Ligue 1 : L’OM connaît la crise… et sait comment en sortir
Publié 29/01/2014 à 00:32 GMT+1
Ce n'est pas la première crise traversée par l'OM depuis dix ans. Jusqu'ici, Marseille a souvent su se relever de ses temps faibles. Et cette fois ?
Marseille est un club en crise. Et ce n'est pas la première fois que cela lui arrive. José Anigo est bien placé pour le savoir. Après la défaite à Monaco (2-0), son émotion traduisait bien la situation délicate traversée par ce club qu'il a commencé à fréquenter il y a 35 ans, tombé à la 9e place du classement (avec un match en moins) après une campagne européenne calamiteuse. Délicate, mais pas désespérée. "On a connu pire à Marseille, il n'y a pas si longtemps d'ailleurs", a ainsi tempéré l'entraîneur de l'OM. Il n’a pas tort. Son premier mandat de coach, il y a dix ans, avait déjà démarré sur fond de crise. Depuis, le club phocéen a connu d'autres temps que l’on qualifiera de faibles. Mais c'est plutôt l'avenir qui dira si celui-ci est l'un des pires de la dernière décennie sur la Canebière. Car à l'OM, tomber dans la crise est aussi habituel que d'en sortir, assez rapidement en général. Et la vraie question, c'est de savoir si Marseille n'a pas perdu cette habitude.
Janvier 2004 : Perrin perd la main
- Comment l'OM est-il tombé en état de crise ?
Troisième la saison précédente, l'OM se qualifie pour la phase de poules de la Ligue des champions en disposant de l'Austria Vienne (0-1, 0-0) et réussit une bonne entame en L1 qui lui permet de prendre la tête du classement mi-septembre, après une victoire écrasante face au Mans (5-0). Pour l'entraîneur Alain Perrin, les ennuis commencent en novembre. Marseille perd systématiquement ses matches face aux cadors de L1 (1-0 face à Bordeaux, 1-4 face à Lyon, 0-1 face au PSG, 1-2 face à Monaco) et subit quatre défaites synonymes d'élimination en Ligue des champions. Le 15 janvier, alors que Marseille est tombé à la 6e place après un nouveau revers à Auxerre (2-0), Perrin est limogé de son poste pour Christophe Bouchet. "A l'évidence, le ressort était cassé. La fracture constatée avant la trêve ne s'est pas consolidée. J'avais demandé un supplément d'âme, des changements techniques. Les deux sont restés au placard", avait expliqué le président de l'OM.
- Comment l'OM s'en est-il relevé ?
Christophe Bouchet décide de remplacer Perrin par José Anigo, alors responsable du centre de formation. C'est en changement radical de méthode avec une approche beaucoup plus humaine du nouveau coach olympien. L'OM reste très irrégulier en championnat, avec deux séries de quatre et cinq matches sans victoire, et termine à une décevante 7e place. En revanche, il réalise un parcours remarquable en Coupe de l'UEFA, atteignant la finale après avoir éliminé successivement Liverpool (1-1, 2-1), l'Inter (1-0, 0-1) et Newcastle (0-0, 2-0) sous l'impulsion d'un Didier Drogba irrésistible. Marseille manque l'opportunité d'ajouter une deuxième Coupe d'Europe à son palmarès en s'inclinant devant Valence (2-0), mais son épopée européenne lui permet d'effacer la crise traversée en novembre-janvier.
Novembre 2004 : Anigo et la crise, acte I
- Comment l'OM est-il tombé en état de crise ?
Fort du bon parcours européen du club la saison précédente, Anigo est reconduit à son poste d'entraîneur de l'OM pour la saison 2004/2005. Sur le terrain, et malgré un recrutement prometteur (Pedretti, Luyindula, Eduardo Costa, Lizarazu, Fiorèse, Déhu), Marseille n'arrive pas à digérer le départ de Didier Drogba à Chelsea. Le 7 novembre, les Olympiens s'inclinent au Parc face à un PSG pourtant réduit à dix dès la première période (2-1) et tombe à la sixième place du classement. Trois jours plus tard, au Vélodrome, l'OM s'incline de nouveau face au PSG, après avoir mené 2-0, dès les 16e de finale de la Coupe de la Ligue. José Anigo présente une première fois sa démission, refusée par le club. Il en présente une deuxième dix jours plus tard, après un nouveau revers en championnat, à Ajaccio (2-0). Cette fois-ci, elle est acceptée par ses dirigeants.
- Comment l'OM s'en est-il relevé ?
Philippe Troussier, assisté par Albert Emon, est nommé pour succéder à José Anigo le 28 novembre. Marseille se relance après la trêve en signant en signant six victoires en sept matches de L1 qui lui permettent de remonter à la deuxième place du classement, un rang qu'il occupe encore au soir de la 30e journée, malgré une défaite à Monaco (2-1). Ce revers, c'est le début de la fin pour Troussier, dont les méthodes autoritaires ne faisaient pas l'unanimité dans le vestiaire dès son arrivée au club, et notamment auprès du champion du monde Bixente Lizarazu. Il initie une série de 9 matches sans succès pour ponctuer une saison qui voit les Marseillais terminer à la 5e place du classement. Le mandat de Troussier s'avère être un échec, et il est remplacé par Jean Fernandez sur le banc olympien à l'intersaison.
Septembre 2007 : Un mal pour un (grand) bien
- Comment l'OM est-il tombé en état de crise ?
Après avoir guidé l'OM vers une qualification pour la Ligue des champions la saison précédente, Albert Emon est reconduit à son poste d'entraîneur pour 2007/2008. L'OM est considéré comme la seule équipe capable de contrecarrer la domination de Lyon sur la Ligue 1, et son recrutement (Djibril Cissé, Steve Mandanda, Boudewijn Zenden, Karim Ziani, Benoît Cheyrou, Laurent Bonnart, Gaël Givet, Jacques Faty) va dans ce sens malgré le départ de Franck Ribéry au Bayern Munich, qui rapporte cependant 25 millions d'euros à l'OM. La très bonne campagne marseillaise lors des matches amicaux de présaison également (sept victoires et un nul en huit matches). Mais le début de saison est catastrophique avec une seule victoire en neuf matches. Le 25 septembre, trois jours après une défaite à Auxerre (2-0), Emon est démis de ses fonctions.
- Comment l'OM s'en est-il relevé ?
Eric Gerets prend la succession d'Alberto Emon et signe un énorme coup d'éclat dès sa première sur le banc marseillais avec une victoire à Anfield face à Liverpool en Ligue des champions (0-1), grâce à un exploit individuel d'un joueur qui n'avait quasiment pas été utilisé depuis le début de la saison, Mathieu Valbuena. En championnat, l'OM tombe à la 19e place après un piètre nul à domicile face à Lorient (0-0) début novembre, mais se relance la semaine d'après avec un succès de prestige à Lyon (1-2). Le début d'un renouveau qui voit Marseille ne perdre qu'un seul de ses quinze matches suivants et remonter à la 4e place du classement. Les Olympiens subissent une humiliation contre Carquefou (CFA2) en mars, en 8e de finale de la Coupe de France (1-0), mais terminent sur le podium en L1 en battant Strasbourg lors de la 38e et dernière journée (4-3). Une qualification pour le tour préliminaire de la Ligue des champions totalement inenvisageable quelques mois avant.
Saison 2011/2012 : La "grande" crise
- Comment l'OM est-il tombé dans la crise ?
Rarement une saison n'a autant donné l'impression d'une crise permanente à l'OM, pourtant champion de France pour la première fois depuis 17 ans quelques mois auparavant. L’allusion d’Anigo, dimanche, concerne d’ailleurs cette saison noire. D'entrée, Marseille commence par six matches sans victoire, dont trois défaites, qui plongent le club dans une mini-crise de résultats. Celle-ci semble s'éloigner avec une victoire face à Ajaccio (2-0) le 22 octobre, mais cette rencontre fait éclater au grand jour les tensions entre Deschamps et son directeur sportif, José Anigo. DD affirme que "tout le monde ne tire pas dans le même sens au club", et Anigo répond en le qualifiant de "Caliméro". L'OM se redresse quand même et pointe à la 4e place du classement au soir de la 24e journée, avant de retrouver l'Inter en 8e de finale de la Ligue des champions. Incapables de mener les deux compétitions de front, les Marseillais enchaînent 13 matches sans victoire en L1, dont 9 défaites, et terminent à la 10e place au classement. Malgré un nouveau sacre en Coupe de la Ligue, la situation est devenue trop conflictuelle entre l'entraîneur et ses dirigeants. Deschamps et l'OM se séparent début juillet.
- Comment l'OM s'en est-il relevé ?
Elie Baup est nommé au mois de juillet 2012 pour succéder à Didier Deschamps, qui deviendra sélectionneur de l'équipe de France. Avec l'ancien entraîneur des Girondins, l'OM signe le meilleur départ de son histoire en championnat avec six victoires en six matches et prend la tête du classement malgré une absence de renfort lors du mercato estival. A défaut d'être spectaculaire, Marseille affiche une solidité collective et une rigueur défensive qui lui permettent de confirmer sa bonne entame. Les défaites face au PSG en Coupe de France (2-0) et Coupe de la Ligue (2-0) ne sont pas considérés comme des échecs majeurs, à l'inverse d'une campagne européenne qui voit le club phocéen disparaître dès la phase de poules de la Ligue Europa. Le seul bémol de la saison d'un renouveau inattendu, symbolisé par une deuxième place synonyme de qualification directe pour la Ligue des champions.
Décembre - ? : Baup et Anigo dans le même bateau
- Comment l'OM est-il tombé dans la crise ?
La qualification directe pour la Ligue des champions permet à l'OM d'être plus actif sur le marché estival, avec une politique de recrutement axée sur le jeunisme : Florian Thauvin, Dimitri Payet, Mario Lemina, Benjamin Mendy et Gianelli imbula débarquent sur la Canebière, et les premières impressions laissent apparaître un potentiel offensif plus fort, mais aussi un secteur défensif moins solide. Cette lacune apparaît au grand jour en Ligue des champions, où Marseille devient le seul club français à boucler la phase de poules avec six défaites en six matches. Le 6 décembre, après une deuxième défaite consécutive en championnat, à domicile face à Nantes (0-1), Elie Baup est démis de ses fonctions d'entraîneur et remplacé par son directeur sportif, José Anigo. Malgré un succès à Evian (1-2), 2014 débute très mal pour l'OM avec deux éliminations en Coupe de la Ligue à Lyon (2-1) et en Coupe de France face à Nice (4-5), puis une défaite à Monaco en L1 (2-0) qui le fait chuter à la 9e place. L'électrochoc espéré est un échec, et la tension monte entre Anigo et les supporters.
- Comment l'OM va-t-il s'en relever ?
Au lendemain de la défaite à Monaco, Albert Emon est nommé entraîneur adjoint de José Anigo. Reste maintenant à savoir si cela marquera le point de départ du renouveau pour l'OM. Ou une étape vers une chute encore plus lourde.
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