Real Madrid - Comme Zidane, Benzema joue aussi sa tête

C’est un jour comme un autre dans la vie du footballeur étoilé Karim Benzema. Un match en plus sous le maillot du Real Madrid, son 389e pour être précis, en Liga à Levante, club de la banlieue de Valence. Depuis son arrivée dans la capitale espagnole, KB9 marque l’histoire du club : avec 187 buts au compteur, il dépasse des légendes vivantes comme Emilio Butragueño ou Paco Gento, anciens buteurs de la Maison Blanche, et se hisse au septième rang des meilleurs artilleurs du club. Oui mais voilà, depuis le début de cet exercice 2017-2018, la Benz apparaît comme l’ombre d’elle-même.

Lors de cette fameuse rencontre soldée par un match nul équitable (2-2), l’attaquant Benzema ne s’est pas distingué par un but, mais par une prestation individuelle satisfaisante. Comment ? En jouant le rôle du faux numéro neuf sur les deux buts madrilènes. Le premier en voulant dévier la tête de Sergio Ramos, de façon à gêner l’intervention de Oier Olazábal (1-0, 11e). Le second en offrant une passe décisive à Isco pour ainsi redonner l’avantage à son équipe (2-1, 81e). La passe décisive, c’est justement là où le Français connait le plus de réussite avec quatre offrandes depuis le début de saison en Liga, soit autant que Toni Kroos et Marco Asensio, les co-meilleurs passeurs du club en Liga.

Cependant, des questions taraudent l’esprit des socios du Santiago-Bernabéu : où est passé le Benzema qui, en août dernier, désossait Samuel Umtiti et le FC Barcelone en match retour de la Supercoupe d’Espagne (2-0) ? Après cette magnifique saison 2016-2017 au Real, l’apogée est-elle finie pour Benzema ? Sans avoir de réelles certitudes, on peut déjà se rendre compte d’une chose : juste après cette double confrontation entre les deux colosses espagnols, Didier Deschamps établissait sa liste pour jouer face aux Pays-Bas et au Luxembourg en éliminatoires de la Coupe du monde 2018. Et une fois de plus, le nom de Karim Benzema ne figurait pas sur cette satanée liste. La fois de trop, sans doute.

Fatigué d’être toujours oublié par le sélectionneur national malgré une dernière saison ponctuée d’un doublé Liga-Ligue des champions, Benzema s’est mis dans une bulle de confort où il semble désormais compliqué de le faire sortir. "De toute façon, un joueur doit toujours y croire. Tu ne peux pas baisser les bras comme ça, expliquait l'ancien Lyonnais en septembre dernier. J'y crois mais après, on ne peut pas dire que c'est une obsession parce que j'ai un travail : je suis au Real Madrid". Mettre en avant le désir de favoriser son club, c’est une chose qui devrait donc les affaires du président Florentino Pérez et de son poulain, Zinedine Zidane. En théorie.

Pourtant, les statistiques sont formelles : Benzema depuis le début de saison, c’est six buts et cinq passes décisives en vingt-quatre rencontres toutes compétitions confondues. De quoi susciter les critiques d’anciennes gloires du football comme Gary Lineker qui qualifiait alors Benzema de joueur "surcôté". Une pique qui n’avait pas tardé à faire réagir l’entraîneur du Real Madrid en conférence de presse. "Cela me dérange pour Karim. Quand on connaît le football, dire cela est une honte. Pour moi, Karim est le meilleur. Je le dis sincèrement, c’est le meilleur". En décembre, Zizou ira même jusqu’à parler d’une défense de Benzema "jusqu’à la mort". Au moins, Benzema possède un allié à vie.

Bien entendu, Karim Benzema fait d’ores et déjà partie des légendes du Real Madrid. Son arrivée en 2009, son passé prolifique et ses trophées sont là pour le prouver. Mais qu’en est-il du présent et surtout de son avenir ? À maintenant 30 ans, Benzema arrive à l’âge où la pérennité est remise en question, surtout à Madrid. Le Brésilien Ronaldo, son idole de toujours, avait quitté le Real à… 30 ans. Zinedine Zidane, sa seconde influence infantile majeure, se sait en danger suite au gouffre qui sépare les Merengues du Barça en Liga et à la piètre prestation en coupe du Roi face à Leganés (1-0, 1-2).

"Si mon avenir se joue face au PSG ? Oui bien sûr, expliquait Zizou juste après cette élimination. C’est évident. Je suis le responsable, je suis l’entraîneur. Je dois trouver des solutions et assumer cette situation." De fait, la situation de titulaire indiscutable de Benzema au Real Madrid dépend de l’avenir de Zidane au club. Car dans une équipe championne d’Europe où, après les départs successifs d’Alvaro Morata et Mariano Diaz à l’intersaison, seul Borja Mayoral fait office de concurrent au poste, Benzema ne connait plus vraiment la pression. Et c’est sans doute ce qui lui fait défaut aujourd’hui.