Lille gagne le thriller

20h57 : Météo parfaite, pelouse impeccable, Parc plein, virage lillois rouge d'impatience : PSG - Lille sera l'épicentre de la 37e journée de L1, titre en jeu pour Lille, place en Ligue des champions pour le PSG. Garcia et Kombouaré échangent quelques mots tendus à l'issue du protocole. La soirée ne fait que commencer.

20h59 : Grégory Coupet et Claude Makelele ont droit à la standing ovation du Parc et à l'hommage de leurs partenaires pour leur dernière apparition au Parc des Princes.

21h04 : Obraniak, encore lui... Celui qui avait inscrit l'unique but de la finale de la Coupe de France bat Grégory Coupet d'une frappe du gauche précise, presque trop facile, à l'entrée de la surface. 1-0 pour Lille dès la 5e minute. Après avoir asphyxié le PSG d'entrée de jeu, le LOSC le crucifie au tableau d'affichage.

21h11 : Giuly centre. Retourné d'Hoarau à côté. C'est la deuxième situation parisienne en trois minutes. Le Parc est rassuré. Son équipe va répondre.

21h16 : Seulement un quart d'heure de jeu. Lille faire tourner le ballon dans sa moitié de terrain sans prendre de risque. Hoarau court dans le vide et impose à Erding, d'un ordre sec, d'aller presser les relanceurs. Le LOSC contrôle. Paris s'interroge. Il va refaire surface...

21h27 : Le PSG réussit une séquence de conservation et de progression absolument magnifique. Gauche, droite, gauche, droite, une roulette, un petit pont, de la vista dans les intervalles, et au bout, une barre transversale de Giuly après une passe lumineuse de Bodmer.

21h38 : Mickaël Landreau, qui a réalisé deux arrêts fantastiques dans cette mi-temps, devant Hoarau (12e) et Tiéné (34e), est au sol. Il met du temps à se relever . Beaucoup.... Les soigneurs nordistes viennent l'examiner et l'expérimenté gardien lillois finit par se remettre debout. M. Jaffredo indique alors aux soigneurs le plus court chemin vers la sortie du terrain, à 2 mètres de là. Pas fou.

21h44 : La tribune Auteuil tend une banderole co-écrite par le PSG et la LICRA. "Le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit... Réagissez." C'est le dernier match de la saison au Parc, et le combat de Robin Leproux pour un Parc assagi sera l'une des grandes fiertés de saison.

21h45 : Hoarau égalise à 1-1 sur un coup franc de Nêne qu'il contrôle et poursuit d'un intérieur du pied qui a raison de Landreau. Les Lillois sont furieux et réclament l'annulation du but pour hors-jeu. Landreau, Cabaye, Gervinho, Garcia, tous harcèlent M. Jaffredo. Son regard montre le doute et les images TV démontrent qu'il a raison de douter. Mi-temps...

21h57 : La pause n'a pas fait baisser la tension. A peine revenu sur l'aire de jeu, Lionel Jaffredo est interpellé par Mickaël Landreau puis par un tir groupé Ludovic Obraniak, Aurélien Chedjou et Yohan Cabaye. Il est question du but hors-jeu, forcément. La guerre des nerfs se poursuit. Elle est loin d'être finie.

21h59 : Le jeu a repris depuis 18 secondes en seconde période quand la saison s'achève pour Guillaume Hoarau. Au milieu de trois Lillois, le Parisien est effleuré et s'effondre dans la foulée. C'est trop gros pour M. Jaffredo, qui brandit un deuxième avertissement après celui reçu à la 26e suite à un accrochage avec Rami. Carton rouge. Les Parisiens lèvent les bras au ciel. Hoarau ôte son maillot et enveloppe son visage avec pour dissimuler ses larmes. Sakho l'approche, se colle à son crâne, l'air de lui demander s'il est un homme. L'air, surtout, de lui promettre que le PSG gagnera pour lui.

22h09 : Une faute banale sifflée contre Claude Makelele, sous son nez, fait déborder Antoine Kombouaré. L'entraîneur du PSG s'en prend au quatrième arbitre Nicolas Rainville. Il insiste et se fait expulser par Lionel Jaffredo. Kombouaré mettra une bonne minute avant d'accéder à l'ordre du directeur de jeu. Il colle de près M. Rainville, le menace presque, fait un détour devant le banc lillois. Tension maximale. La guerre des nerfs a choisi son vainqueur. Il a l'accent ch'ti.

22h11 : Le Parc ne se remet pas de cette double expulsion. C'est sous un déluge de huées et de sifflets insoutenables que Lille développe une séquence de conservation comme il les aime et progresse vers le but de Coupet. Hazard accélère, Armand lui attrape le genou gauche (il sera averti) mais Debuchy parvient à centrer pour Sow qui surgit. 2-1 pour Lille.

22h22 : Le Parc est KO. Lille maîtrise avec toute son assurance quand Giuly déchire l'attentisme ambiant par une percée côté droit de la surface. Centre-tir. La trajectoire frôle la ligne puis touche le poteau. Deux montants ce soir pour le lutin parisien.

22h25 : Paris réinvestit le camp lillois et Bodmer hérite d'un ballon mal renvoyé à l'entrée de la surface. Il efface Debuchy et Rami avant de frapper fort sous la barre. 2-2. Le Parc redevient un volcan. Lyon ne mène pas contre Caen. Paris y croit encore.

22h31 : Il reste un quart d'heure, Cabaye se jette sur Nêne pour l'arrêter. Il ne le touche pas mais son engagement est dangereux. Nêne est au sol. Cabaye lui dit une douceur à l'oreille, sans doute qu'il simule. Nêne se relève comme un cabri et donne comme un coup de tête dans le vide. Cabaye est prêt au duel. M. Jaffredo pourrait sévir contre les deux hommes mais le match deviendrait incontrôlable. Il ordonne au Parisien de tirer malgré l'insistance de Cabaye.

22h44 : Temps additionnel. M. Jaffredo siffle une faute pour Rio Mavuba qui exaspère le Parisien. Adil Rami, derrière, enlève sa chaussure droite et demande le temps de la relacer. Lionel Jaffredo finit par siffler. Mavuba tourne autour du ballon dans une esquive interminable. Le banc parisien est hors de lui. Mais le temps file. Lille aura montré toute la soirée beaucoup de métier et un art certain de flirter avec les limites.

22h47 : M. Jaffredo siffle le coup de sifflet final. Deux fois en quelques secondes, Mickaël Landreau a violé la règle qui limite le temps de possession du ballon dans les mains, mais Paris l'a à peine contesté. Les Nordistes plongent dans les bras les uns des autres. Landreau s'effondre sur le dos et se prend une pile de partenaires sur le ventre. Garcia file vers le virage lillois, où tout le monde le rejoindra bientôt. Dans le rond central, Armand et d'autres Parisiens se lamentent auprès de Lionel Jaffredo. Coupet salue le public parisien d'un air triste et répond aux questions d'un journaliste. Derrière la caméra, Rudi Garcia l'attend pour lui donner une tape amicale. Les Lillois n'en finissent plus de bondir dans un essaim de photographes. Et le speaker du Parc tente de clore une soirée qui sera, en fait, une nuit interminable : "Bien sûr, nous sommes un petit peu tristes..." Saisissant contraste.