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Avant Sunderland - Leicester : A Monaco, personne n'a oublié le "Mister" Ranieri

Didier Balayer

Mis à jour 10/04/2016 à 00:37 GMT+2

PREMIER LEAGUE - Gagneur, sympathique, méthodique, très présent pendant les entraînements, Claudio Ranieri, qui pourrait bien conquérir son premier titre de champion cette saison en Premier League avec Leicester, a laissé une vraie trace à Monaco où il a gagné le respect de tous, les joueurs en premier lieu.

Claudio Ranieri was the real winner of the north London stalemate

Crédit: Eurosport

Sur les hauteurs de la Principauté, personne n’a oublié le sémillant et pétillant Claudio Ranieri. Et pour cause, l’ancien coach de la Juventus fut une personnalité très appréciée durant son mandat monégasque (2012-2014). Cette affection, "El Mister" la partageait notamment avec les supporters asémistes, mais aussi avec la majeure partie de son effectif, lequel a vécu une saison absolument inoubliable au moment de la remontée du club en L1 (mai 2013). Des joueurs qui ont été rapidement convaincus par la méthode de Ranieri, basée sur la répétition et sur l’intensité lors des entraînements prodigués durant la semaine.
D’ailleurs, voir s’enthousiasmer et s’agiter l’Italien lors de certaines séances était en soi un spectacle assez saisissant pour les habitués de la Turbie. Car, contrairement à ce que son âge pouvait laisser supposer sur son investissement au quotidien, Ranieri - qui avait déjà plus de 60 ans au moment de son arrivée en Principauté - n’est pas un manager à l’anglaise. Loin de là… Ainsi, durant la semaine, l’ancien de l’AS Rome ne se ménage pas, et aime plus que tout animer lui-même les séances. Au cœur de l’action, il ne se met pas à l’écart des débats.

De l'humour en point presse, beaucoup moins pendant les séances

Le mardi 4 février 2014, quelques heures avant les présentations officielles de Berbatov et Abdennour, on en avait eu la confirmation de visu lorsque Ranieri avait ouvert une séance à la presse, et ce pour notre plus grand plaisir… Ce matin-là sous un crachin typiquement britannique, on avait alors découvert un Claudio aux antipodes de celui qu’on pouvait parfois croiser en ville. Bien loin de l’image du technicien faisant volontairement de l’humour en point presse, on se remémore avec vigueur certaines scènes au cours desquelles Ranieri hurlait sur ses ouailles à chaque mauvais repli défensif : "La pressione ! Attenzione, le marquage…". Comme des rappels à l’ordre pour bien préparer les rencontres du week-end.
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Claudio Ranieri

Crédit: Imago

Christian Damiano qui a bossé avec lui à l’AS Rome et à l’Inter Milan en tant qu’adjoint décrypte le phénomène : "Sa conception, c’est d’abord respecter les fondamentaux, les bases du football"."Il a une vraie intelligence par rapport à tout ce qui est tactique", nous confiait également Éric Abidal.
Des bases que ses anciens protégés n’ont pas oubliées. C’est le cas de Jessy Pi, formé à l’ASM et lancé dans le grand bain de la L1 après une blessure inopportune de Jérémy Toulalan dans l’enfer du Vélodrome (septembre 2013). "Quand on me parle de monsieur Ranieri, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est le Mister…" C’est-à-dire ? "Oui, c’est un grand monsieur du football, c’est donc une marque de respect par rapport à toute sa carrière, nous glisse le milieu de terrain prêté à Troyes jusqu’à la fin de la saison. Dès mon intégration dans le groupe professionnel de l’ASM, on m’a d’ailleurs clairement fait comprendre que c’est comme ça qu’il fallait appeler le coach. Le Mister !"
Il veut tout le temps gagner, c'est une obsession
Une forme de respect que l’ancien de Chelsea impose également à son vestiaire. "A nous les joueurs, on ne peut pas dire qu’il parlait beaucoup, reprend Pi. Il garde une certaine distance. Avec le Mister, il n’y avait donc pas de grandes discussions, de grands discours. Mais ce que j’ai aimé chez lui, c’est qu’il ne faisait pas de différence entre les joueurs. Que tu sois Falcao, James Rodriguez, ou un jeune joueur du centre de formation sans expérience, c’était la même chose. C’est notamment pour cette raison que j’ai pris autant de plaisir à travailler avec Monsieur Ranieri. J’en profite pour lui envoyer tous mes vœux de réussite avec Leicester. J’espère qu’il va être champion en Premier League".
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Claudio Ranieri et les joueurs de l'AS Monaco à l'entraînement, Ligue 1 2013-2014

Crédit: AFP

Ces souvenirs agréables à souhait, Marcel Tisserand les garde aussi dans un coin de sa tête. "Ranieri ? Je me souviens d’un coach ultra-compétiteur, souffle l’actuel défenseur du TFC, prêté par l’ASM. En fait, c’était un entraîneur qui préférait gagner que bien jouer. Et ce, en toutes circonstances". "Pour moi, Ranieri c’est d’abord la rigueur, précise Mounir Obbadi qui a été transféré à Monaco en janvier 2012. Après, avec lui, il faut aussi intégrer qu’il n’y a rien de garanti concernant le temps de jeu. Mais il n’est pas si différent des autres coaches que j’ai pu connaître dans ma carrière (Antoine Kombouaré, Alain Casanova, Dominique Arribagé)", reprend Tisserand. "Ce qui le différencie des autres, c’est plutôt son esprit compétiteur qui est surdimensionné. Il veut gagner, gagner, et encore gagner ! Tout le temps. C’est une obsession."
"C’est vrai, confirme l’actuel relayeur du LOSC, Mounir Obbadi. Claudio Ranieri, c’est un entraîneur avec une expérience immense, un charisme incroyable. Il sait très bien se faire écouter de son groupe, mais il sait toujours être à l’écoute de ses joueurs. Ça fonctionne dans les deux sens… C’est pour ça que je le trouve remarquable. Puis, il porte en lui cette grinta. Ce trait de caractère qu’il transmet à ses joueurs".
Il te fait sentir que tu es unique
Une mutation que décrypte parfaitement Marcel Tisserand. "En fait, il arrive à transformer les joueurs car il te fait sentir que tu es unique dans l'effectif ! A chaque joueur, il arrive à faire passer ce message. Conséquence, tu te sens important quand tu évolues sous ses ordres. La confiance, c’est un maitre mot pour le football. D’ailleurs, il te donne sa confiance seulement quand il sent que tu as confiance en lui et que toi-même, tu as confiance en toi. Peu importe l'expérience que tu peux avoir… C’est notamment ce qu'on a pu voir avec Layvin (Kurzawa) et moi par exemple."
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Claudio Ranieri incrédule lors de Valenciennes-Monaco (Ligue 1, 2013-2014)

Crédit: Panoramic

Seulement à Monaco, sa personnalité un peu "old school" et sa faconde méditerranéenne ont fini par lasser jusqu’aux têtes pensantes du projet piloté par le milliardaire russe, Dmitry Rybolovlev. "Je ne vais pas le cacher, j’étais déçu qu’il parte, souffle Obbadi. Ça reste un grand coach, il faut donc respecter l’Homme et tout ce qu’il a réalisé pour l’AS Monaco. D’ailleurs, le Mistera fait beaucoup de choses pour moi, je lui dois énormément. Il m’a mis en lumière. Comme le club de Monaco aussi…".
Un salarié de l’ASM, sous couvert de l’anonymat, enchaîne : "Claudio Ranieri avait une méthodologie ancienne, alors que Leonardo Jardim, c’est plus moderne dans son approche du football. Dans toutes les séances à la Turbie, le ballon est désormais au centre de l’entraînement. C’est la grande différence entre les deux hommes". Y en a-t-il d’autres ? "Oui, au niveau de la communication, c’est aussi très différent. Ce sont deux styles de leadership qui n’ont rien à voir. Mais attention, je respecte beaucoup le travail de Ranieri, et ce qu’il a accompli pour le club". Même loin de la douce Principauté, Ranieri a tout de même marqué de son empreinte la Ligue 1.
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