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Mercato : Monaco a beaucoup perdu, mais avec Coentrao, il s’offre du caractère

Nicolas Vilas

Mis à jour 02/09/2015 à 11:28 GMT+2

TRANSFERTS - En misant sur Fabio Coentrao pour compenser le départ de Layvin Kurzawa, l’AS Monaco acquiert de l’expérience, mais surtout du caractère. Portrait du plus fameux des blondinets portugais.

Fabio Coentrao (Real Madrid), face à l'Atlético en avril 2015

Crédit: Panoramic

Ne vous fiez pas aux apparences. Derrière son physique frêle, son œil rieur et sa chevelure décolorée, Fábio Coentrão cache une âme de guerrier, de batailleur. L’AS Monaco vient de réaliser un joli coup pour un gars qui n’a peur ni d’en prendre, ni d’en donner. Le gaucher du Real débarque en prêt sur le Rocher. Les jambes "enfourmillées" et le cœur léger. Le dixième Portugais de l’histoire de l’ASM débute une nouvelle vie. Une de plus pour le blondinet de 27 ans.
Le jour de la présentation de Coentrão, Vadim Vasilyev était tout sourire : "On prend un joueur avec de l’expérience." Coentrão est arrivé un peu comme un sauveur. Au lendemain de l’élimination de Monaco en barrages de Ligue des champions. Le Portugais compte plus de 50 matches européens, autant de capes avec la Seleção. Il remplace un Kurzawa aux 8 matches de C1 et 2 sélections avec les Bleus, presque novice au niveau international. Le Français n’a que 22 piges, c’est vrai. Mais à son âge, Coentrão était déjà un habitué du top niveau.
Une vraie plus-value pour Monaco… et la Ligue 1
Loin d’être cramé, le Madrilène est la recrue monégasque la plus âgée de l’été (loin devant Guido Carrillo, 24 ans). Et elle a aussi un palmarès : une C1 (2014), une Coupe du Roi (2014), une Liga (2012), deux Supercoupes d’Espagne (2012, 2014), une Liga portugaise (2010), deux Coupes de la Ligue (2010, 2011), une Supercoupe de l’UEFA (2014), une Coupe du Monde des clubs (2014). Celui que Cristiano Ronaldo décrivait comme "l’un des meilleurs footballeurs du monde" juste avant qu’il ne le rejoigne au Real Madrid s’installe en L1.
"Monaco peut être gagnant en remplaçant Kurzawa par Coentrão, commente Marco Ramos, le latéral gauche portugais formé à l’ASM. Si ce dernier retrouve son rythme, c’est tout bénéf'. J’aime beaucoup Kurzawa, j’ai joué contre lui quand j’étais à Auxerre. Mais Coentrão est un joueur déjà confirmé, pétri de qualités. Reste qu’il a connu pas mal de blessures ces dernières saisons." L’international lusitanien sort d’une saison à 17 matches. Il atteint à peine la quarantaine sur les deux dernières. "Mais il a prouvé en sélection que même s’il était rarement titulaire en club, il était toujours performant et ambitieux", (r)assure l’ancien Lensois.
Pour Hassen Yebda, qui a été coéquipier du blondinet au Benfica (2009-2011), "l’arrivée de Fábio Coentrão est une vraie plus-value pour Monaco mais aussi pour la Ligue 1". "C’est un joueur qui au-delà de ses énormes qualités possède une réelle expérience du très haut niveau. Il a connu le Benfica, le Real, l’équipe du Portugal. C’est bien pour son nouveau club et pour tout le championnat d’attirer ce type de joueurs."

Tête blonde brûlée

Dans son CV, le gaucher compte aussi quelques 92 cartons (84 jaunes, 6 jaunes cumulés dans le même match et 2 rouges directs) récoltés au cours des plus de 310 rencontres que comptent sa carrière pro (club + sélection A). Annoncé et cogité un temps par le PSG, Coentrão ne partage pas la "zénitude" d’un Maxwell (29 jaunes, aucun rouge en près de 500 matches pro). A part la qualité de leur patte gauche, les deux hommes n’ont pas grand-chose en commun. Né d’un père ingénieur et d’une mère prof de langue, le Brésilien a grandi dans un environnement stable et saint. Fábio, lui, a connu pas mal de galères.
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Fabio Coentrao avec la sélection portugaise en 2010

Crédit: AFP

Fábio Alexandre da Silva Coentrão grandit dans le quartier des Caxinas, à Vila do Conde. Ce modeste hameau de pêcheurs a enfanté des Paulinho Santos, André, Hélder Postiga, connus pour leur talent de footballeur et leur caractère passionné. Gamin, Fábio sèche les cours, la messe et n’a déjà qu’une obsession : le ballon, avec ses potes. Ses anciens voisins ne comptent plus les vitres cassées et les embrouilles qui se jouaient devant leur palier.
Il intègre l’école de foot du Rio Ave à l’âge de 12 ans. Mais il n’a pas encore d’adoration pour l’effort. Il fait exprès d’oublier ses crampons à la maison, histoire de dribbler les entraînements. L’esquive ne dure qu’un temps. Une paire l’attend maintenant dans le bureau de son éducateur. Une claque va bientôt le secouer. Les fins de mois sont difficiles. A 13 ans, Fábio bosse comme peintre. "J’ai eu une enfance difficile mais heureuse", confesse-t-il "sans honte".

Une image de fêtard

Au début des années 2000, ses parents Bernardo et Josefina émigrent en France, où ils resteront dix longues années. Ses deux frères, António et Rui, sont aussi du voyage. "Je voulais y aller, mais le Rio Ave a dit à mes parents que je pouvais avoir du succès dans le football. Nous avons donc opté pour cette décision. Ce fut une vie difficile pour moi", expliquait-il en 2011 à Marca. C’est sa marraine et tante Fernanda qui l’accueille chez elle. L’ado collectionne les sorties, les amourettes et cultive son talent pour le foot. "Il m’avait raconté que ses parents étaient dans le sud de la France et qu’il allait les voir de temps en temps, se souvient Yebda. Je lui demandais si, du coup, il parlait français et il me disait que non, en se marrant."
L’international algérien décrit "un garçon très gentil". "C’est quelqu’un de bien dans un groupe." Ce bon vivant, propriétaire de deux bars à Vila do Conde (Maximus 18 et le Seca Bar), traîne une image de fêtard. "Il aime parfois s’amuser, comme tout le monde…", dédramatise le milieu de terrain. Un mec entier qui n’avait pas hésité à aller au duel avec certains dirigeants du Benfica, des adjoints de Mourinho, ou certains adversaires. Un homme engagé qui, en mai 2011, avait posé aux côtés de leader socialiste José Sócrates, en pleines législatives. Un mari et un père aimant. Andreia Santos, sa moitié, Vitória et Henrique ne sont jamais bien loin de lui.

Un parcours pas si facile

L’intéressé le confiait lui-même en 2009, l’année du tournant : "Avant je ne pensais qu’avec mes pieds." A la relance au Benfica, il sera ressuscité et converti latéral gauche par Jesus. "Jorge Jesus a fait de moi un joueur et un homme meilleurs", remercie Coentrão. Le natif de Vila do Conde sortait d’une saison pénible. De ses quelques mois de prêt à Saragosse en D2 espagnole, il en garde "le pire souvenir de (sa) carrière". Pas utilisé (1 match) et pas payé. Marcelino Toral était alors son coach. "Il a eu un bon comportement", affirme l’actuel entraîneur de Villarreal qui confie encore : "Je n’ai jamais pensé le faire jouer latéral. Il était beaucoup plus offensif que défensif."
Très tôt comparé à Quaresma, il avait été baptisé du sobriquet de "Figo des Caxinas", au Rio Ave. Ladji Keita a été complice de ses débuts en pro. L’ancien attaquant de Valence (celui de la Drôme) se souvient : "Il jouait en attaque avec moi. Lui sur le côté, moi dans l’axe. Techniquement, il était très, très fort. Il était jeune et n’avait peur de rien. Il avait beaucoup de qualités, mais n’avait pas encore de conseiller. Mendes est venu le chercher pour le mettre au Benfica."

Bloqué par Di Maria, il est reconverti arrière gauche

Mais à la Luz, c’est d’abord la lose. Lorsqu’il arrive en 2007, il a le couloir bouché par un certain Angel Di Maria. "Je suis aussi fort que lui", lance l’intrépide vilacondense. Il expliquera plus tard : "Si je ne me défends pas, qui va le faire ?" S’en suivront ses prêts au Nacional, à Saragosse et au Rio Ave. Lorsqu’en 2009, il est de retour à Lisbonne, JJ vient d’être embauché. Mais c’est encore loin d’être gagné. Yebda se remémore : "Après son prêt au Rio Ave, il était un autre joueur. Il avait effectué des rentrées lors de matches de préparation comme milieu gauche. On voyait que Jesus ne comptait pas sur lui à ce poste. Il était toujours en concurrence avec Di Maria. Et dire qu’ils auraient pu se retrouver ensemble au PSG… "
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Fabio Coentrao en 2011, sous le maillot du Benfica Lisbonne.

Crédit: AFP

La conversion de FC ne va pas tarder. Yebda : "Notre latéral gauche s’est blessé. Jesus l’a aligné à ce poste-là, Coentrão a fait un super match et il a gagné sa place." Non sans étonnement : "Franchement, je ne l’imaginais pas jouer à ce poste. Physiquement il ne payait pas de mine, il était très bon techniquement, mais il a démontré qu’il avait aussi du coffre." Et un gros moteur sous le capot.
Coentrão va enquiller plus de 100 matches entre 2009 et 2011 avec le Glorioso, où les supporters le pleurent encore. Incroyable destinée pour ce Sportinguiste "de naissance". "J’étais pour le Sporting mais j’adore le Benfica", corrige-t-il. S’en suivra son transfert à 30 millions d’euros pour le Real Madrid. Et toute la pression qui va avec. Ainsi l’avait souhaité José Mourinho qui, en 2006-2007, l’avait mis à l’essai à Chelsea. "Je suis resté un mois et j’ai adoré travaillé avec lui, mais il a quitté le club", se souvient l’intéressé. Le Mou l’abandonnera encore, à Madrid. Cristiano assurera son rôle de pote. A Monaco, Coentrão déboule avec un statut et une nouvelle tâche. C’est maintenant à lui de jouer les grands frères.
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