Monaco + Toulalan = une machine de guerre qui prend forme

Claudio Ranieri est un entraîneur comblé. Son équipe commence à prendre forme. Son effectif n’a déjà presque plus rien à voir avec celui de la saison passée en L2. Avec l’arrivée de Jérémy Toulalan, huitième recrue de l’ASM lors de ce mercato estival, Monaco a fini de structurer sa colonne vertébrale. Associé à João Moutinho dans l’entrejeu, il devrait faire un carton. Son profil de milieu défensif récupérateur axial épouse sur le papier celui du petit maitre à jouer portugais, qui endossera le costume d’organisateur. Inlassable ratisseur de ballons, Toulalan avait mis tout le monde d’accord à Malaga, omniprésent dans le cœur du jeu. A 29 ans, l’ancien lyonnais est dans la force de l’âge, connaît bien la Ligue 1. Il apportera son expérience internationale si l’ASM se qualifie en coupe d’Europe : 36 sélections, 7 campagnes de Ligue des champions dont une demi-finale en 2010 et un quart la saison dernière.

Si Jérémy Toulalan a quitté Malaga, c’est parce que "le projet sportif du club a radicalement changé ces dernières saisons", comme l’expliquait récemment son agent au quotidien As. Une phrase qui résume bien la situation de crise que vit le club andalou. Les Boquerones sont exclus de coupe d’Europe pour non-respect du fair-play financier, ont perdu leur entraineur Manuel Pellegrini (parti à Manchester City) et certains joueurs cadres (Isco, Iturra avant Toulalan, envies de départ de Julio Baptista et Demichelis). Le propriétaire, le cheickh Al-Thani, souhaite se retirer. Comme beaucoup d’autres clubs espagnols, Malaga est un club endetté qui vit en apnée depuis trop longtemps. En perdant ses meilleurs éléments, le club s’affaiblit et se prépare à  retomber dans l’anonymat. Le parcours en Ligue des champions jusqu’en quart de finale avait fait illusion. Désormais, il faudra se battre pour le maintien en Liga, avec les moyens du bord. Le départ de Toulalan était inéluctable.

Recruter un joueur du calibre de Toulalan pour seulement cinq millions d’euros (plus trois en bonus), c’est un coup de flair remarquable de la part de l’ASM. Difficile de faire mieux. Pour rappel, l’international français avait été vendu par l’OL à Malaga près de 11 millions d’euros, et avait été acheté au FC Nantes 7,5 millions d’euros en 2006. A côté des 70 millions pour Moutinho et Rodriguez, des 60 millions de Falcao, la somme est dérisoire. Un coût qui s’explique par la situation de Malaga et l’âge de Toulalan, qui n’offre que peu de perspective de plus-value à la revente.

Fini l’exil espagnol, re-bonjour la France. Dans sa carrière de joueur, Jérémy Toulalan n’aura finalement passé que deux ans hors des frontières hexagonales. En revenant en Ligue 1, qui plus est dans un club aussi médiatisé que l’AS Monaco, le natif de Nantes peut relancer sa carrière internationale. Pour Knysna, Toulalan paye encore. Il n’est jamais revenu depuis la Coupe du monde 2010, ni sous Laurent Blanc, ni sous Didier Deschamps. Franck Ribéry ou Patrice Evra ont su, de leur côté, séduire les successeurs de Raymond Domenech. Alors pourquoi pas lui ? Interrogé sur la question de son retour en Bleu en avril, Didier Deschamps avait laissé la porte ouverte. "Il fait partie des joueurs avec une certaine expérience internationale", avait-il relevé. Toulalan est au top de sa forme. Envisager qu’il puisse porter à nouveau la tunique tricolore n’est pas un dessein incongru. Confronté à trois suspensions au milieu pour les matches en Géorgie et Biélorussie (Cabaye, Matuidi, Pogba), Deschamps a de bonnes raisons de penser à un profil comme Toulalan. Si loin des Bleus depuis 2010, l’ex-Nantais vient peut-être de retrouver une chance majeure de disputer la Coupe du monde 2014 en s’engageant avec Monaco.