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Huesca, ce petit poucet qui se rêve en Auxerre version Roux

Antoine Donnarieix

Mis à jour 13/04/2019 à 10:34 GMT+2

LIGA - En Liga, il y a les tauliers comme le Barça, le Real ou l’Atlético, les grosses cylindrées comme le FC Valence, le FC Séville ou l’Athletic Club et les clubs émergeants malgré une rude concurrence, comme Alavés, Eibar ou Getafe. Et puis il y a Huesca, OVNI calqué sur le modèle Guy Roux, débarqué dans le championnat. Analyse d’un club où l’âme privilégie l’apprentissage à la chute.

Huesca's players celebrate after scoring a goal during the Spanish League football match between Real Madrid CF and SD Huesca at the Santiago Bernabeu stadium in Madrid on March 31, 2019.

Crédit: Getty Images

Cela paraissait fou à une époque, et pourtant cela s’est produit à grâce à des hommes. Christophe Colomb et la découverte des Amériques, Youri Gagarine et Neil Armstrong dans l’optique de la conquête spatiale… Tous, à leurs échelles respectives, sont des héros reconnus de manière universelle. En revanche, les langues se délieront beaucoup moins à l’appel de Jorge Cajal, premier président dans l’histoire de la Sociedad Deportiva Huesca en 1922.
Quasiment un siècle en arrière, Huesca, seul club officiellement inscrit à la fédération d’Aragon, choisit via ses socios des couleurs locales en bleu et grenat, afin de montrer leur profond respect au FC Barcelone. Ce week-end, Huesca et Barça vont s’affronter pour la… quatrième fois de leur histoire. Un grand pas pour l’humanité ? Pas tant que ça.

Patricio Funes, l’authenticité dans la galère

Quatre rencontres face au FC Barcelone en quatre-vingt-dix-sept ans, cela fait peu à première vue mais cela s’explique pour Huesca. Située à une soixantaine de kilomètres de la frontière française à vol d’oiseau, la ville abrite un peu plus de 50000 habitants animés par leur propre histoire. Apparus en deuxième division nationale dans les trois premières saisons des années 50, les Oscences se sont confrontés très tôt aux réalités économico-financières causées par la création du club, entraînant des modifications de son appellation, mais surtout deux disparitions successives entre 1933 et 1941, puis entre 1956 et 1960. Des années dures, durant lesquelles les plus valeureux supporters vont devoir faire le dos rond devant un désamour populaire local.
Le 27 mars 1960, un tournant s’opère dans l’histoire de l’entité : en réunion avec ses associés dans le bar Flor de Huesca, Patricio Funes décide de refonder le SD Huesca. À cette initiative s’ajoute la mise en place d’un mot d’ordre : "Siempre fieles y sin reblar" (Toujours fidèles et sans jamais renoncer, en VF). Une devise qui va rester ancrée dans les mémoires et acter le début de la consolidation du club, oscillant entre la cinquième et la troisième division nationale jusqu’à la saison 2007-2008 sans ne plus jamais se dissoudre. Une politique qui porte ses fruits, puisque Huesca accède après cinquante-huit années d’attente à un retour dans l’antichambre de la Liga pour, une fois n’est pas coutume, regarder d’un étage en-dessous le mythique FC Barcelone.
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Huesca

Crédit: Getty Images

Tebas : "Tout le monde sait que j’ai Huesca dans le cœur !"

Au cœur de son enceinte d’El Alcoraz, la fameuse phrase "Aqui no se rebla !" est toujours inscrite sur les murs des tribunes pour conditionner les 7638 spectateurs avant chaque match de l’équipe. Elle était aussi présente lors de l’unique réception du modèle barcelonais lors de la saison 2014/2015 en coupe du Roi. Une rencontre qui s’était soldée par une défaite cinglante (0-4), mais l’essentiel était bien ailleurs pour le pensionnaire de troisième division. Si le match retour au Camp Nou passe en guise de cerise sur le gâteau (8-1), Los de la Cruz de San Jorge (en référence à la présence de la croix rouge sur l’écusson d’Aragon) se hissent à nouveau en D2 espagnole en fin d’exercice pour ne plus jamais redescendre.
Et depuis ? Une ascension fulgurante en trois saisons, avec une douzième place obtenue en 2016, une sixième place de barragiste soldée par une élimination contre Getafe en demi-finales de play-offs en 2017 (2-2, 0-3), puis une ascension directe en Liga grâce à une deuxième place en 2018. Pour la première fois de son histoire saccadée par les chutes et les relèves, Huesca intègre l’élite national à force d’abnégation.
De quoi faire un joli pied de nez à son rival régional historique actuellement en D2, le Real Saragosse. Dans les hautes sphères, la nouvelle réjouit Javier Tebas, ancien président de Huesca entre 1993 et 1998. "Je ne suis pas hypocrite, tout le monde sait que j’ai Huesca dans le cœur, confiait l’actuel président de la LFP espagnole, dont les origines sont issues de la région. Depuis Quinto Sertorio à l’époque des Romains, la ville de Huesca n’a jamais réussi une performance aussi remarquable !"
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Javier Tebas, président de la Liga, en 2016

Crédit: AFP

Profiter pour grandir

Cette saison, le club souhaite s’inspirer du modèle auxerrois "où Guy Roux a fait grandir des joueurs comme Blanc ou Cantona" selon les dires du dirigeant José Antonio Martín Petón au quotidien El País. De fait, les joueurs réputés se comptent sur les doigts de la main à Huesca, comme le milieu de terrain passé par Villarreal Moi Gómez ou la nouvelle pépite du football colombien, Cucho Hernández.
Avec le plus petit budget de Liga (43,5 millions d’euros, soit vingt fois moins que le Barça), les bizuts apprennent désormais dans la douleur en position de lanterne rouge. Mais avec six points de retard sur le premier non-relégable à sept journées de la fin, Huesca respecte son mot d’ordre sans ne jamais renoncer face à l’adversité. Une devise que Juan José Camacho, unique joueur de l’effectif présent lors du premier affrontement face au Barça en 2014, pourra répéter dans le vestiaire à ses coéquipiers avec le buste droit et la tête haute.
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