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Liga : Riqui Puig, symbole du paradoxe qui n'en finit plus de ronger le Barça

Vincent Bregevin

Mis à jour 27/06/2020 à 12:32 GMT+2

LIGA - Auteur d'une entrée remarquée face à Bilbao (1-0), Riqui Puig incarne peut-être la solution aux maux d'un Barça qui a choisi de se tourner vers l'étranger plutôt que de s'appuyer sur son centre de formation. Le jeu toujours plus stéréotypé de l'institution barcelonaise traduit la perte de cette identité qui a tant fait sa force par le passé. Mais revenir aux bases, c'est un défi risqué.

Riqui Puig (FC Barcelone)

Crédit: Getty Images

Il n'a pas marqué. Mais c'est bien de lui dont on parle le plus en Catalogne ces dernières heures. Lui, c'est Riqui Puig. Son entrée en jeu face mercredi à l'Athletic Bilbao a transformé le visage du Barça. Avant, le jeu barcelonais ne ressemblait pas à grand-chose. Lente, incapable de changer de rythme, sans inspiration et presque soucieuse de ne pas prendre le moindre risque, la formation de Quique Setien restait totalement inoffensive. Après, elle a enfin trouvé du mouvement et des décalages sous l'impulsion de son talentueux milieu de terrain. Ce changement radical, c'est tout un symbole. Parce que Riqui Puig sort de la Masia.
Le Barça ne manque pourtant pas de talent dans l'entrejeu. Avec Sergio Busquets, Frenkie de Jong, Arturo Vidal, Ivan Rakitic et Arthur, elle dispose d'internationaux confirmés au niveau mondial dans ce secteur de jeu. Pourtant, c'est bien celui où le bât blesse. Car Barcelone affiche toutes les peines du monde à produire du jeu. Il s'enferme dans des schémas stéréotypés, beaucoup trop facilement lisibles pour l'adversaire. Et comme souvent, pour ne pas dire toujours, le club catalan doit s'en remettre à Lionel Messi pour trouver de la créativité et mettre l'adversaire en danger.

Le vide laissé par Xavi et Iniesta

Cela ne date pas d'hier. En réalité, cette impression perdure depuis plusieurs saisons. Les départs de Xavi et Andres Iniesta ont évidemment affecté sévèrement le milieu barcelonais. Déjà parce que les deux Espagnols étaient certainement les meilleurs au monde à leur poste. Aussi parce qu'ils incarnaient mieux que personne l'ADN blaugrana après en avoir hérité de toutes ses caractéristiques à l'école de la Masia. Cette science du jeu, ce sens du mouvement et cette faculté à réaliser la passe juste au bon moment qui rendaient le collectif barcelonais irrésistible. Les temps ont bien changé.
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On ne sort pas des Xavi ou Iniesta à tour de bras. Ils sont issus d'une génération exceptionnelle. Pour compenser leurs départs, les dirigeants catalans se sont tournés vers l'international. Au milieu comme dans les autres secteurs du jeu. Ils ont misé, parfois de très grosses sommes, sur des joueurs venus d'ailleurs. Des stars qui ne sont jamais parvenues à atteindre leur meilleur niveau de performance sous la tunique blaugrana. Ce n'est pas vraiment leur talent qui est à remettre en cause. Mais plutôt leur capacité à s'intégrer à une philosophie de jeu qui leur est totalement étrangère au départ.

Sa force d'hier, sa faiblesse d'aujourd'hui

La politique des dirigeants barcelonais affiche ses limites depuis bien longtemps. Elle n'empêche pas le champion d'Espagne en titre d'avoir des résultats. Mais ils dépendent essentiellement de Messi. Plus l'Argentin prend de l'âge, plus il donne l'impression de cacher la misère du collectif barcelonais. Cela résume déjà l'inquiétude que peut susciter l'avenir du club dans sa trajectoire actuelle. Messi reste au-dessus du lot mais il n'est pas éternel. Mais cela traduit surtout les maux d'un club dont la qualité du jeu collectif est devenue une faiblesse, quand elle était sa principale force à ses heures les plus glorieuses.
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La direction du Barça a vu ce phénomène. Durant la saison exceptionnelle de 2009, l'équipe de Josep Guardiola avait fait main basse sur tous les titres avec une majorité de joueurs formés au club dans son onze de départ. Cela se voyait sur le terrain. Le "tiki taka" rendait fou tous les adversaires du club catalan. Il a lui aussi affiché ses limites en 2013, quand la machine infernale du Bayern Munich était venue terrasser la formation barcelonaise en Ligue des champions. Barcelone a voulu corriger le tir. Et le sacre de 2015 en Ligue des champions sous la direction de Luis Enrique a en partie validé ses choix, avec un jeu un peu plus direct et vertical. Mais avec le recul, cela ressemble plus à leurre.

Un défi risqué

Depuis, le Barça est un peu entre deux chaises. Entre la possession collective et les éclairs individuels, il n'a pas fait son choix. Surtout, il n'arrive pas à faire cohabiter ces deux atouts qu'il possède intrinsèquement. Un retour aux sources est-il la solution ? Les dirigeants barcelonais n'ont jamais voulu s'y risquer. Riqui Puig en est le symbole. Au-delà de ses qualités précieuses pour l'entrejeu catalan, il sort de la Masia et véhicule cette identité de jeu si prisée par les aficionados de Barcelone. Malgré cela, il n'a eu droit qu'à 75 minutes de temps de jeu en Liga cette saison. Le talent est là, c'est évident. Le temps de jeu dont il a besoin pour progresser ne l'est pas, c'est évident aussi.
Riqui Puig a ses défauts. Il lui a été reproché d'être intermittent ou de ne pas se faire suffisamment violence dans le travail. Il a toute la marge de progression dont dispose un joueur de 20 ans avec son talent. Guardiola avait le même type de joueurs. Malgré l'impératif du résultat, il ne se privait pas de la chance de les faire progresser. Ce défi, Barcelone l'a progressivement abandonné. Mais à l'heure où le jeu barcelonais semble plus sclérosé que jamais, ce serait probablement le moment de le tenter pour se donner la chance d'un renouveau.
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