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Girondins, Guillaume Hoarau : "Je ne veux pas que ça me pourrisse jusqu’à la fin de ma vie"

Martin Mosnier

Mis à jour 15/02/2014 à 11:31 GMT+1

Revenu d’une expérience professionnelle mitigée en Chine, Guillaume Hoarau a signé à Bordeaux pour retrouver son niveau. Entretien.

Eurosport

Crédit: Eurosport

Comment avez-vous vécu votre retour en France et en L1 ?
G.H. : C’est un plaisir et un vrai retour aux sources, j’en avais besoin. Ça fait du bien de retrouver un championnat et un pays que je connais. Cela devait se faire vite, je ne voulais pas que ça traine durant le mercato. J’ai eu la chance de résilier mon contrat et de pouvoir en signer un autre dans la foulée.
Pourquoi avoir choisi Bordeaux ?
G.H. : J’ai eu le président Triaud au téléphone. On a eu un discours d’homme à homme. Il a eu les mots qu’il fallait pour me faire signer ici. D’autres paramètres, notamment familiaux, m’ont poussé à faire un choix qui avait pour mot d’ordre la sérénité.
Quelle est la différence entre le Hoarau du PSG et le Hoarau de Bordeaux ?
G.H. : Il a vieilli. La Chine, c’est juste une aventure. Je suis parti huit mois. Il y a des blessures qui durent très longtemps. C’est une parenthèse pour moi pour faire un 'reset’ psychologique et physique. Je reviens pour essayer de retrouver le niveau qui était le mien avant que je quitte la France. 
Êtes-vous encore loin de votre meilleur niveau ?
G.H. : C’est surtout physiquement. Avant mon arrivée ici, cela faisait trois voire quatre mois que j’avais coupé. Je suis un joueur qui a besoin d’un collectif. A Paris, j’étais dans des dispositions assez spéciales avec des super joueurs autour de moi. A Bordeaux, c’est le cas même si l’équipe est beaucoup plus jeune. Les mois à venir vont me dire quel objectif je vais pouvoir me fixer pour les prochaines années.
Quel est votre objectif à court terme de buts ?
G.H. : Je reviens avec beaucoup d’humilité parce que j’ai pas mal de retard à rattraper. Pour aider cette équipe, je dois marquer des buts. Bordeaux a à l’esprit le Guillaume qui était à Paris. Les Girondins veulent retrouver ce mec-là. Je dois redoubler d’effort, je ne dois pas arriver comme un mercenaire. Ce n’est pas mon cas mais, dans le confort, on oublie tous nos ambitions quotidiennes. J’essaie de montrer le bon exemple sur le terrain et de ne pas être un con en dehors. Ça fait un mois et demi que je suis ici. Je monte en puissance. Il ne me manque que la compétition et l’enchainement des matches. C’est à moi d’essayer d’inverser la tendance. Évidemment quand tu reviens de Chine, ce n’est pas à ce moment-là que tu te sens le plus fort.
Que retenez-vous de votre expérience de huit mois en Chine ?
G.H. : Il fallait juste prendre sur soi et créer un espace de vie dans lequel je pouvais m’épanouir. Cela a été le cas. Je me suis fait des amis là-bas, mon cousin est venu avec moi. On s’est créé une petite famille. Le foot, c’était secondaire. Je ne voulais pas me tordre l’esprit avec. Je connaissais mes droits même si, là-bas, tu en as un peu moins. Je ne veux pas entrer dans les détails, c’est du passé. Cette culture chinoise, c’est un choc. Le foot, c’est un sport collectif et il y avait le problème de la langue. Quand tu n’arrives pas à discuter avec ton partenaire… Mais j’ai plutôt apprécié l’expérience. Si je devais y retourner, j’y retournerais. Mais bon, pas tout de suite. C’était une expérience que je ne veux pas réduire au professionnel. En tant qu’homme, ça m’a fait du bien. Je ne veux pas tirer sur les gens là-bas parce que je ne veux pas que ça me pourrisse jusqu’à la fin de ma vie.
Vous préférez retenir le positif.
G.H. : La Chine, ça m’a ouvert l’esprit. C’était très enrichissant. Tu vois que le monde est vaste. J’aimerais partir encore, voir autre chose. J’étais obligé de revenir pour repartir du bon pied. Je me sens bien dans la peau d’un globe-trotter.
Est-ce que vous n’avez pas l’impression d’avoir perdu un peu de temps en Chine d’un point de vue sportif ?
G.H. : On dit ça parce que je suis revenu. Mon contrat, là-bas, était de trois ans. Si j’étais resté là-bas, si j’avais fini ma carrière là-bas, on m’aurait oublié. Maintenant que je suis revenu, on parle d’échec.
Ne regrettez-vous pas d’avoir quitté un PSG en pleine bourre ?
G.H. : Je ne parle pas de regret. J’ai vécu l’aventure. J’assume mes choix. La facilité aurait été de rester à Paris dans mon petit cocon en faisant gonfler le CV. Je suis content pour les copains qui sont restés. J’ai eu l’opportunité de revenir sur place (NDLR, notamment lors de PSG – Bordeaux, il y a deux semaines, 2-0), on m’a toujours ouvert la porte. Si je n’étais pas allé en Chine, on ne sait pas ce qui aurait pu se passer mais je ne regarde pas derrière moi, ça ne sert à rien de vivre de remords.
Quels souvenirs gardez-vous des stars parisiennes ?
G.H. Ce sont les premiers à nous montrer l’exemple. On a pris une claque par rapport à l’investissement aux entrainements. On peut tout dire du personnage d’Ibra. Mais l’homme, le professionnel est irréprochable. Ancelotti a apporté cette culture-là. J’ai touché le haut niveau. On rêve tous de jouer dans un grand club et là, le grand club est venu à nous. Il a fallu s’adapter et changer nos habitudes. C’est vrai qu’en France, il y a une différence de culture de travail. Je ne dis pas qu’on est moins bon. Il existe des joueurs qui veulent aller haut et d’autres encore plus haut. Paris, c’est le top. Les six mois que j’ai passé avec eux, j’ai vraiment progressé.
Existe-t-il malgré tout une fracture dans le vestiaire entre les Français et les étrangers ?
G.H. : Tout se passait bien, il fallait trouver une partie sombre là-dedans. Evidemment que le vestiaire se divise. Il y a simplement une différence de langage. Beaucoup de joueurs sont arrivés en parlant italien alors, qu’en France, c’est à peine si on parle anglais. L’effort, c’était aussi à nous de le faire. Tu ne peux pas être pote avec tout le monde. Tant que tu travailles main dans la main avec ton partenaire, on se fiche de savoir si tu vas manger avec lui après l’entrainement.
Quelle était la nature de vos rapports avec Ibrahimovic, votre principal concurrent à la pointe du PSG ?
G.H. : On s’est toujours respecté, il ne m’a jamais pris de haut. A l’entrainement, avec son investissement, il me prouvait pourquoi il était Zlatan et pourquoi il jouait. Il n’est pas arrivé en disant : ‘Moi, je prends ta place. Fais-toi tout petit.’ Voilà pourquoi Paris est une machine. Tous ceux qui jouent un rôle secondaire ont compris qu’ils étaient quand même utiles. Ils ne servent pas qu’à la décoration. La mentalité au sein du PSG a changé. C’est devenu un club professionnel qui va devenir l’une des plus grandes écuries d’Europe.
Les Bleus sont-ils toujours dans un coin de votre tête ?
G.H. : Il faut remettre les pièces du puzzle dans le bon ordre. Je ne peux pas parler des Bleus un mois et demi après être rentré, je respecte beaucoup trop ce maillot, cette nation et les joueurs de l’effectif. Avant de pouvoir prétendre à quoi que ce soit, je dois retrouver mon niveau. J’ai quatre mois pour cela. J’aime bien rêver, j’ai beaucoup d’ambition. La sélection, c’est le summum. Je suis obligé de la garder dans un coin de ma tête pour pouvoir tout donner à chaque match. Je joue pour être bon, pour gagner. Les choses s’enchaineront. Aujourd’hui, je profite. Carpe diem.
Où vous voyez-vous la saison prochaine ?
G.H. : Se projeter, c’est difficile. Je ne m’étais pas dit que je rentrerais à Bordeaux un an après être parti. Donc je ne peux pas prévoir ce qui va se passer dans cinq mois. Si je fais ce qu’il faut pour le club et pour moi, j’espère ne pas avoir de problème pour rebondir ou rester ici. Je veux être fier de mon passage ici.
L’Angleterre vous plaît toujours ?
G.H. : Quand je suis parti en Chine, les gens m’ont oublié. Le championnat anglais, c’est de la folie. Mais avant de le rejoindre, il y a de la route. J’ai beaucoup à prouver à moi-même pour commencer.
Un sentiment de revanche vous anime aujourd’hui?
G.H. : Pas de revanche. On est tous humains, tu as ton côté narcissique. Quand les gens parlent de toi en mal, c’est difficile. Parler de revanche reviendrait à donner de l’importance à ce que les gens ont dit. Ce n’est pas le cas. J’ai assumé, je suis parti et je ne regarde plus derrière. Je me suis dit : ‘Reviens, bosses et la réussite se chargera de faire du bruit à ta place.’
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