Liga : Ernesto Valverde séduit (déjà) le Barça

Lionel Messi est au sommet de son art. Auteur de douze buts en dix rencontres, toutes compétitions confondues, depuis le début de la saison, il n'a - peut-être - jamais paru aussi fort. Conséquence logique, l'attaquant argentin est partout. Sur les Unes des journaux, sur les lèvres de tous ses coéquipiers, dans la tête de tous ses adversaires. Son aura est si grande qu'il a, comme souvent, tendance à vampiriser les louanges et éclipser le travail fourni par l'ensemble de l'équipe, qui réalise un début de saison très convaincant.

Au club, nombreux sont ceux qui mériteraient pourtant de sortir de l'ombre du quintuple Ballon d'Or. A commencer par Ernesto Valverde. Car on aurait tendance à l'oublier, mais le Barça a changé d'entraîneur cet été. Usé par trois saisons des plus intenses en Catalogne, Luis Enrique a cédé sa place à l'ancien entraîneur de Bilbao, finalement peu connu en dehors des frontières ibériques. Pour autant, après seulement trois mois au club, ce dernier a déjà séduit ses joueurs et rassuré sur sa capacité à s'adapter à ce nouvel environnement.

Tout avait pourtant mal débuté pour Ernesto Valverde. Par deux défaites en l'occurrence, concédées mi-août face à l'ennemi juré, le Real Madrid, en Supercoupe d'Espagne (1-3, 0-2). De quoi prendre un coup derrière la tête. Mais finalement, les Blaugrana se sont rapidement relevés. Et ont remporté les huit rencontres officielles disputées depuis. A savoir six matches en Liga et deux en Ligue des champions, dont un succès très probant face à la Juve (3-0).

Au cours de ces huit victoires, Barcelone n'a qui plus est encaissé que deux buts. Pour 24 marqués. Un bilan particulièrement impressionnant, qui permet aux coéquipiers de Messi d'afficher une avance au classement de sept points sur les Merengue, qui ont, eux, éprouvé quelques difficultés en championnat.

Le tout, dans un contexte finalement peu évident, dans la mesure où le club a subi un choc terrible durant l'été avec le départ inattendu de Neymar, star jusque-là indissociable du trio qu'il formait avec Messi et Luis Suarez. Dans la précipitation, le club a certes recruté Ousmane Dembélé pour remplacer le Brésilien. Mais un malheur n'arrivant jamais seul, trois semaines après son transfert, l'international français s'est blessé, seul, aux ischio-jambiers. De quoi le laisser sur le flanc jusqu'en 2018.

Cette belle série, Ernesto Valverde n'y est évidemment pas étranger. En l'absence de Neymar, le premier des chantiers pour l'entraîneur espagnol a été de mettre Messi dans les meilleures dispositions. Ce qui a été fait, en témoignent les performances de l'Argentin. Plus axial que par le passé, ce dernier apparaît particulièrement à l'aise au cœur de l'animation offensive barcelonaise.

D'autres joueurs, à l'image de Jordi Alba - qui a retrouvé une seconde jeunesse - et Nelson Semedo, bénéficient du travail de Valverde. Même Paulinho, qui ne devait être qu'un complément, a marqué les esprits. Collectivement, l'équipe semble plus solide, plus cohérente que l'année passée. Et ce, en dépit du fait que certains éléments n'ont pas encore trouvé leur place. Comme Luis Suarez, à court de forme depuis la reprise de la compétition.

Mais le secret du début de saison réussi de Valverde n'a peut-être aucun lien avec la pelouse. En coulisses, l'Espagnol semble avoir conquis son vestiaire. Le quotidien Sport l'affirme en tout cas ce samedi à travers sa Une : "Coup de foudre pour Valverde". Le journal explique que le technicien a séduit les joueurs grâce à ses méthodes de travail. Il entretiendrait une très bonne relation avec son effectif et accorderait une forme de liberté qui plaît en Catalogne. Les séances tactiques et la capacité de l'entraîneur à analyser les adversaires auraient également convaincu Messi et ses coéquipiers.

Un point de vue que l'on retrouve dans les discours des joueurs. Jordi Alba a ainsi dit tout le bien qu'il pensait de son nouvel entraîneur dimanche dernier : "Le coach gère l'équipe à la perfection. Nous avons tous une chance de jouer. Il travaille vraiment bien avec nous et nous répondons positivement à ses méthodes."

Même constat du côté de Denis Suarez, qui n'a pourtant été titularisé qu'à une seule reprise cette saison : "Sans manquer de respect pour ce que l'on a fait l'année dernière, je pense que cela se passe mieux. Pas seulement en termes de vision ou de manière de jouer, mais aussi au niveau de l'entraînement. Valverde a une personnalité très différente de Luis Enrique. Il a des idées claires et est très détendu. Il a réussi à transmettre cette tranquillité au groupe depuis le premier jour. "

Ernesto Valverde fait donc l'unanimité. Enfin presque. Car du côté de la presse ibérique, quelques critiques sur la qualité de jeu du Barça ont fusé après la triste victoire face au Sporting en Ligue des champions mercredi (0-1). Et plus généralement, sur les difficultés éprouvées par le club à l'extérieur. L'entraîneur espagnol y a donc répondu, avec calme : "Chacun est libre de dire ce qu'il veut. Moi, je ne m'ennuie pas, surtout quand on gagne. Il y a des périodes où vous gagnez en étant excitant à voir jouer, en marquant de nombreux buts, et il y a d'autres périodes où il faut savoir souffrir pour gagner. C'est comme ça."

La dépendance à Lionel Messi a aussi été soulignée ces dernières semaines. Il faut dire que si l'Argentin a inscrit son nom au tableau d'affichage douze fois cette saison, personne ne semble prendre le relais lorsque l'attaquant se fait plus discret. Pour preuve, le deuxième plus gros total de buts en faveur des Blaugrana a été inscrit par… leurs adversaires, contre leur camp (4).

Le niveau de jeu de Luis Suarez, auteur de seulement deux réalisations cette saison, est un autre motif d'inquiétude. L'Uruguayen est loin de son meilleur niveau. "Je serais inquiet s'il ne parvenait pas à se créer des occasions", a toutefois lancé l'ancien coach de Bilbao après la victoire à Lisbonne.

Le Barça a donc encore de la marge. Mais Valverde le sait, le plus important pour lui était d'obtenir rapidement des résultats tout en se mettant son effectif dans la poche. Histoire de se donner du temps. C'est ce qu'il est parvenu à faire. Avec une certaine maestria.