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Agustin Herrerin, héros anonyme de la Séptima, cette autre légende du Real Madrid

Rémy De Souza

Mis à jour 19/04/2019 à 14:59 GMT+2

Le Real Madrid a annoncé jeudi la mort d’Agustin Herrerin, fidèle serviteur merengue chargé du bon déroulement des opérations au stade Santiago Bernabeu. Une mission prise à cœur par cet Espagnol, le 1er avril 1998, en marge d’une demi-finale de Ligue des champions entre la Maison Blanche et Dortmund marquée par un incident rare. Retour sur une folle soirée et plus encore.

Cristiano Ronaldo salue Agustin Herrerin, le 30 septembre 2012 au stade Santiago Bernabéu.

Crédit: Getty Images

Ça ne pouvait arriver qu’un premier avril. En ce début de printemps 1998, le coq sur le maillot des Bleus n’est pas encore étoilé et le Real Madrid court après la Séptima depuis trente-deux longues années. Bref, une autre époque, celle qui voit une demi-finale de Ligue des champions perturbée par une scène aux allures de sketch. A quelques secondes du coup d’envoi du choc Real Madrid - Borussia Dortmund, le but qui se dresse devant les Ultras Sur du stade Santiago Bernabéu s’écroule. Entraînés par la chute d’un grillage malmené par les supporters merengue les plus radicaux, les poteaux plient et rompent. Face à cet étonnant spectacle, l'arbitre renvoie les joueurs aux vestiaires. Panique sur la capitale espagnole.
Le héros ce jour-là ? Ni Fernando Morientes ni Christian Karembeu - les deux buteurs d’un match débuté avec une heure et quinze minutes de retard - mais un anonyme, Agustin Herrerin, fidèle employé du club dont le dévouement et la ténacité ont probablement sauvé la Maison Blanche d’une défaite sur tapis vert. En l’absence de but de remplacement dans l’enceinte madrilène et face à l’impossibilité de réparer la cage endommagée, celui qui est alors chargé de veiller au bien-être des nouvelles recrues se lance dans une course contre la montre rocambolesque. La menace de sanctions de l’UEFA plane sur Bernabéu.

"J'ai attrapé le responsable de la police et..."

A l’âge de la retraite, Herrerin, 65 ans, va vivre une folle soirée. "J’ai attrapé le responsable de la police et lui ai dit : 'donne-moi les meilleurs motards que tu as'." Accompagné de deux agents, Herrerin file "à 100 cent à l’heure" en direction du centre d’entraînement merengue, situé à l’époque à deux kilomètres de Bernabéu. Problème, il n’a pas les clés de la ciudad deportiva. Sa quête d’un but en bon état le pousse à escalader la clôture d’enceinte. Et maintenant ?
La suite de ses pérégrinations ne manque pas de saveur. Herrerin croise par hasard la route de Candido Gomez, un homme qui travaille avec son neveu au montage d’une scène pour un événement organisé par un sponsor du Real. Il les embarque dans sa folle entreprise et les convainc de charger un but sur leur camion, trop court pour accueillir la cage sur toute sa longueur. Le convoi exceptionnel n’a d’autre choix que de forcer le grillage. Comme dans les films. Il est alors temps de regagner Bernabéu à toute allure. La fin d’une histoire insolite ? Pas tout à fait. Le sketch continue. Le but passe de justesse dans le vomitoire du stade madrilène et il faudra le retourner dans tous les sens pour, qu’enfin, il accède à la pelouse sous les hourras du public.
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Agustin Herrerin à l'oeuvre lors du remplacement du but cassé au stade Santiago Bernabeu, le 1er avril 1998.

Crédit: Getty Images

Un an après cet épisode, pas anodin dans le septième sacre européen du Real, Herrerin a poursuivi sa mission de serviteur merengue en qualité de délégué du terrain à Bernabéu, son jardin, sa maison. Un poste qu’il a occupé jusqu’à l’été 2017 et des problèmes de santé. Aussi discret que précieux, l’homme ne manquait jamais d’être salué par tous les joueurs à leur sortie du tunnel, du jeune sans-grade à Cristiano Ronaldo. La star portugais l’avait invité sur la photo d’équipe pour présenter son deuxième Ballon d’or une après-midi de janvier 2014. Le 20 octobre dernier, il avait reçu un bel hommage avant un match de Liga contre Levante : des cadeaux des mains de Sergio Ramos et Marcelo et une ovation du Bernabéu, qui saluait là quelque cinquante années de bons et loyaux services.
Ce jeudi, c’est ce même Ramos et d’autres légendes madrilènes qui ont tenu à témoigner de leur considération à l’égard d’Herrerin, décédé à l’âge de 86 ans. "Une personne attachante et un professionnel exemplaire nous ont quittés, un délégué qui a fait école et un sourire éternel, a posté l'actuel capitaine madrilène sur Twitter. Un madridiste nous a quittés." Et pas le moins fervent.
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