faire face à un paramètre qu'il ne connaissait pas à l'OL : l'absence de statut."Karim a connu une entame compliquée parce qu'il découvrait quelque chose de nouveau à Madrid. Il était indispensable à Lyon, au Real il a découvert la concurrence, témoigne Bernard Lacombe. C'est cette concurrence qui l'a aidé à progresser. Quand il était à Lyon, Karim pouvait se permettre d'être moyen sur un match. Il savait qu'il serait de toute façon titulaire au match suivant. A Madrid, c'est beaucoup plus compliqué que ça. Il me dit souvent : "Ici, tu es obligé d'être à fond tous les jours."
Et de prendre les autres en compte. Passer du statut de star unique à star parmi d'autres implique aussi un changement d'attitude. A Lyon, Benzema pouvait se permettre quelques excès d'égoïsme. Son niveau par rapport au reste de l'équipe le lui permettait. Ce n'est plus possible à Madrid. "Karim a compris qu’il devait renvoyer la monnaie, résume Bernard Lacombe. Que ce ne serait que comme ça que les autres se sentiraient obligés de lui donner le ballon. A Madrid, il n'est pas le seul. Le constat est aussi valable pour Angel Di Maria. Souvent pointé pour son individualisme l'an passé, l'Argentin a fait évoluer son jeu et pointe aujourd'hui en tête du classement des passeurs de la Liga. "Cela concerne tous les joueurs au Real. A part peut-être Cristiano Ronaldo, qui se permet plus de libertéssur le plan individuel", note Lacombe.
Lacombe : "Il va plus vite dans tout ce qu'il enchaîne"
Dabs le cas de Benzema, hausser le niveau a surtout été une question d'état d'esprit. L'attaquant madrilène avait déjà le talent, mais il a dû aller chercher cette volonté d'être à son maximum à chaque instant, à l'entraînement comme en match. Il n'y serait probablement pas arrivé sans José Mourinho. Le technicien portugais n'a pas ménagé son attaquant l'an dernier. En le reléguant sur le banc au profit de Gonzalo Higuain, en l'accusant de "dormir" à l'entraînement ou en le qualifiant de "chat" devant les médias. Ces "coups de pied au cul" étaient nécessaires au développement de Benzema. "Si Karim en est là, Mourinho y a été pour quelque chose. Par son aura, mais surtout par cette pression qu'il lui a mis pour le faire avancer. C'est quelqu'un qui connait vraiment très bien le football. Avec ses joueurs, il peut paraître dur, mais il est juste", juge Lacombe.
Aujourd'hui, Mourinho n'est pas le dernier à encenser un joueur qu'il a parfois donné l'impression de détruire par le passé. Les progrès accomplis par Benzema dans le jeu, son rôle de plus en plus important au sein du collectif madrilène, c'est le Special One qui en parle le mieux. "Il s'est amélioré dans tous les domaines, et il est plus fort aujourd'hui tant mentalement que physiquement. Il comprend mieux le jeu. On savait de quoi il était capable sur le plan offensif, mais il a beaucoup progressé sur le plan défensif. Pour moi, c'est le vrai Benzema qui joue pour le Real aujourd'hui", déclarait l'entraîneur madrilène récemment dans Téléfoot. "Il joue plus juste, ajoute Bernard Lacombe. C'est le vrai Karim, buteur et passeur, comme il était chez nous. Mais il va plus vite dans tout ce qu'il enchaîne. Il est en train de gravir la marche qui permet de passer d’un club comme Lyon à un club comme le Real.Il est en train de devenir grand."
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