Lille, leader ou patron ?

Le jeu des chaises musicales, grande spécialité de la Ligue 1, a donc profité à Lille ce week-end. Après le PSG, Toulouse, Saint-Etienne, Rennes et Brest, le LOSC est le 6e leader de la saison. Il y a à peine un mois, au sortir de deux défaites de rang (les deux seules de la saison), face à Lyon et Marseille, ça valait tout de même une petite cote. Mais tout va vite dans cette L1 version "slowmotion". Résultat, avec trois victoires de rang en novembre, la dernière en date dimanche soir contre Monaco (2-1), voilà le LOSC sur le trône. La question est maintenant de savoir si les Nordistes ont les moyens d'assumer plus durablement ce statut que leurs prédécesseurs.

Pour livrer une réponse de Normand, c'est possible, mais ce n'est pas garanti. D'abord parce qu'il convient de rappeler que Lille n'est qu'un leader virtuel. Marseille et Rennes, qui doivent s'affronter en match en retard dans 10 jours au Vélodrome, ne pointent respectivement qu'à deux et un point. Ensuite parce que le LOSC a évidemment une meute lancée à ses trousses. C'est la loi de ce championnat ultraserré. Au moindre faux-pas, ils seront cinq ou six à pouvoir lui chaparder sa place. "Si on perd à Bordeaux, on peut vite redescendre", rappelle Ludovic Obraniak, évoquant Brest, leader samedi à 19h, et désormais 6e. Un avis partagé par Pierre-Alain Frau, l'autre buteur du soir. "Je n'oublie pas qu'après Marseille et Lyon, on était 8e au classement et qu'on peut y revenir vite si on enchaîne deux mauvais résultats."

Ne comptez donc pas sur les Lillois pour s'enflammer. "Sur le classement, vous vous doutez, de ce que je vais dire, sourit Rudi Garcia. On est sept, peut-être huit (après le match Lens-Lyon, qui portera effectivement ce nombre à 8) en deux points. Ca peut vite changer." D'autant que le nouveau leader, s'il n'a pas usurpé sa place, demeure parfois branché sur courant alternatif. Ce fut encore le cas contre Monaco. Un coupable relâchement en début de seconde période (presque annoncé à la pause par Eden Hazard, lequel avait rappelé que son équipe avait tendance à baisser de pied après le repos...) a bien failli coûter deux points aux Dogues.

Le LOSC a donc parfois tendance à réagir avant d'agir. Il a fallu l'égalisation monégasque pour redonner un coup de fouet au jeu nordiste. "On reste fragile à certains moments, juge Frau. Cette fois, on a réussi à mettre le deuxième but, mais on n'y arrivera pas à chaque fois." Parce qu'il manque encore parfois de maitrise et de constance sur 90 minutes, ce leader n'a donc pas tout à fait l'étoffe d'un indiscutable patron. Pas encore, en tout cas. Alors, sans se cacher, Lille avance prudemment. "Je vous rappelle qu'on a perdu à Lyon et contre Marseille, les deux principaux candidats au titre, juge Rudi Garcia. Ils sont donc davantage favoris que nous. On verra ce qu'on fera au match retour. On reparlera de la place à la fin du championnat".

Reste que même avec ses imperfections, le nouveau leader tient largement la route. La qualité de son jeu, son potentiel offensif, le retour au premier plan d'Eden Hazard, étincelant face à Monaco, et l'apport du banc constituent des atouts maitres. "Aujourd'hui (dimanche), on a vu un LOSC comme je l'aime, résume Garcia. Dans le contenu on est bien depuis quelques semaines. Et on a vu aussi que c'est du banc que peut jaillir la lumière. C'est une troisième victoire. L'important, c'est de continuer la série." Si Lille tient bon à Bordeaux, il aura ensuite un gros coup à jouer d'ici la trêve, avec trois matches à domicile (face à Lorient, Nancy et Saint-Etienne) et un déplacement à Arles-Avignon. S'il profite à plein de ce calendrier a priori favorable, le LOSC, déjà leader, aura peut-être alors l'allure d'un vrai patron.