Le PSG devra s'en relever

Dans les entrailles du stade François-Coty, où le PSG venait d'être tenu en échec par Ajaccio (0-0), Mamadou Sakho a brisé le tabou : "On a manqué de motivation. C'est une question d'état d'esprit, de concentration". Une semaine après le couac initial face au FC Lorient (2-2), le favori du championnat, incapable de dominer l'ACA (0-0) lors de la deuxième journée, n'a toujours pas décollé. Carlo Ancelotti, comme d'habitude, a préféré dédramatiser. Mais en dépit d'un recrutement d'élite, ce PSG-là, sans Zlatan Ibrahimovic ni Thiago Silva, est le même que la saison dernière : trop facile et pas assez besogneux. Il n'a toujours pas compris que c'est sur des "petits" terrains, comme celui de François-Coty, qu'un titre national s'échappe.

Quelque chose était néanmoins différent dans la chaleur étouffante d'Ajaccio, dimanche. Aux tares et fulgurances habituelles du vice-champion de France s'est ajoutée une agressivité inhabituelle. Paris a fini à dix et sans son entraîneur, Carlo Ancelotti, expulsé pour avoir jeté une bouteille sur la pelouse. Et si l'arbitre, Clément Turpin, a certes eu la gâchette facile, le coach italien avait revêtu son costume de "Mister" après la rencontre. "Je me suis énervé, je regrette ce geste", assurait-il. Sur le contenu du match, c'est mi-figue mi-raisin : "On n'a pas fait un bon match. Par rapport à celui contre Lorient, on a joué avec plus d'ordre et d'équilibre, on n'a pas pris de but, mais on n'a pas mieux combiné devant. Nous avons fait une première période un peu suffisante. C'est une déception."

Cette déception porte plusieurs noms. Celui d'Ezequiel Lavezzi en premier lieu. Prometteur face aux Merlus, le teigneux Argentin n'a jamais été dans le bon rythme et a dû rejoindre prématurément le vestiaire pour un geste mal maîtrisé sur Benjamin André (59e). Javier Pastore, que l'on attend au tournant après sa préparation complète, n'a pas brillé non plus. Jérémy Ménez, lui, confirme ce que l'on se disait déjà il y a une semaine au Parc des Princes : il est encore en vacances. "Si on avait été à notre niveau, on se serait imposé, soutient Mamadou Sakho. Je suis déçu mais il n'y a pas mort d'homme non plus. Il n'y a rien d'inquiétant."

L'ennui pour le PSG, c'est que l'avantage tiré de son effectif taillé pour le titre est, et sera jusqu'au bout, en partie compensé par la hargne adverse. "L'adversaire est forcément surmotivé et se donne à 150%, analyse Blaise Matuidi. Il faut donc que nous soyons à 100% et non pas à 80%, sinon ça ne pardonne pas." C'est la même rengaine depuis l'intersaison : Paris doit s'attendre à jouer chaque week-end (ou presque) un match de Coupe de France. "Mais bon, quand on joue au PSG, on ne peut pas viser autre chose que la victoire, poursuit l'ancien Stéphanois. Tout le monde nous voit champions mais ce ne sera pas facile. Ce sera même très difficile. Paris sera attendu partout. A nous de faire le boulot."

"Ce sera comme ça à chaque match", annonçait déjà Christophe Jallet après la contre-performance face à Lorient, répondant à une question sur la hargne bretonne. A Ajaccio, Salvatore Sirigu ne comptait que sur l'équipe pour tout remettre en ordre. "Il faut toujours du temps pour qu'une équipe se mette en place", expliquait-il. Mais le Paris Saint-Germain a déjà eu un an pour cela. Les actionnaires qatariens ne veulent pas d'une nouvelle saison blanche, surtout avec Zlatan Ibrahimovic et Thiago Silva dans l'effectif. Dimanche soir, certains Parisiens regrettaient leurs absences. Le géant suédois n'a joué que contre Lorient et le colosse brésilien n'a pas encore disputé la moindre minute sous la tunique francilienne. C'est un autre point inquiétant : le PSG semble déjà dépendant de ses deux recrues stars.