Lyon en questions

Champion d'automne depuis 2004, l'OL est tombé très bas en 2009. Une 6e place, à 13 points du leader Bordeaux, a laquelle le club n'était plus habitué. Lyon n'a tout simplement jamais été classé aussi mal à la fin de la phase aller depuis 2002 (4e). Peut-être pire, le jeu déployé par les Gones n'a rien de rassurant. Au point que certains se demandent s'ils trouveront une place sur le podium en fin de saison. Si tel était le cas, ils ne décrocheraient pas leur billet pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions depuis 1998. Et le doute gagne tout le monde. Une déclaration de Claude Puel dans Le Parisien a fait grand bruit. "Si Lyon termine deuxième ou troisième, mais qu'à côté on sent un groupe costaud, complémentaire, avec une vraie qualité, un vrai mental, je prends", a-t-il annoncé. Pour Bernard Lacombe, "deuxième ? Pourquoi pas... mais après avoir tout tenté". Une façon de dire que le titre est désormais inaccessible et que les ambitions du club sont revues à la baisse. Désormais, seule une qualification en C1 semble pouvoir sauver la saison.

Pour sa deuxième saison dans le Rhône, Claude Puel est visé par les critiques. Après avoir perdu le titre l'an passé, il ne semble pas en mesure de le récupérer cette saison. Manager général avec des compétences élargies que n'ont pas eu ses prédécesseurs, Puel avait déclaré qu'il était "responsable de tout". "C'est un sujet d'équipe. Dans ce contexte avec des joueurs usés, un autre entraîneur aurait les mêmes résultats", estime cependant Jean-Michel Aulas. Car le président défend son entraîneur becs et ongles. Peut-être parce que le licencier lui coûterait la bagatelle de 7.5 millions d'euros en raison des larges émoluments de l'ancien technicien de Lille (250 000 euros brut par mois). Reste que la gestion de son équipe de ce dernier est vivement remise en cause. En 19 journées, Puel a aligné autant de onze de départ différents. Ces changements incessants, voulus ou subis, ne peuvent être étrangers au manque de résultats du club. "Je fais abstraction de tout ce qui peut être dit. Je garde le cap parce que je crois que c'est le bon. Je savais très bien à quoi je m'exposais en venant ici", assure pourtant l'intéressé.

Au lieu de taper sur son entraîneur, Jean-Michel Aulas préfère mettre en avant les lacunes de ses joueurs. Même s'il leur trouve quelques excuses. "Nous avons investi sur des joueurs qui pour des raisons physiques et mentales ne sont pas totalement au niveau, constate ainsi le patron de l'OL. Nous devons regarder ce qui se passe sur le plan médical et physique". Depuis l'arrivée de Puel, ce dernier a changé le préparateur athlétique, Robert Duverne, sur lequel on avait fait porter la responsabilité de blessures la saison dernière, mais a aussi fait venir avec lui l'ex-médecin du LOSC. Malheureusement, de nombreux joueurs ont été blessés aux adducteurs, un mal "contagieux" qui interpelle sur la préparation et empêche l'équipe de présenter un niveau athlétique uniforme, avec des joueurs évoluant plus ou moins blessés (Cissokho, Toulalan), ou en reprise (Boumsong, Bastos, Govou, Lisandro).

Ça n'est plus un secret, Lyon ne possèdent plus des joueurs aussi talentueux qu'il y a deux ou trois ans. La faute à quelques erreurs de recrutement. Les Essien, Diarra, Juninho ou Benzema n'ont pas été remplacés à valeur égale. "Nous avons une équipe avec du caractère, mais certains joueurs qui peuvent être leaders techniques ne s'expriment pas beaucoup", assure pourtant Puel. L'OL va-t-il profiter du mercato pour redresser la barre ? Au milieu de terrain, où les solutions sont limitées en quantité comme en qualité, voire en défense, des arrivées pourraient faire du bien. Cris n'est plus aussi rayonnant, Bastos et Makoun n'impressionnent pas, Lisandro Lopez est souvent trop seul devant... "Nous avons des décisions à prendre pour recréer l'étincelle", a simplement annoncé Aulas qui rejette l'idée d'un changement d'entraîneur avant la fin de saison. Pour l'heure, Adil Rami a déjà fermé la porté à un départ de Lille. Le Stéphanois Mouhamadou Dabo reste une possibilité. Mais, hormis l'éternelle rumeur Patrick Vieira, ça ne bouge pas beaucoup du côté de Gerland.

Et si la solution était déjà dans le Rhône ? Pour aborder 2010, l'OL pourra compter sur les retours de Mathieu Bodmer, Cleber Anderson et Ederson. Le premier, absent depuis septembre dernier en raison de problèmes aux adducteurs, a pris place sur le banc face à Montpellier avant la trêve, il devrait être opérationnel pour la reprise. Titulaire en défense centrale aux cotés de Cris en début de saison, il pourrait aussi rendre des services au milieu de terrain lorsque Jean II Makoun sera à la CAN. Opéré d'une épaule, Cleber Anderson effectuera lui aussi son retour. S'il n'a pas vraiment l'étoffe d'un titulaire, il pourra dépanner dans un secteur défensif régulièrement amoindri par les blessures. Quant à Ederson, blessé à la cheville puis au mollet, il n'a toujours pas comblé l'immense vide laissé par Juninho. Un an et demi après être arrivé à Lyon, le Brésilien a lui aussi beaucoup à prouver. Et si ces trois là étaient les renforts dont a besoin le club ?