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Entre l'Espanyol et le Barça, l'inévitable chamaillerie

Antoine Donnarieix

Mis à jour 08/12/2018 à 13:03 GMT+1

LIGA - Frères géographiques mais ennemis jurés, l’Espanyol de Barcelone et le FC Barcelone sont deux équipes historiques de la Liga. Dès lors, à chacune de leurs oppositions, le feuilleton de leurs querelles refait surface, pour le plus grand bonheur des amateurs de rivalités fraternelles.

Espanyol-Barcelone

Crédit: Getty Images

"Ce match était important dans le sens où tous nos joueurs doivent se sentir concernés par la saison actuelle, même ceux avec un temps de jeu restreint", annonce Ernesto Valverde. "Ce samedi, l’intensité sera la même, et je l’imagine même plus élevée. C’est un derby, et le FC Barcelone jouera plus que pour gagner des points. Il y aura ce facteur émotionnel à contrôler." Lucide sur la performance de son équipe contre le modeste pensionnaire de troisième division Cultural Leonesa (4-1) en seizième de finale retour de la Coupe du Roi, l'entraîneur du Barça sait que l’échéance approche. Et quand il s’agit d’aborder le très renommé derby catalan, le Basque en connaît un rayon.

Le gâteau pour le Barça, des miettes pour les autres

Entraîneur du FC Barcelone depuis la saison dernière, Valverde s’est déjà coltiné quatre fois les Perruches de l'Espanyol, surnom donné à l’équipe depuis 1923 en raison des oiseaux qui habitaient les arbres voisins du stade de Sarriá, domicile de l’Espanyol de Barcelone jusqu'en 1997. Le résultat des quatre duels ? Deux victoires sans prendre de but au Camp Nou (5-0, 2-0), mais une défaite et un match nul au moment de se rendre dans l’enceinte de Cornellà El-Prat (0-1, 1-1).
Fruit du hasard lié au calendrier du championnat, l’actuel leader de la Liga 2018-1019 va se déplacer sur le terrain de l’Espanyol et devoir s’y imposer pour la première fois de l’ère Valverde s’il souhaite garder sa place tout en haut du classement. Une mission très loin d’être accomplie.
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Valverde

Crédit: Getty Images

"On dirait qu'en Catalogne, il n'y a que le Barça"

Ancien milieu de terrain de l’Espanyol de Barcelone pendant six saisons (1990-1996), Valverde sait combien l’accueil réservé au Barça peut parfois s’avérer hostile. L’an passé à la même période, les conflits nationaux liés au désir d’indépendance de la Catalogne avaient poussé d’anciens joueurs de l’Espanyol à prendre la parole.
"On dirait qu'en Catalogne, il n'y a que le Barça", avoue Joan Capdevilà pour le site So Foot. "Tout le monde se demande où jouerait le Barça en cas d'indépendance. Sauf que cette question vaut aussi pour toutes les autres équipes de la région. Pour ceux qui ne le savent pas, en première division, il y a aussi l'Espanyol et le FC Gérone." Une sorte de condamnation à vie de vivre dans l’ombre du rival, dont l’Espanyol souhaite s’extirper un jour. Mais cela est-il vraiment possible ?

La politique, cœur de cible

Dans l’inconscient collectif, l’Espanyol et le Barça sont deux entités destinées à la rixe. Voisins de quelques hectomètres à peine, ces deux frères ennemis font partie des plus présents dans l’histoire de la Liga : le Barça est, avec le Real Madrid et l’Athletic, le club à avoir disputé le plus de matches de première division (2813). Cinquième du classement, l’Espanyol comptabilise 2677 matches au plus haut niveau national, également dépassé par le FC Valence, quatrième (2715). Voilà pour l’aspect comptable de cette rencontre, placée comme l’une des plus palpitantes à suivre de la saison de Liga, avec une hausse non-négligeable d’intensité dans les duels à prévoir, liée à la dimension politique de la rencontre.
Une nouvelle fois, l’histoire vient frapper à la porte du derby. Avant d’être appelé l’Espanyol, l’autre club de Barcelone avait pour nom Sociedad Española de Football. En 1912, le roi Alfonse XIII décide d’offrir au club un titre royal, devenant ainsi le Real Club Deportivo Español, avec un écusson orné d’une couronne. Depuis cette allégeance à la royauté, le Barça s’est empressé de coller une étiquette unioniste sur les épaules de son petit frère, afin de le placer dans une position embarrassante dans une région où la cause de l'indépendantisme est présente. Une situation devenue opaque avec le temps, puisque l’unioniste comme l’indépendantiste peut aussi bien supporter le Barça ou l’Espanyol, et peu importe les amalgames établis à leur encontre.
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Lionel Messi (FC Barcelone) pris par le marquage serré d'Abraham Gonzalez (Espanyol)

Crédit: AFP

L’Espanyol, trampoline pour stars du Barça et du Real

Ce qui est certain en revanche, c’est que l’Espanyol ne possède pas les mêmes moyens économiques que les Culés. Dès lors, le club s’applique à tirer un profit maximal de son centre de formation ou d’éventuels éléments rejetés par le FC Barcelone. C’est notamment le cas de l’actuel arrière gauche du Barça, Jordi Alba. En 2005, le Barça le juge trop limité physiquement et lui ferme les portes de la Masia, prestigieux centre de formation du club. Pendant deux ans, Alba va faire le dos rond en jouant pour l’UE Cornellà, club satellite de l’Espanyol, avant de signer pour le FC Valence et connaître une ascension fulgurante.
D’autres cas comme le milieu de terrain Philippe Coutinho ou Iván De La Peña constituent la preuve vivante que réussir dans les deux clubs sans exprimer de haine apparente reste possible. Mais comme le veut la tradition, l’Espanyol entretient également un lien de négoce avec le Real Madrid. Lors de la saison 2014-2015, Lucas Vázquez était membre de l’effectif barcelonais après un prêt d’un an en Catalogne, avant de revenir au Real pour remporter trois C1 consécutives (2016, 2017, 2018).
Dans l’effectif actuel de l’Espanyol, trois joueurs sont déjà passés par le Real Madrid (Diego López, Mario Hermoso et Esteban Granero) contre un seul issu du Barça (Sergio García). Dans un autre registre, la légende du Real Madrid Alfredo Di Stéfano était venue terminer sa carrière à l’Espanyol de 1964 à 1966, bien avant de passer les dernières années de sa vie à… Madrid. Les chiens ne font pas des chats.
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Philippe Coutinho (FC Barcelone)

Crédit: Getty Images

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