Auxerre enfonce Grenoble

Pour Mecha Bazdarevic, le coup de sifflet de M. Guillard résonne comme un glas assourdissant. Un mauvais polar qui a viré au rouge sang. Pour la septième fois d'affilée, Grenoble s'incline en Ligue 1. Le record de la plus mauvaise entame de championnat est tombé. Là où il pensait imiter Mulhouse, tombeur de Fives en 1936 (1-0), Mulhouse, vainqueur de Montpellier (2-1) en 1946 et plus récemment Caen qui avait mis fin à la série noire face à Toulon (2-1) en 1988, le GF38 a connu l'hallali face à Auxerre, à l'Abbé Deschamps (0-2). Pourtant, les Isérois n'ont pas démérité. Loin de là. Dans la continuité du match de Coupe de la Ligue face à Lorient (1-0), ils ont montré une âme. "Nous savons qu'il faut rester solidaires et ne pas se désunir. Nous l'avons fait. On a de l'amour propre mais ça n'a pas été suffisant" explique Sauget, entré en fin de partie. "On a trop subi en seconde période. Le manque de concentration et de petits détails nous ont de nouveau plombé...".

Pour la deuxième fois seulement depuis le 8 août, la formation de Bazdarevic avait atteint la mi-temps sans concéder de but. A l'exception d'une tête piquée de Mignot (29e) et un raid osé de Niculae sur le flanc gauche (43e), Le Crom n'avait même jamais tremblé. Et Ljuboja d'un coup-franc à ras de terre failli tromper Sorin (28e). Grenoble pense alors tenir son premier point d'autant plus méritoire que l'AJA, après une entame calamiteuse, est en pleine confiance, avec quatre matches sans défaite et une qualification en Coupe de la Ligue. On se dit même que l'expulsion de Jelen, qui avait fait tant défaut aux Bourguignons lors des premières journées (20e), est peut-être un signe. Même si Jemmali, auteur de la faute initiale, a suivi le même chemin. Mais Jean Fernandez a de la réserve.

En fin stratège, il lance Oliech, à la place de Capoue (46e). Au grand dam de Bazdarevic, le Kenyan change radicalement la donne. Il contraint Le Crom à une première intervention décisive sur un centre d'Hengbart (47e), taquine le poteau droit d'une frappe rasante (51e) avant de faire briller le talent défensif de Romao sur une ouverture vers Niculae (56e). L'ancien Nantais est aussi l'homme qui provoque l'ire iséroise. Sur un centre de Niculae, il contrôle - involontairement - de l'avant-bras le cuir envoyé au fond des filets par Pedretti (1-0, 63e). Le mal est fait... Les entrées de Boya (69e) et de Matsui (74e), de retour de blessure, ne changent rien. Sur un contre mené par Pedretti, Hengbart scelle définitivement la croix grenobloise après un tir sur le poteau de Niculae (2-0, 83e). Après une montée en Ligue 1 sept ans après avoir quitté le National, suivie d'un maintien mérité, Bazdarevic pensait tenir son record. Ce soir, il en a trouvé un autre. Moins glorieux. Le signe d'une équipe aux blessés trop nombreux (Paillot à la cuisse, César et Tadic à la cheville ou Dieuze, atteint par la grippe), aux recrues trop discrètes et à la défense encore trop fragile. Même si le premier relégable n'est qu'à cinq points, un maintien en fin de saison aurait valeur de record pour Grenoble.

"On a pris beaucoup de buts dans les premières minutes des matchs, mais là nous avions réussi à tenir plus d'une heure. Ce premier but nous a touchés au moral, mais on a continué d'attaquer. Cependant, nos attaques n'étaient pas assez tranchantes. On n'a pas mis Auxerre en difficulté, et ils ont pu jouer dans un fauteuil. Maintenant, après sept défaites en sept matches, il va falloir s'accrocher, mais on ira au combat sans baisser les bras. Il faut persévérer, continuer à travailler sans s'apitoyer sur notre sort, en espérant que le déclic se produise enfin."