Rennes, patron breton

Rennes est bien la bête noire (et rouge) de Lorient. Le premier nommé a infligé une sixième défaite en autant de matches à son voisin de 120 kilomètres. Les partenaires de Douchez ont surtout apporté la preuve que, lorsqu'ils évoluaient en confiance, ils faisaient incontestablement partie des top teams de l'élite. Quant aux Lorientais, ils confirment à leurs dépens que le faux-pas grenoblois n'était pas un simple incident de parcours. Les hommes de Christian Gourcuff, trop passifs, surtout trop justes physiquement face à la force athlétique des Rennais, rentrent dans le rang. Provisoirement ?

Le Stade de la Route de Lorient ne porte pas chance aux visiteurs. Dès la 2e minute, sur le premier corner du match, Moussa Sow est parfaitement placé au second poteau pour reprendre un ballon relâché par Cappone sur un coup de tête de Gyan. A peine le temps de se remettre de cette entame cauchemar que les Rouge et Noir s'empressent d'appuyer là où ça fait mal. Notamment dans l'entrejeu où le pressing et l'agressivité des locaux rendent totalement inopérant le fameux jeu lorientais. A force de presser et d'étouffer, les hommes d'Antonetti (visiblement bien remis de la Grippe A à l'entendre hululer sur le banc) se procurent une pelletée d'occasions pour faire le break. Mais ni Gyan (frappe écrasée), ni Sow (tir trop croisé), Ni Danzé (coup de tête qui rase le montant) ne parviennent à mettre les leurs à l'abri. A la 35e minute, Rennes mène pourtant 11 tirs au but à 1.

Mais cette statistique n'impressionne pas les partenaires de Vahirua qui, tout en continuant de faire preuve d'inquiétant signes de fébrilité en défense, pointent enfin le bout de leurs crampons devant le but adverse. Ainsi Ducasse parvient-il à surprendre les grands gabarits rennais sur un corner mais son coup de tête passe juste à côté... Dans la même veine, Gameiro se trouve lui aussi à la réception d'un coup de pied de coin cafouillé par la défense et il faut le bout du pied de Marveaux pour détourner la frappe de l'attaquant tango sur le poteau de Douchez ! Sentiments mitigés donc pour les Rouge et Noir à la mi-temps qui peuvent regretter de ne pas avoir concrétisé leurs nombreuses occasions mais également le soulagement de ne pas avoir été rejoints au score avant la pause.

Le crachin breton s'invite dès la reprise mais les occasions, elles aussi, continuent de pleuvoir. Marveaux, dans un récital de jongles dans la surface lorientaise, répond ainsi à Monterrubio dont le tir est repoussé par Danzé qui supplée Douchez, parti à la pêche, en tant que dernier rempart ! Le jeu va s'équilibrer avant un nouveau coup d'accélérateur rennais dans le dernier quart d'heure. Bocanegra trouve le poteau puis c'est Tettey qui, seul face à Cappone, ouvre trop son intérieur du pied. Quelques minutes à peine plus tard, Marveaux, exceptionnel ce soir, enroule un coup-franc sur la transversale ! Ulcéré par un tel manque de réalisme et de chance, Frédéric Antonetti fulmine. Le bouillant Corse ne pourra soulever le couvercle de la cocotte qu'à la fin du match, non sans s'être fait une dernière frayeur à la dernière minute, quand un tir de Fanchone échouait juste à côté de la cage de Douchez ! Avec deux victoires et un nul à Lyon lors de ses trois derniers matchs, c'est confirmé, Rennes renaît.

"Je ne vais pas me répéter chaque année, mais c'est pareil. C'est un match qu'on n'a pas débuté. Premier corner, on est mené, c'est difficile mais même après on n'a pas montré d'agressivité. On a commencé à jouer au bout d'une demi-heure, puis on a vu qu'avec de la pression on pouvait renverser la tendance, trouver des décalages. En 2e mi-temps, il y a eu une réaction mais on a manqué de lucidité. On a pris beaucoup de risques et il y a donc eu beaucoup d'occasions rennaises. Le 1-0 a plombé les données, c'est un derby, si on ne débute pas le match c'est dommage. Je ne l'explique pas. L'envie de gagner doit aussi se manifester sur le terrain. On a un groupe qui est bien éduqué, mais il nous manque un aspect de tempérament qui fait la différence à ce niveau".