Mercato - Le FC Barcelone est-il rancunier envers Antoine Griezmann ?

C’était un jeudi 14 juin 2018 sur les coups de 21 heures, en direct sur la chaîne payante espagnole Movistar Plus. À deux jours de ses grands débuts au Mondial en Russie, Antoine Griezmann apparaît dans un documentaire de cinquante-deux minutes où il annonce les raisons de sa décision de rester à l’Atlético de Madrid.

Si Grizou réalise un gros coup de communication inspiré de la star NBA de l’époque LeBron James, ce choix final apparaît comme un énorme pied de nez au FC Barcelone, club avec lequel l’international tricolore s’était entretenu afin d’intégrer l’effectif blaugrana pour la saison 2018-2019. Une décision qui laisse un goût amer dans les bouches barcelonaises alors que les rumeurs d’une réouverture du dossier Griezmann à Barcelone sont à nouveau de sortie.

Jeudi, Rivaldo s’étalait sur le sujet dans les colonnes de Marca. "Je n’ai pas été déçu du fait que Griezmann ne soit pas transféré au Barça, avoue l’ancienne idole du Camp Nou, élue Ballon d’or en 1999. Il y a beaucoup de grands joueurs dans ce club et se retrouver dans l’ombre de Messi doit être difficile." À vrai dire, le mot est sans doute faible au moment de se pencher sur les statistiques stratosphériques de l’Argentin sous le maillot des Culés. Leader d’un Atlético de Madrid présenté comme le rival principal du Barça dans la course au titre en Liga, Griezmann va sans doute recevoir un accueil glacial de la part du Camp Nou samedi prochain.

"Voir un joueur refuser le Barça, c’est toujours offensant pour le public du Camp Nou, détaille Angél Iturriaga, historien du FC Barcelone. J’imagine que beaucoup ne l’oublie pas. Ce petit jeu médiatique pourrait rendre difficile la venue de Griezmann dans le cas où, finalement, le joueur se décide à signer au FC Barcelone." Si les huit points qui séparent l’Atlético de Madrid du FC Barcelone à huit journées de la fin du championnat ne sont pas rédhibitoires, le spectre d’une saison blanche à l’Atlético (sans prendre en compte la victoire en Supercoupe d’Europe face au Real Madrid en août dernier) plane sur les têtes madrilènes. Après avoir affirmé sur Instagram être "triste de voir partir mon ami (sic)" Lucas Hernández suite à l’officialisation de sa signature au Bayern de Munich, Griezmann serait-il capable de quitter sa figure de leader offensif de l’Atlético ?

"En interne, Bartomeu est tenté de réactiver le transfert de Griezmann, mais d’autres personnes dans l’organigramme du club ne sont pas favorables à sa venue, décrypte Iturriaga. Actuellement, l’heure est à la recherche d’un nouvel avant-centre pour épauler Luis Suárez et la tendance va vers Luka Jović. Ce qui est certain, c’est que l’idée d’un transfert de Griezmann n’est pas écartée." En effet, le casse-tête est aussi là : Griezmann, buteur contre Gérone mardi dernier après huit matchs consécutifs sans marquer sous le maillot des Colchoneros, affectionne particulièrement le poste qui oscille en l’attaquant de rupture et le meneur de jeu. Un poste déjà occupé par un certain Leo Messi au Barça.

Si la possibilité d’aligner deux équipes potentielles pour rafler toutes les compétitions dans les années futures apparaît comme un doux rêve, le statut du Griezmann post-coupe du monde est devenu celui d’une star mondiale à part entière, et sa troisième place au classement du Ballon d’or 2018 en est la preuve incarnée. Dès lors, l’hypothèse d’un replacement tactique au Barça deviendrait la solution la plus probable, et l’idéal serait de jouer avec un Griezmann placé sur l’aile pour que les deux stratèges puissent combiner. Ailier, c’est d’ailleurs un poste que Messi occupait entre 2009 et 2011, avant de voir Pep Guardiola replacer l’astre argentin en numéro neuf. Voilà le type de plan de carrière qui pourrait attirer Grizou dans les filets du Barça de Bartomeu.

De son côté, l’Atlético de Madrid sait que le paiement de la clause libératoire et l’accord du joueur suffisent à voir Griezmann débarquer en Catalogne. Pour mettre de l’eau dans le vin, Enrique Cerezo s’est exprimé publiquement dans l’émission El Rondo de la TVE pour certifier que "Griezmann va rester à 1000% à l’Atlético". Une politique de communication rondement menée pour détendre l’atmosphère, puisque l’intérêt de la direction du Barça pour Griezmann existe en pratique. Mais comment parvenir à faire oublier aux supporters du Barça ce lapin posé par Grizi l’été dernier ?

"De virulents débats entre socios et direction sont apparus au Barça à l’époque de la présidence de José Lluis Núñez, mais ces débats étaient liés aux ventes : Maradona à Naples, Schuster au Real Madrid ou Ronaldo, transféré à l’Inter un an seulement après son arrivée, récapitule Itturiaga. La décision d’un recrutement, seuls le président et le directeur sportif peuvent la prendre. Pour les achats, les supporters du Barça laissent au moins une chance à la recrue de montrer ses capacités sur le terrain avant de trancher." Au moins, Griezmann aurait un nouveau public à conquérir.