Lens est de retour

Lens n'est plus le même. Issam Jemaa peut en témoigner. Prêté par les Sang et Or au club normand lors du mercato d'hiver, le Tunisien a constaté avec amertume la métamorphose de l'équipe nordiste. Moribonde durant l'automne, pitoyable à l'entame de l'hiver, le RCL est devenu... impitoyable. Une mue qui se constate aux deux extrémités du terrain. Capitaine Hilton est revenu de blessure pour stabiliser la défense. L'attaque, elle, tourne désormais à plein régime. En quatre matches, Lens a inscrit presque autant de buts que durant l'ensemble de la phase aller (11 contre 12). Pour trouver l'origine de ce renouveau offensif, il ne faut pas chercher bien loin. Le contingent venu d'Auxerre (Pieroni, Kalou, Akalé) a fait ses valises, tandis que l'apport des recrues hivernales ferait presque changer d'avis les "anti-mercato".

Maoulida, auteur d'un des buts les plus rapides de l'histoire du championnat, a mis les Lensois en position de force, au bout de seize secondes à peine (1-0, 1ère). Une action collective parfaite, menée dans le couloir gauche, où se trouve un autre néo-Lensois, Belhadj. Pas utilisé à Lyon, l'Algérien a offert un centre parfait à son coéquipier, avant de récidiver sur corner, pour la tête de Mangane cette fois (2-0, 33e). Trois occasions, deux buts, le réalisme du RCL glace les intentions caennaises. Et met encore en exergue la fragilité du bloc défensif normand, qui avait déjà pris six pions dans la musette à Marseille. La titularisation de Planté n'a pas modifié la donne, au contraire. Le gardien du Stade Malherbe, lobé sur l'action du premier but, a tergiversé sur le corner qui a permis à Lens de creuser l'écart, et d'oublier qu'Eluchans avait trouvé le poteau au lieu de l'égalisation (19e).

Planté ne doit cependant pas servir de bouc émissaire. D'une part, car le milieu de terrain normand, peu équilibré pour lutter à la récupération, est rarement parvenu à imposer sa maîtrise, ou seulement au bon vouloir de son homologue lensois. Et d'autre part, parce que ses défenseurs ne se sont pas vraiment montrés plus sereins. Notamment Seube, qui s'est jeté trop vite devant Demont sur une action tranquille qui deviendra le but du chaos : oeuvre de Rémy (3-0, 66e), recrue hivernale lui aussi, qui jouait son premier match avec les couleurs Sang et Or, et en a profité pour ouvrir son compteur personnel en L1. Seube, la tête dans les chaussettes, terminera sa soirée en battant son propre gardien (4-1, 72e). La réduction du score de Lemaître, quelques instants plus tôt (69e), en passera davantage inaperçue.

Alors que Lens reste invaincu depuis quatre sorties en L1, Caen demeure en quête de son premier succès en 2008. Comme si la trêve, si bénéfique aux Nordistes, lui avait coupé les jambes. Série de victoires et place sur le podium sont passés à la trappe, au moins provisoirement. Au lieu de regarder en haut, le Stade Malherbe dirige plutôt ses yeux vers le bas. Dans ce championnat serré, tout peut basculer très vite, l'avance prise en 2007 commençant sérieusement à fondre. D'ailleurs, Caen se trouve désormais à quatre longueurs devant son bourreau du soir, qui compte un match en moins. Potentiellement, les Sang et Or se trouvent donc à un petit point. Au niveau du jeu comme sur un plan comptable, Lens semble donc vraiment de retour. Sur un plan comptable, les Normands n'ont pas vraiment bougé. Au niveau du jeu, ils paraissent de retour à la case départ.

"On n'a pas volé cette victoire. On avait besoin de frapper un grand coup. Les joueurs avaient faim et mon armada offensive s'est enfin montrée. On ne sait pas reculer et on a une équipe et des joueurs pour jouer vite. On ne s'en est pas privé et cela fait plaisir à voir. C'est peut-être notre meilleure résultat à l'extérieur mais il est surtout dans la continuité de ce que l'on fait depuis janvier. On évite de parler maintien pour ne retenir que la performance. Si on continue de jouer avec cet état d'esprit, il se passera encore beaucoup de bonnes choses. Loïc Rémy nous a dépanné devant. Comme avec les Espoirs, il a joué en pointe alors que c'est un joueur de couloir. Je le voulais déjà l'an passé quand j'étais à Strasbourg".