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Christian Gourcuff à propos de la pelouse synthétique de Lorient : "C'est la solution du pauvre"

Eurosport
ParEurosport

Publié 30/01/2014 à 19:24 GMT+1

Lorient est le seul club de Ligue 1 à évoluer sur une pelouse synthétique. Christian Gourcuff s'en réjouit aujourd'hui, même si ça reste une "solution de repli".

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Crédit: Eurosport

CHRISTIAN GOURCUFF, vous étiez réticent lorsque Lorient a fait le choix d'une pelouse synthétique en 2010…
C.G. : C'est la solution du pauvre. Historiquement, on avait une pelouse lamentable. Elle ne permettait pas de faire des enchainements des plus de quatre passes. Surtout en hiver. Ça faisait des années qu'on déplorait ce problème. Au bout d'un certain temps, il y a quand même eu une prise de conscience de la mairie, donc on a cherché des solutions qui étaient acceptables sur le plan technique et économique. Dont la pelouse synthétique nouvelle génération que je ne connaissais pas non plus. Quand on parle de synthétique, on a souvent en mémoire les terrains vieux de quinze ans mais ça n'a plus rien à voir. A l'époque, on s'était déplacé à Salzbourg. J'avais été enthousiasmé par la pelouse. Et maintenant, c'est un vrai bonheur parce qu'on n'est plus tributaires des conditions météo.
Et sur le plan sportif ?
C.G. : On a des conditions qui sont quasiment égales, même si la pelouse est forcément plus glissante les joueurs de pluie. Mais c'est tout à fait correct. Je pense qu'on aurait eu du mal à jouer deux ou trois matches cette année si on avait eu une pelouse naturelle. Après, ça favorise le jeu de passes mais c'est aussi comme ça qu'on conçoit le foot. En termes de qualité et de spectacle, c'est incomparable. Évidemment, je suis preneur des pelouses naturelles comme au Camp Nou. Techniquement, c'est possible mais ça demande des investissements qui étaient trop importants pour Lorient au moment où on a fait le choix du synthétique.
Pour le jeu de soule, le synthétique, ça n'est pas terrible. 
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FOOTBALL 2010 Lorient - Moustoir

Crédit: Panoramic

Les statistiques montrent qu'il y a plus de jeu à Lorient. Est-ce lié à la pelouse ou à votre philosophie de jeu ?
C.G. : Le terrain joue aussi. Les statistiques, elles concernent aussi l'adversaire. Qu'on ne soit pas fan du synthétique et qu'on préfère le naturel, je trouve ça logique. Il y a un agrément supérieur, notamment en période estivale. Mais quand je vois des matches où on ne peut pas faire trois passes dans des conditions épouvantables, ça n'est plus le même sport. Après, qu'est-ce que c'est que le foot ? C'est un jeu de passes ou c'est du pousse-ballon ? Chacun a sa vérité. Pour le jeu de soule, c'est vrai que le synthétique, ça n'est pas terrible. 
Avez-vous adapté le style de jeu de Lorient au synthétique ?
C.G. : Le terrain a été élément favorable à notre style de jeu. Mais disons plutôt que c'était avant qu'on s'adaptait à la qualité du terrain. Le nôtre ne permettait pas de développer un football élaboré. Il était très difficile donc on avait surtout axé sur le pressing et les attaques rapides parce que l'enchaînement de passes était difficile. Maintenant qu'on a des conditions qui se prêtent au jeu de passes, c'est vrai qu'on procède plus par attaques placées. 
Qu'en pensent les joueurs ?
C.G. : Les joueurs sont les plus réticents. Il y a évidemment un problème d'appuis qui est aussi lié au choix des chaussures. Il y a une adaptation. Pour les équipes qui viennent chez nous, c'est le problème majeur. Il faut trouver les bons appuis pour les équipes qui n'évoluent pas habituellement sur synthétique. Mais ça prend assez rapidement. Il n'y a pas de problème majeur. Les joueurs ont quand même mis un certain temps à être conquis. Mais, en période hivernale, il n'y a photo.
Avec les budgets qu'on aujourd'hui en Ligue 1, il y a possibilité d'avoir des pelouses naturelles qui tiennent.
On évoque souvent les risques de blessures sur synthétique…
C.G. : On a nos statistiques. Il n'y a pas plus de blessures. Mais globalement, ce ne sont pas les mêmes pathologies. Il y a moins de traumatismes sur synthétique car il y a moins de contacts. Comme la surface est un peu plus dure, il y a surtout des gênes, au niveau du dos par exemple, ou des tendinites. Mais ça reste des blessures mineures. Il y a beaucoup moins de blessures graves.
On a nos statistiques. Il n'y a pas plus de blessures. Mais globalement, ce ne sont pas les mêmes pathologies
Les clubs de Ligue 1 devraient-ils avoir davantage recours aux terrains synthétiques ?
C.G. : Avec les budgets qu'on a actuellement en Ligue 1, il y a possibilité d'avoir des pelouses naturelles qui tiennent. Mais c'est aussi le problème aujourd'hui du football français où les stades appartiennent aux collectivités locales et donc les clubs n'ont pas tout à fait les mains libres pour les pelouses. Mais il y a moyen aujourd'hui d'avoir des pelouses naturelles en excellent état, les clubs anglais le démontrent. C'est la priorité car c'est la qualité du spectacle qui est en jeu. Mais, s'il n'y a pas de moyens, le synthétique est une excellente solution de repli.
Donc, si vous aviez le choix et les moyens, vous préféreriez une pelouse naturelle ?
C.G. : (Il rit) Oui, moi je prends le jardinier de l'Emirates Stadium et on fait la même chose.
Tous les nouveaux stades ont des pelouses catastrophiques.
Vous dressez malgré tout un constat inquiétant de l'état des pelouses en Ligue 1 ?
C.G. : Complètement. C'est une aberration. Il y a des spécifications techniques mais le constat, c'est que tous les nouveaux stades ont des pelouses catastrophiques. On a l'impression qu'on a construit des enceintes et qu'on ne s'est pas penché sur le principal qui est quand même l'état de la pelouse. Reims, c'est catastrophique. On vient de jouer à Valenciennes, c'est catastrophique. Je crois que Nice a aussi de gros problèmes. Lille a dû la changer très rapidement. Comme ce sont des stades fermés, ça pose des problèmes techniques. Mais Rennes a résolu le problème au moins en partie. Ils avaient une pelouse qui était très difficile en hiver et ils ont mis les moyens en luminothérapie il y a trois ou quatre ans pour avoir une pelouse d'excellente qualité.
Quelles seraient les solutions envisageables ?
C.G. : Je pense qu'il faudrait imposer un type de pelouse. Dans ce cas, ce sera peut-être la condamnation du synthétique. Mais un standard de pelouse permettrait la régularité de la compétition et la qualité du spectacle. Désormais, ça devrait faire partie du cahier des charges. C'est un sujet très important. Quand on parle du spectacle de la Ligue 1, il faut d'abord s'interroger sur les conditions de jeu. Il y a des matches qui ne ressemblent pas à grand-chose. On l'a encore vu le week-end dernier.
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