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Les joueurs sont-ils des freins au développement économique de la Liga ?

Antoine Donnarieix

Mis à jour 05/09/2018 à 18:52 GMT+2

LIGA - Le week-end dernier, la Liga Santander 2018-2019 bouclait sa troisième journée de championnat. S’il reste encore trente-cinq rendez-vous pour connaître le futur champion, les équipes qualifiées pour les Coupes européennes, les pensionnaires maintenus et les trois relégués, la question du futur économique de la Liga pose question à travers… ses propres joueurs.

Pique Sergio Ramos

Crédit: Getty Images

"Ce match a été faussé par le terrain. Si nous voulons vendre nos rencontres aux États-Unis, il faut d'abord s'inquiéter de nos pelouses locales. C'est une honte." Pour Gerard Piqué, ce samedi 25 août possède sans aucun doute un goût de rancune. Le Barça s’est-il incliné sur la pelouse de Valladolid ? Non, puisque les Catalans se sont imposés sur la plus petite des marges grâce au but d’Ousmane Dembélé (0-1). La performance du Barça a-t-elle été ternie du fait des conditions du match ? Au regard du champ de patates qui faisait office de terrain au stade José-Zorrilla, oui. Mais là n’est pas le cœur du problème.

La LFP colmate des brèches…

À vrai dire, les déclarations de l’international espagnol cachent un mal bien plus profond : celui de la cassure entre les joueurs et la Ligue de Football Professionnel espagnole, dirigée par Javier Tebas. Ce même Javier Tebas qui, après les déclarations de Piqué, déclarait via Twitter vouloir "ouvrir une procédure disciplinaire pour déterminer les responsables" de cette parodie de football censée représenter l’élite du football espagnol. Souhaitant avoir un rayonnement international sans égal, la Liga Santander donne la preuve factuelle d’une mauvaise gestion au sein de ses propres infrastructures, et le cas de ce Valladolid-FC Barcelone constitue un exemple parmi d’autres.
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Javier Tebas

Crédit: Getty Images

Avant ce premier couac médiatique de la saison 2018-2019, un imbroglio d’ordre pratique était déjà venu taper à la porte de la LFP au crépuscule de la première journée. Le 19 août 2018, le FC Séville lançait sa saison de bonne manière sur la pelouse du Rayo Vallecano (1-4). Au-delà de l’inattendu triplé d’André Silva, le stade de Vallecas a été déclaré inapte par la LFP pour accueillir les prochaines rencontres de championnat. Des travaux de rénovation sont attendus et l’interdiction de réception porte au minimum jusqu’au 15 octobre prochain. Voilà donc la cause du report du match entre le Rayo et l’Athletic Club ce week-end, dont l’issue est encore incertaine : soit jouer le match dans une autre enceinte madrilène (Getafe, Leganés ou Atletico de Madrid) soit jouer cette rencontre aller à Bilbao. Un bazar de grande envergure.

… mais l’AFE veut serrer la vis

Dès lors, la question est de savoir comment le stade de Vallecas a-t-il pu passer la première visite d’homologation, normalement prévue durant l’intersaison. Peut-être que la LFP était trop occupée à observer la Coupe du monde en Russie, ou à organiser son partenariat avec la multinationale Relevant Sports pour se délocaliser aux États-Unis à l’avenir… Toujours est-il que les premières alertes sur l’état d’insalubrité du stade datent de 2002. Seize ans plus tard, aucune avancée réelle n’était à signaler, Vallecas parvenant à passer au travers des contrôles depuis 2012, date à laquelle la Communauté de Madrid, propriétaire de l’enceinte, s’est mise à fermer les yeux sur des travaux de rénovation pourtant nécessaires.
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Stade de Vallecas Rayo Vallecano

Crédit: Getty Images

Face à tant de laxisme sécuritaire et désireuse de mettre un frein à l’exportation des joueurs aux États-Unis après l’annonce officielle de la LFP le mercredi 22 août, l’Association des Footballeurs Espagnols (AFE) mettait un bon coup de pied dans la fourmilière LFP. David Aganzo, président du syndicat des joueurs professionnels, pointait du doigt Javier Tebas sans avoir à en rougir. « Je vais inviter Tebas à jouer au football, pour qu'il perçoive d'un autre angle de vue cette prise de décision. Il ne s'agit pas que de business et d'argent. C'est inconcevable qu'une personne signe un accord de 15 ans avec des changements aussi importants et qu'il ne prenne même pas la peine d'en avertir les principaux concernés avant. Les footballeurs ne sont pas du bétail. Nous pensons aux supporters, à la santé des joueurs et beaucoup d'autres choses. »

Éléments de réponse en octobre

Suite à sa prise de parole, Aganzo attendait sans doute un soutien de la part de son prédécesseur. Un certain Luis Rubiales, désormais président de la Fédération espagnole de football et principal décideur de la mise à l’écart de Julen Lopetegui deux jours avant le premier match de l’Espagne à la Coupe du monde en Russie. Dans les faits, Rubiales préfère garder le silence sur cette affaire même si son inimitié avec Tebas, passage par l’AFE oblige, s’avère être pour tout le monde un secret de Polichinelle. En fin de compte, Aganzo a lancé un ultimatum à la LFP lors de son discours expliquant que si aucune réunion n'était organisée « avant fin septembre ou début octobre », la grève des joueurs deviendrait effective.
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Luis Manuel Rubiales

Crédit: Getty Images

Peut-on croire à une telle révolution en Liga ? D’après les informations de la Cadena SER, les capitaines de chaque équipe pensionnaire du championnat se sont réunis afin de discuter conjointement des dernières directives de la LFP. Capitaine du Real Madrid lors du colloque, Sergio Ramos serait formellement contre le fait d’exporter un match de championnat aux États-Unis. Avoir Ramos face à soi, que ce soit sur le terrain ou en dehors, ce n’est jamais bon signe. Autre indice : si la Liga Santander souhaite se rapprocher des États-Unis, elle doit savoir qu’au pays de l’oncle Sam, la National Basketball Association (NBA) s’est déjà retrouvée gelée par le biais du "lock-out", comprendre la grève patronale. Si mal s’entendre avec Ramos ou Piqué n’est pas une issue fatale, Javier Tebas ferait mieux de ne pas se mettre à dos les Florentino Pérez, Josep Maria Bartomeu et consorts...
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