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Ligue 1 : la déroute de Monaco à Lyon, tout sauf un hasard

Nicolas Sbarra

Mis à jour 09/05/2016 à 08:43 GMT+2

LIGUE 1 - L'AS Monaco est complètement passée à côté de sa "finale" pour la deuxième place à Lyon (6-1). Cette fessée est venue ponctuer une saison cahoteuse qui laissait présager un tel dénouement depuis plusieurs semaines. Les derniers espoirs de Ligue des champions pourraient même s'envoler dès samedi prochain sans une réaction rapide.

Leonardo Jardim, l'entraineur de l'AS Monaco

Crédit: AFP

Leonardo Jardim a parlé d'un "accident". Mais plus qu'une révélation, c'est une confirmation. La raclée subie par Monaco à Lyon samedi soir, dans ce qui était présenté comme une finale pour la deuxième place de la Ligue 1, ne vient pas de nulle part. Peut-être pas avec un tel écart (6-1), mais personne ne peut dire qu'il ne l'a pas sentie venir. Avant le choc, l'ASM était déjà passée derrière l'OL. Elle avait perdu la main dans la course à la qualification directe en Ligue des champions. Cet échec, confirmé lors de cette 37e journée, est dans la continuité des dernières semaines de compétition. L'ASM a seulement fait son "pire match, dans un match où on doit être les meilleurs", a regretté Danijel Subasic, arrivé en janvier 2012.
Au soir de la 27e journée, fin février, les joueurs princiers comptaient dix points d'avance sur les Gones. A cette époque-là, Jean-Michel Aulas continuait de fixer cet affrontement du 7 mai comme objectif pour conquérir la deuxième place. Ça fait mal de l'avouer pour les Monégasques, mais le président rhodanien avait raison. Si son équipe est depuis transfigurée et a réalisé une superbe phase retour, elle a aussi profité des réelles faiblesses monégasques, qu'elle n'a fait que mettre en pleine lumière ce samedi.
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Lacina Traoré (Monaco) a été expulsé à Lyon

Crédit: Panoramic

Une trajectoire opposée à celle de l'OL

"Sur les trois derniers matches, on jouait bien", a argumenté Jardim lors de la conférence de presse d'après-match. En y regardant de plus près, ce n'est pas si évident. Monaco a battu le fantôme de l'Olympique de Marseille encore coaché par Michel (2-1), un résultat qu'il fallait relativiser. Contre Rennes, une semaine plus tard, les Rouge et Blanc ont grandement reculé et ont trop subi les événements pour résister (1-1). Et lors de la dernière journée, le succès contre Guingamp (3-2) a été marqué du sceau de l'efficacité… offensive. Derrière, des grossières erreurs défensives ont gâché une certaine maîtrise dans le jeu (3-2).
Sur les six dernières journées de Ligue 1, les Monégasques n'ont engrangé que sept points. Ce n'est que le 12e bilan de l'élite sur cette période. Quand Lyon possède le meilleur (16 points), devant le PSG (15). L'ASM a été invaincue durant huit journées, de début février à fin mars. Mais la réussite qui a accompagné les Asémistes n'est plus au rendez-vous depuis les défaites successives face à Bordeaux (1-2) et à Lille (4-1), où l'équipe avait lâché en seconde période.
L'ASM a été trop irrégulière semaine après semaine et à l'intérieur même d'un match, les performances références se comptant sur les doigts d'une main. La saison a été trop longue pour que les résultats suivent jusqu'au bout, en dépit de ce contenu peu flatteur. A marcher sur un fil, Monaco a perdu l'équilibre.
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La joie des Lyonnais face à Monaco

Crédit: Panoramic

Le Rocher n'en est plus un depuis longtemps

Quand l'ASM perd, elle ne fait pas semblant. Six des sept défaites de la saison en championnat l'ont été avec au moins trois buts encaissés. Dans un Parc OL en fusion et face à une attaque de feu, la défense des joueurs du Rocher a pris l'eau de toutes parts. Ça lui pendait au nez depuis un moment déjà. Avant même cette rencontre, l'équipe de Jardim ne représentait que la 10e défense de Ligue 1. Elle n'a plus réussi de clean sheet depuis fin mars et le déplacement à Paris (0-2), soit six matchs. Le constat statistique ne pardonne pas : avec 50 buts encaissés jusque-là, Monaco est pratiquement deux fois plus perméable que la saison passée (26). D’ailleurs, à l'époque, la forteresse la plus solide de France était princière.
Au vu de son ampleur, cette défaite fait tout de même date. De quoi raviver des mauvais souvenirs dans l'esprit des supporters du maillot à la diagonale. La dernière fois que les Monégasques ont encaissé six buts dans un match officiel, c'était en février 2008 contre Bordeaux (0-6). La formation alors entraînée par Ricardo avait même pris tous les buts… en une mi-temps à Louis-II. Lors d'un déplacement, il faut remonter à 1961 pour retrouver une telle déroute (6-0). Leonardo Jardim n'est pas non plus habitué à repartir avec la besace aussi remplie. Jamais une équipe qu'il dirigeait n'avait encaissé plus de quatre buts.

Un an plus tard, un effectif réellement diminué

Un an après avoir terminé en trombe pour glaner la troisième place aux dépens de Marseille et Saint-Etienne, les Asémistes se retrouvent à ce même rang à cause d'un sprint final décevant. Il faut dire que Jardim ne possède plus vraiment les mêmes armes. Lors de la 37e journée la saison passée, le Portugais alignait Fabinho, Raggi, Carvalho et Kurzawa en défense, Kondogbia avec Toulalan au milieu, Moutinho entouré de Silva et Carrasco, ainsi que Martial en pointe.
Ce samedi, Raggi comme Jemerson ont évolué à des postes de latéraux qui ne sont pas les leurs, pour compenser la suspension de Fabinho et le niveau décevant d'Echiejile. Bakayoko n'arrive pas à faire oublier Kondogbia comme cela était attendu. L'absence sur blessure de Moutinho au milieu de terrain est très préjudiciable, individuellement comme collectivement. Costa est très très loin du niveau de Carrasco. Et le niveau abyssal de Lacina Traoré, chargé de compenser l’absence de Vagner Love, n’est même pas comparable à celui de Martial dans le sprint final. L'addition est donc lourde.
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Alexandre Lacazette (Lyon) face à Hélder Costa (Monaco)

Crédit: Panoramic

Depuis le début de la saison, régulièrement après un faux-pas du club princier, le coach portugais ou certains de ses joueurs se réfugient derrière le mercato de l'été dernier, où une véritable saignée a eu lieu. Encore cette semaine, à propos des départs de Carrasco, Martial, Berbatov, Kondogbia, Kurzawa et Abdennour, Subasic a déclaré : "Personne ne le dit mais qui résisterait à ça ? Les gens connaissent le foot ou quoi ?". Qui plus est, leurs départs n'ont pas forcément été compensés. Ou quand le projet à moyen et long terme du club a pris le pas sur la politique sportive de la présente saison.

Monaco peut vraiment tout perdre

La stratégie des dirigeants monégasques, orientée vers la promotion de jeunes joueurs, est risquée. Ils ont longtemps cru que cela fonctionnerait dans une Ligue 1 peu concurrentielle et ne sont pas résignés. "J’ai toujours dit qu’il y avait deux chemins : par le biais de la deuxième place mais aussi par la troisième comme l’an passé où on a échoué sur les barrages", a rappelé Leonardo Jardim. Mais cette troisième place est loin d'être assurée avant la 38e et dernière journée. Monaco est en position de tout perdre, surtout après avoir reçu un aussi rude coup sur la tête. "Si nous livrons à nouveau un match comme celui contre Lyon, ce sera difficile. Il faut se remobiliser", réclame Jérémy Toulalan.
Le voisin niçois, à la faveur de son succès face à Saint-Etienne, est revenu à seulement deux points. Et l'OGCN possède une différence de buts très favorable (+16 contre +5). Pour ne pas regarder du côté de Guingamp, où se déplaceront les Aiglons samedi prochain, les Monégasques ont besoin de battre Montpellier, qui reste sur quatre succès. En cas de nul ou de défaite, ils s'exposeraient à une victoire niçoise. Le risque de ne même pas participer au troisième tour de qualification et à un éventuel barrage est réel. Ce qui serait très problématique pour l'exposition dont a besoin le club de Dmitry Rybolovlev pour être pérenne financièrement.
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