Mercato - Cas pratique : Comment, avec Bastos, Lille a trouvé la perle rare

Jean-Luc Buisine, patron de la cellule de recrutement de Stade Rennais qui a officié à Lille entre 2003 et 2011, a une habitude : tous les trois mois, il répertorie les meilleurs buteurs des principaux championnats dans le monde. A cette occasion, un jour de 2005, il repère Michel Bastos. Dix buts pour un arrière gauche, ce n'est pas commun. Voilà qui tombe plutôt bien puisque Claude Puel, alors entraineur du LOSC, cherche un gaucher pour remplacer Philippe Brunel.

"Je vois que Bastos est passé par les Pays-Bas (ndlr : Excelsior) et je fais jouer mon réseau", nous confie Buisine. "On me dit qu'il a une super patte gauche, ça éveille mon intérêt." La cellule recrutement met en place sa mécanique habituelle : elle visionne des vidéos de Bastos et, convaincu par ce qu'il a vu, le patron du recrutement lillois  traverse l'Atlantique : "Son président à l'Atlético Paranaense en réclamait 6 millions de dollars. C'était hors budget, on abandonne le dossier même si je le garde dans un coin de ma tête."

Mais Bastos se blesse. Un an et demi plus tard, il a disparu des radars. Son club connaît de gros soucis financiers. Si le Brésilien est encore convalescent, Buisine veut tenter le pari. Il reprend son passeport et reste dix jours à Curitiba. Il revient avec Bastos dans les bagages après avoir lâché 2 millions de dollars non sans avoir fait ausculter le Brésilien, toujours sur une jambe, par le médecin du LOSC.

Sauf que tout ne se passe pas comme prévu. Les quatre premiers mois sont catastrophiques. Puel n'en veut plus et Buisine avance sur le dossier Jérôme Rothen, en difficulté au PSG, pour le mercato d'hiver. Bastos va retourner chez lui, c'est écrit. Avant de plier bagage, il dispute le derby à Bollaert face à Lens. A la 70e minute, il tire son premier coup de canon. Bastos ne repartira pas. Il finira meilleur passeur de l'exercice 2008-09 et signera à Lyon contre 18 millions d'euros. Lille a bien fait de persévérer.