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Alavés-Eibar, bien dans leurs basques

Antoine Donnarieix

Mis à jour 09/03/2019 à 12:59 GMT+1

Surprenant cinquième de Liga, le Deportivo Alavés est l’une des sensations fortes de cette Liga 2018-2019 rendue particulière pour son homogénéité. Cinq places derrière eux, les Babazorros s’apprêtent à recevoir Eibar. Une affiche 100% basque peu excitante ? Peut-être, mais cela est beaucoup moins le cas en ce qui concerne leurs exemplarités économiques respectives.

Ipurua, estadio del Éibar

Crédit: Eurosport

En temps normal, voici un fief que l’Espagne n’aurait jamais imaginé jouer un jour dans l’élite nationale. Eibar, commune basque de 27 500 habitants logée entre les collines de Guipuscoa, détient entre ses murs un club pensionnaire de la Liga depuis cinq saisons maintenant. Les moteurs principaux de son équipe ? Ipurua, cocotte-minute de 7000 places toujours bien garnie pour supporter les Armeros, saupoudré de cœur à l’ouvrage et d’un désir de cohérence, comme en témoigne son besogneux avant-centre Sergi Enrich, unique buteur de la rencontre face au Celta Vigo le week-end dernier (1-0).

Eibar : de la D3 au top 10 en cinq ans

Et voilà comment Eibar, dixième au classement général, prend neuf points d’avance au classement général sur le Celta, premier non-relégable membre de la charrette dans la lutte pour le maintien. À dix journées de la fin, les hommes de José Luis Mendilibar se retrouvent en excellente posture pour enchaîner sur une sixième saison consécutive dans l’élite. Dans ce désir de régularité, le chemin s’est parfois rétréci : dix-huitième et rétrogradé sportivement à l’été 2015, le club avait bénéficié de la rétrogradation administrative d’Elche pour être repêché dans la foulée. Mais désormais, la route s’élargie et la santé économique du club s’enhardit à l’image de son prochain adversaire : le Deportivo Alavés.
À vol d’oiseau, la distance entre Ipurua et Mendizorrotza, l’enceinte des Babazorros, s’évalue à 42 kilomètres. De quoi donner envie aux fans de célébrer entre voisins de pallier la réussite déjà palpable de leur exercice 2018-2019. Sur le plan comptable, les budgets respectifs des deux équipes diffèrent de deux millions d’euros : 39 pour Alavés contre 41 pour Eibar, d’après les estimations du site référentiel Statista. Un développement parallèle loin d’être anecdotique puisqu’en 2012-2013, les deux clubs s’offraient ensemble une montée… en Liga Adelante, la deuxième division nationale. Six saisons plus tard, voici les deux entités membres du top 10 de Liga. Pure coïncidence ? Pas au regard des dernières mises en place de ce processus basé sur la santé économique interne, et ce à l’échelle régionale.
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Manuel Alejandro (Deportivo Alaves)

Crédit: Getty Images

Tebas : "Le projet de développement d'Alavés est parfait et exceptionnel"

Le meilleur exemple, c’est sans doute celui du grand frère, l’Athletic Club. En tout début de saison, la Liga avait rendu officiel les plafonds de dépenses salariales de chaque club espagnol en vue d’assurer une pérennité de l’entreprise via des garanties financières. Dans ce registre, les ventes de Kepa Arrizabalaga (80 millions à Chelsea) et Laporte (65 millions d’euros à Manchester City) offrent aux Leones une rallonge de 28% par rapport à la saison 2017-2018 concernant ses futures dépenses, à savoir un budget qui passe de 68,5 à 87,8 millions d’euros dans la gestion des salaires. À titre indicatif, la Real Sociedad bénéficie d’une augmentation de 16 millions d’euros, tandis qu’Eibar et Alavés ont quant à eux perçu une augmentation de 8 et 1,3 millions d’euros.
Si l’actuel cinquième de Liga ne perçoit pas une augmentation aussi significative que ses compères basques, cela est dû à la valse d’entraîneurs de la saison passée : pas moins de quatre coachs (Luis Zubeldia, Javier Cabello, Giovanni De Biasi et Abelardo) se sont succédés pour acquérir un maintien dans l’élite dans les derniers hectomètres de la compétition. Un mal pour un bien semble-t-il, puisque Alavés semble avoir désormais trouvé son rythme de croisière avec l’ancien défenseur central du FC Barcelone reconverti en entraîneur et des profils à fort potentiels comme Jonathan Calleri, Jony Rodríguez ou l’ancien gardien de but du Real Madrid Fernando Pacheco. Même Javier Tebas, président de la LFP espagnole, évoquait d’une manière exemplaire le cas de la gestion du Deportivo Alavés par le Grupo Saski Baskonia, également détenteur d’une équipe de basket à son nom. "C’est un modèle d’industrie sportive à étudier, le projet de développement est parfait et exceptionnel." En matière de compliment, difficile de faire mieux.
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Javier Tebas

Crédit: Getty Images

Vers une région souveraine en Liga ?

Alors voilà, sans oublier les deux entités historiques de l’Athletic Club et de la Real Sociedad, Alavés et Eibar prouvent que la réussite d’un petit club en Espagne n’est pas impossible. Mieux : avec quatre clubs pensionnaires dans l’élite nationale, le Pays basque se situe à mi-chemin entre la Catalogne qui compte trois équipes (Gérone, Espanyol et FC Barcelone) et la région de Madrid avec cinq clubs (Real Madrid, Atlético Madrid, Getafe, Leganés et Rayo Vallecano). Est-il possible de voir émerger le Pays basque comme la région la plus prolifique en matière de clubs membres de la Liga ? Après tout, ni l’aspect sportif ni les comptes bancaires ne semblent indiquer le contraire…
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