Ligue 1 - OM : Comment Marcelo Bielsa les a changés

A Rennes, l'OM tentera de décrocher son premier succès à l'extérieur depuis quatre mois. Cette incapacité à s'imposer loin du Vélodrome s'explique, notamment, par une baisse de régime des joueurs cadres, comme André-Pierre Gignac et Dimitri Payet, excellents jusqu'à l'automne dernier où leurs performances ont commencé à décliner. C'est alors que plusieurs éléments du groupe olympien ont pris le relais pour permettre à l'OM de ne pas quitter le haut du classement. Et si l'OM peut (re)prendre la tête du championnat ce week-end, c'est en grande partie grâce à ces joueurs moins médiatiques que leurs partenaires.

Vendredi dernier, Jérémy Morel a eu une curieuse sensation en quittant le stade après la victoire face à Evian Thonon-Gaillard (1-0). Brocardé par une large partie des supporters depuis son arrivée à Marseille il y a trois ans et demi, le défenseur a eu droit à une impressionnante ovation des deux virages du Vélodrome. L'ancien Lorientais venait de traverser tout le terrain pour presser un joueur adverse et provoquer une touche. "Il y a toujours eu mon nom qui résonnait dans le Vélodrome, s'amuse Morel. Là, c'était différent. C'est mieux quand ça se passe comme ça."

Comment l'ancien latéral gauche conspué pour ses erreurs techniques a-t-il pu devenir en l'espace de six mois le nouveau chouchou des très exigeants supporters marseillais ? Pour expliquer cette radicale transformation, il convient de revenir au mois de juin. A cette époque-là, Jérémy Morel découvre la volonté de son entraîneur de le faire évoluer en défense centrale. "Le coach est venu vers moi m'expliquer qu'il souhaitait que je change de poste, explique posément Morel. Ça s'est fait naturellement car il m'a expliqué qu'il avait vu toutes mes vidéos de la saison dernière. Et mes qualités pouvaient s'exprimer en défense centrale. C'est vrai que je prends du plaisir ce poste."

En replaçant Morel en charnière centrale, Bielsa a vu juste. Rod Fanni avoue pourtant ne pas avoir anticipé le changement de poste de son coéquipier. "Au début, j'ai été très surpris de voir Jérémy (Morel) prendre cette position dans l'axe, avoue le Martégal. Mais il sait tout faire. C'est un bagarreur. Ça lui va bien. S'il se sent bien à ce poste-là, qu'il continue !" L'entraîneur olympien a tiré profit de l'expérience de Morel sur un côté pour lui faire découvrir un nouveau rôle. "En évoluant au centre de la défense, il sait comment couvrir l'arrière gauche, explique Bielsa. Il a vraiment toutes les qualités pour être un bon défenseur central. Car il aime bien prendre le ballon à l'adversaire. Il possède aussi le meilleur jeu aérien de l'équipe malgré une taille moyenne. Et puis il est très rapide." En six mois, Morel a quitté son habit d'arrière gauche souvent décrié pour enfiler le costume défenseur central presque adulé...

Brice Dja Djédjé a connu également une incroyable mutation depuis l'arrivée de Marcelo Bielsa. El Loco a su transfigurer le défenseur ivoirien en le faisant énormément travailler à l'entraînement. "C'est vrai que le coach est toujours derrière moi, avoue Dja Djédjé. Il ne me lâche pas !" Cet attachement est réciproque car le défenseur olympien a refusé de partir à la Coupe d'Afrique des Nations cet hiver. Il a préféré rester à Marseille pour continuer sa progression avec son nouveau mentor. Et ses efforts ont fini par payer. Meilleur Olympien depuis le début de l'année, Dja Djédjé satisfait toujours son entraîneur qu'il soit aligné à son poste fétiche d'arrière droit ou qu'il bascule le temps d'un match dans l'autre couloir, comme ce fut le cas à Nice.

Si Bielsa pousse Dja Djédjé dans ses retranchements pour le faire évoluer, c'est parce qu'il estime que son poulain possède de grandes qualités pour devenir une arme importante de l'OM. "Les arrières latéraux évoluent sur trois hauteurs sur le terrain, explique le technicien olympien. Sur le tiers inférieur, ils défendent ; au milieu, ils participent à l'organisation du jeu ; et sur le dernier tiers, ils doivent agir comme des ailiers. Brice (Dja Djédjé) possède les facultés pour résoudre ces trois situations." Dans un système de jeu où les latéraux ont une importance capitale, l'apport de l'ancien défenseur d'Evian TG est devenu essentiel.

Outre l'accent mis sur le caractère tactique de son poste, Dja Djédjé a aussi pris confiance en son jeu. "Il a gagné en maturité, souligne Rod Fanni. Il dégage plus d'assurance qu'à son arrivée. Maintenant, il ose beaucoup plus de choses. Physiquement, il se sent très bien. Et ça se voit grâce tous les efforts qu'il réalise." Présent sur l'autre flanc de la défense olympienne, Benjamin Mendy fait aussi partie des joueurs que Bielsa a remis en selle après une saison difficile. Mais l'entraîneur argentin sait qu'il faudra que toute son équipe hausse son niveau de jeu pour rester dans le peloton de tête. A lui, maintenant, de mobiliser l'ensemble de ses troupes...