Les 11 moments qui ont fait la carrière de Landreau

17 ans et 141 jours. Privé de Dominique Casagrande et Eric Loussouarn, tous deux blessés, Jean-Claude Suaudeau n'a d'autre choix que de se tourner vers le tout jeune Mickael Landreau pour le déplacement à Bastia. Le technicien nantais sait que l'ado de Machecoul possède une maturité très supérieure à celles des garçons de son âge mais quand même. 17 ans, c'est extrêmement jeune, surtout pour ce poste. C'est d'ailleurs du jamais vu. Il va suffire de ce match pour que Landreau se taille une petite place dans l'histoire du Championnat de France. Maladroitement, le débutant plonge dans les pieds du Polonais Piotr Swierczewski. Penalty. Lubomir Moravcik le frappe. Landreau le repousse. Première heure de gloire pour "Mika", qui voit N'Doram, Pignol et les autres lui sauter dessus. Landreau signe magistralement ses débuts. Son exploit permet au FC Nantes de ramener un point (0-0) de Corse. Après un début de saison catastrophique, les Canaris vont aligner 30 matches sans défaite et il faudra attendre le temps additionnel de l'ultime journée de cette saison 1996-97, à Monaco, pour que Landreau subisse son premier revers dans l'élite.

Tenant du titre, Nantes retourne au Stade de France pour tenter de conserver la Coupe de France sur les bords de l'Erdre. Drôle de saison pour le FCN, qui lutte parallèlement à ce brillant parcours en Coupe pour son maintien en L1. Drôle d'adversaire aussi pour une finale: Calais, club amateur évoluant en CFA, dont l'épopée a passionné la France entière. Nantes, malmené et mené à la pause, s'en sort finalement grâce à un doublé de Sibierski, qui offre la Coupe aux siens sur penalty en toute fin de match. Le titre pour Nantes, la gloire pour Calais. Landreau, en tant que capitaine, est chargé de recevoir le trophée. Il tient alors à associer son homologue nordiste, Réginald Becque, qui soulève la Coupe en même temps que lui. Une façon de réunir deux mondes, celui des pros et des amateurs, que certains, agacés par la réussite calaisienne et le côté un peu donneur de leçons de son entraîneur Ladislas Lozano, avaient voulu opposer. Le lendemain, l'image s'ancre à la Une de tous les journaux. "Grâce à Mickael Landreau, ce geste a eu une portée incroyable", soulignera dix ans plus tard Reginald Becque.

Après deux Coupes de France, Nantes décroche au printemps 2001 son huitième titre de champion. Landreau y apporte sa contribution. Elle est tout sauf négligeable. A quatre journées de la fin, Nantes, toujours sous la menace de Lyon, reçoit Bastia. Les joueurs de Denoueix mènent 1-0 mais sont réduits à 10. La Beaujoire est fébrile. Bastia domine, pousse mais cet après-midi-là, l'homme clé se nomme Mickael Landreau. Forteresse imprenable, il pose la cerise sur son gâteau en signant sa "spéciale": il arrête le penalty de Pierre-Yves André. Nantes s'accroche à son maigre avantage et signe une victoire en forme de tournant dans la course au titre. Deux semaines plus tard, les Nantais s'imposent face à Saint-Etienne et sont officiellement sacrés. C'est le sommet de la carrière nantaise de Landreau, qui n'a encore que 22 ans. Ce match contre Bastia est un des trois que cite régulièrement Landreau, avec le quart de finale de Coupe de France contre Auxerre la même année (deux penalties arrêtés) et celui contre Manchester (voir ci-dessous).

Dans la foulée de son titre de champion de France, Landreau est retenu par Roger Lemerre pour la Coupe des confédérations au Japon. Le 3 juin 2001, le Nantais honore sa toute première sélection en équipe de France, face au Mexique. Les Bleus s'imposent 4-0. Landreau semble alors, à terme, destiné à succéder à Fabien Barthez. Ce ne sera jamais le cas. A 34 ans, il est toujours dans le groupe, mais n'a plus goûté la moindre cape depuis novembre 2007. 11 sélections au total à son actif, mais une seule vraie période d'activité régulière: de juin à novembre 2007. Coupet blessé et Barthez à la retraite, il est titularisé à sept reprises par Raymond Domenech. Mais jamais il ne pourra s'installer durablement dans la cage tricolore. Son principal fait d'armes? Aucun but encaissé lors de ses sept premières sélections pour 693 minutes d'invincibilité, jusqu'à un but contre l'Ecosse, au Parc des Princes, où il est clairement fautif.

Sans aucun doute un des plus grands matches de la carrière de Mickael Landreau. Champion de France en titre, Nantes vit une saison 2001-2002 galère mais la Ligue des champions est sa bouffée d'oxygène. Après avoir brillamment franchi la première phase, les Jaunes se coltinent notamment Manchester United lors du deuxième tour de poules. A la Beaujoire, Nantes ouvre rapidement le score face aux Red Devils, qui vont ensuite faire le siège du but de Landreau. Mais face à Van Nistelrooy, Beckham, Scholes, Giggs et les autres, le portier nantais, en état de grâce, repousse tout. Il faudra un penalty de Van Nistelrooy, à la toute dernière minute, que pour MU évite la défaite. A l'autre bout du terrain, Fabien Barthez parle avec Laurent Blanc. "J'ai dit à Lolo que je pensais que Mika allait arrêter le penalty… Il a été fantastique et a fait un match comme on en fait un ou deux dans une carrière." L'hommage de son ainé se double de celui de Sir Alex Ferguson. "Dans quelques années, on reparlera de ce jeune homme", souffle le coach mancunien, qui envisagera un temps de le faire venir à Old Trafford. Mais ce match restera finalement comme le sommet européen de la carrière de Landreau. Un match immense, mais un simple match de poule. Ce sera sa limite.

Des 39 penalties arrêtés par Mickael Landreau dans sa carrière (plus six  ratés par les frappeurs), celui-ci est très probablement le plus célèbre. C'est une des images de sa carrière. Parce que sa victime, Ronaldinho, est prestigieuse. Parce que l'audace de son geste était un peu folle. Nous sommes donc au Parc des Princes ce 8 décembre 2002, et Nantes mène 3-2 à quelques minutes de la fin de ce 16e de finale de Coupe de la Ligue lorsque le PSG obtient un pénalty. Ronaldinho va se charger de le tirer. Landreau, histoire de perturber le Brésilien, se positionne volontairement assez loin du point central de sa ligne de but. Il se décale sur sa droite, laissant un espace béant sur sa gauche. Ronaldinho mord à l'hameçon. Il tire… sur la droite du gardien nantais qui, après avoir fait mine de plonger à gauche, est resté du bon côté et stoppe la frappe du Brésilien. Un génial coup de bluff.

Mickael Landreau et les penalties. C'est son image d'Epinal. Dans 15 ans, quand on reparlera du futur recordman des matches joués en Ligue 1, c'est cette spécialité qui viendra en premier lieu à l'esprit. Landreau et les penalties. Pour le meilleur, souvent. Pour le pire, aussi, ce 17 avril 2004. Nantes dispute la finale de la Coupe de la Ligue contre Sochaux. Après la Coupe de France et le Championnat, Landreau peut compléter sa panoplie nantaise. Il a été le héros de la demie contre Auxerre, stoppant un tir au but avant d'inscrire celui de la qualification. En finale, tout se joue encore aux tirs au but. Bon pour Nantes, a priori… Effectivement, Landreau fait le boulot, stoppant les tentatives d'Isabey et Lonfat. Un élément que l'on a parfois tendance à oublier. Si ses coéquipiers avaient fait le boulot, Landreau, une fois encore, aurait été le héros. Mais ces deux arrêts vont disparaître des mémoires, pour ne laisser que celui de Teddy Richert sur… Landreau. Alors qu'il a le titre au bout du pied, le capitaine nantais tente une Panenka. Un geste que beaucoup interpréteront comme un péché d'orgueil mal placé. Richert n'a pas mordu. Resté au milieu de son but, il réussit son arrêt le plus facile depuis les pupilles deuxième année. Deux minutes plus tard, Sochaux remporte la séance et le trophée. Landreau le héros en prend plein la tête.

Quand il quitte Nantes en 2006 pour signer au PSG, Landreau espère garnir son palmarès et franchir un cap. En réalité, il connaîtra plus de moments difficiles qu'autre chose, aussi bien individuellement que collectivement. Mais lors de cette finale de Coupe de la Ligue 2008 contre Lens (oui, celle de la "fameuse" banderole…), il va livrer un de ses meilleurs matches sous le maillot parisien. Pour une finale, c'est une bonne idée. Loin des doutes des mois précédents, Landreau sort même le grand jeu par moments, comme sur cet arrêt de grande classe contre Maoulida, où il va sortir le ballon de sa lucarne gauche. Le PSG s'impose 2-1. C'est l'unique titre remporté par Landreau avec le PSG lors de ses trois saisons dans la capitale. Au passage, il se réconcilie avec cette Coupe de la Ligue, quatre ans après la Panenka contre Sochaux…

Quatre jours seulement après avoir signé un contrat de trois ans en faveur de Lille, il se blesse gravement au genou droit: rupture des ligaments croisés. C'est la première très grave blessure de sa carrière. Jusqu'ici, Landreau n'avait jamais manqué plus de quatre matches de championnat dans une saison. Mieux, à Paris, il avait disputé par trois fois l'intégralité des 38 journées. A 30 ans, on craint un coup fatal pour sa carrière. Mais alors que son indisponibilité est initialement estimée à six mois, il déjoue tous les pronostics médicaux et reprend la compétition dès la fin du mois d'octobre, face à Grenoble. C'est son 450e match en Ligue 1. Le tout premier avec le LOSC. Un de ceux qu'il va le plus savourer…

Dix ans presque jour pour jour après le titre de champion de France conquis avec le FC Nantes, et une semaine après son 33e anniversaire, Mickael Landreau double son total de bagues. Cette fois, c'est avec Lille que le gardien international est sacré, au soir d'un match  nul au Parc des Princes (2-2) face au PSG. Une semaine avant, le LOSC avait déjà remporté la Coupe de France. Ce doublé valide rétrospectivement le choix de Landreau, qui avait rejoint le Nord deux ans avant à son départ du Paris Saint-Germain. Sans être aussi déterminant qu'à son époque nantaise, Landreau a livré une saison solide (il est nommé pour le titre de meilleur gardien de L1) et s'est imposé comme un des incontestables leaders du groupe de Rudi Garcia.

Deux semaines après avoir brutalement quitté Lille en mauvais termes avec ses dirigeants, son entraîneur Garcia et une partie du vestiaire, Mickael Landreau ne tarde pas à rebondir. Il trouve refuge en Corse, à Bastia, qui devient donc le quatrième club de sa carrière. Il totalise alors 568 matches en Ligue 1 et à 33 ans, le record de Jean-Luc Ettori est clairement dans son viseur. 11 mois plus tard, il s'apprête donc à l'égaler. Depuis son arrivée à Bastia, il n'a pas manqué un seul match.