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Clasico : la tactique au milieu conditionnera la réussite des attaques

François-Miguel Boudet

Mis à jour 02/12/2016 à 11:34 GMT+1

LIGA - Est-il plus simple d'affronter l'attaque du Barça ou celle du Real ? Question ardue, qui trouve souvent sa réponse plus bas sur le terrain. Pour Luis Enrique comme pour Zinedine Zidane, la cohérence de l'entrejeu sera la clé pour libérer la créativité de leurs buteurs.

Messi et Ronaldo lors de FC Barcelone - Real Madrid en Liga le 2 avril 2016

Crédit: Panoramic

Dimanche soir, le Barça a frôlé la correctionnelle et a arraché un point quasi-miraculeux à Anoeta contre la Real Sociedad, véritable révélation de la saison. Malmenés, les Culés s'en sont remis à sa MSN pour égaliser. Un but un peu sorti de nulle part. Face au milieu compact et complémentaire des Txuri-urdin, les Catalans ont souffert dans la récupération et la distribution, conditions essentielles pour mettre leur trio d'attaque dans les meilleures positions.
Face au bloc-équipe du Real Madrid, la solidité de l'entrejeu sera prépondérant. En confiance, la Casa Blanca a tout à gagner dans ce Clasico alors qu'il s'agit presque d'un quitte ou double pour les champions en titre. Malgré l'absence de Gareth Bale et le coup de moins bien de Karim Benzema, elle peut compter sur un Cristiano Ronaldo retrouvé et en pleine confiance depuis son triplé contre l'Atlético.

"No Busi no party" pour la MSN

Proche de l'exclusion contre Valencia, noyé pendant la première période à Séville, en difficulté contre la Real Sociedad, Sergio Busquets n'a pas son rendement ordinaire. Une baisse de forme qui n'est pas nouvelle, déjà entrevue la saison dernière. Or, c'est un rouage essentiel du lancement du jeu barcelonais et la mise en orbite de la MSN qui ne peut pas toujours débloquer la situation sur une inspiration géniale. "J'ai l'impression qu'il y a un problème au niveau des individualités au Barça, estime Jaime Bonnail, journaliste espagnol créateur du site Fútbol desde Francia. C'est peut-être psychologique. Lionel Messi tire tout le groupe, bien plus que Neymar et Luis Suárez à l'heure actuelle. En plus, la MSN n'est pas constituée de grands défenseurs".
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Lionel Messi célèbre son but face à La Corogne, le 15 octobre 2016

Crédit: AFP

Malgré tout son talent, Ivan Rakitic ne peut pas toujours tout compenser. Recruté 35 millions d'euros à l'intersaison, André Gomes ne fait pas l'affaire, par manque de régularité. Le Portugais a certainement beaucoup de qualités mais, à l'image de ce qu'il produisait à Valencia, il est performant quand toute son équipe est en forme. L'absence d'Andrés Iniesta a été préjudiciable et Luis Enrique doit certainement prier pour que son stratège soit en pleine possession de ses moyens pour remettre de l'ordre dans la boutique.
Professeur du tactique et actuel sélectionneur du Pays basque, Mikel Etxarri étaye : "Pour que Busquets soit performant et puisse distribuer le jeu, il faut que les joueurs autour de lui soient au diapason au niveau technique afin de lui donner le ballon avec une certaine marge de sécurité. Au niveau de la conduite de jeu et des transitions, les joueurs échangent peu leurs positions, contrairement à ce qui se passait à l'époque de Xavi Hernández". La conséquence principale de ce manque de mobilité est l'affaiblissement de la ligne offensive. Elle part arrêtée au lieu de partir lancée.
"Pour que la MSN crée du mouvement, avec par exemple Messi qui débute son action à droite pour finir côté gauche, il faut une incorporation du trio du milieu. L'espace entre les lignes compte également". Or, Messi, Suárez et Neymar ne sont jamais aussi forts que lorsqu'ils apportent leur écot sur le plan défensif. "Face à la Real Sociedad, la MSN a très peu défendu. Au final, tout cela a des répercussions sur l'utilisation des diagonales et le jeu des latéraux. Dimanche dernier, ni Jordi Alba ni Sergi Roberto n'ont eu les opportunités pour monter et augmenter la pression collective dans la moitié adverse". C'est dans le collectif que s'épanouit la MSN et qu'elle devient injouable.

Le retour du bulldozer merengue

Pour répondre au jeu de possession du Barça, la Maison Blanche a la chance de retrouver son facteur X. Absent depuis le début de la saison pour une blessure récalcitrante à la jambe, Casemiro devrait être dans le XI du Real Madrid. Une excellente nouvelle pour Zidane, privé de Toni Kroos. La saison dernière, Rafael Benitez avait renoncé à aligner le Brésilien et les Merengues avaient coulé (0-4). Désormais, sa titularisation est espérée par l'afición afin d'épauler le duo croate Matteo Kovacic – Luka Modric car à l'image du Barça, la stabilité du milieu madridiste est la clef de voûte des offensives de la BBC. La présence d'un élément essentiellement défensif est un point positif pour le coach car même si Kovacic est dans un registre plus horizontal que Modric, l'ex de l'Inter doit forcer sa nature dans un registre de pivot.
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Modric lors de Real Madrid - Gijon en Liga le 26 novembre 2016

Crédit: Panoramic

Jusqu'à présent, la Maison Blanche s'en est bien globalement bien sortie mais Casemiro est un renfort de poids dans ce match où le Real peut reléguer son rival honni à 9 points. Quand il a affronté des milieux défensifs costauds (Nacho Camacho avec Málaga, Enzo Pérez avec Valencia et Asier Illaramenti avec la Real Sociedad), le Barça a eu les pires difficultés à se sortir de leurs griffes. "Il me semble que tactiquement, et surtout en matière défensive, le Real Madrid est meilleur actuellement, à condition que toute l'équipe travaille ensemble ce qui n'est pas toujours le cas, considère Mikel Etxarri. C'est à partir de ça que le jeu offensif peut se développer, notamment avec les attaquants sur le côté. C'est dans ce registre que le Barça a souffert à Anoeta. Selon moi, l'équilibre d'une équipe au milieu du terrain est fondamental". Depuis que Zidane fait confiance à Casemiro, il a rarement été déçu et on peut même affirmer que la fin de saison en boulet de canon du Real Madrid est largement due au rôle central de l'ancien joueur de Sao Paulo. Il n'est pas esthétique mais efficace. Son rôle de lien entre la défense et l'attaque sera précieux pour Ronaldo et Benzema.

Vázquez le bon élève pour remplacer Bale

Fut un temps, Gareth Bale était ce que l'on appelle vulgairement un "tout-droit". Cette époque est désormais révolue et le Gallois est devenu un joueur essentiel du Real Madrid, à la fois décisif et collectif, notamment dans le replacement tactique. Son absence est donc problématique pour Zidane, dans la mesure où ses tentatives de 4-2-4, notamment contre Las Palmas (2-2) et le Legia Varsovie (3-3) se sont avérés être des échecs, surtout au niveau défensif.
Face à une équipe redoutable pour trouver des décalages et permettre à la MSN de sortir du marquage, le remplaçant doit être irréprochable dans tout ce qui concerne l'aspect défensif. Trois joueurs se disputent une place : James, Isco et Lucas Vázquez. Titulaire contre le Sporting Gijón, le Colombien n'a pas convaincu. Le poste reste donc convoité par les deux internationaux ibériques, mais l'avantage serait à l'ancien joueur de l'Espanyol, ancien arrière droit, excellent ailier et bien plus concentré sur le travail tactique.
"Isco a tendance à se cacher et à disparaître dans les grands matches et les rendez-vous où il est attendu, ajoute Jaime Bonnail. Dans aucun Clasico il n'a été capable de tirer son épingle du jeu". Le choix de la troisième composante de la ligne d'attaque est décisif, car face au Barça il faut aussi bien défendre qu'attaquer. Vázquez est plus à même de gêner et de limiter les montées adverses ainsi que de compenser les déplacements de son latéral. De plus, ses qualités de centre sont un véritable atout, surtout quand Ronaldo rode dans la surface et qui a de nouveau démontré l'intelligence de son jeu aérien sur son second but contre Gijón.
Même si leurs styles sont diamétralement opposés, le Barça et le Real Madrid sont dans des situations analogues. Pour libérer la puissance de leur ligne d'attaque respective, les deux équipes doivent avant tout fonder leur jeu sur le lien entre les lignes. Plus que tout autre match, le Clasico se joue en équipe. C'est de là que viendront les éclairs de génie des meilleurs attaquants de Liga.
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