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Pourquoi les investisseurs français ont déserté la L1

Martin Mosnier

Mis à jour 17/01/2017 à 18:12 GMT+1

LIGUE 1 – Gérard Lopez est le nouveau propriétaire du LOSC depuis cette semaine. L'homme d'affaires hispano-luxembourgeois entretient une forte dynamique de nouveaux investisseurs en L1. Mais les grandes entreprises et les mécènes français restent en retrait. Le salut du championnat de France passera par l'étranger. Pourquoi ? Eléments de réponse.

Nasser Al-Khelaïfi et Frank McCourt

Crédit: Panoramic

Quinze ans, une éternité dans le football professionnel. Une page s'est tournée ce week-end au LOSC. Michel Seydoux s'en est allé après quinze années à la tête du club nordiste. Il laisse la place à un investisseur hispano-luxembourgeois. Gérard Lopez prend les commandes. Après le PSG (Qatar), l'OM (Etats-Unis), Monaco (Russie), Le Havre (Etats-Unis), Nice (Chine et Etats-Unis) ou Sochaux (Chine), Lille passe, à son tour, sous pavillon étranger. Les Chinois ont également placé quelques billes à Lyon, à hauteur de 20%. Le football français cherche un second souffle à travers un rachat ou une recherche de nouveaux partenaires. "Les clubs de L1 sont tous à vendre", nous a confié un haut dirigeant. Et les nouveaux mécènes sont tous étrangers.
Où sont passés les investisseurs français ? En voie de disparition. "Les grandes entreprises du CAC 40 sont frileuses pour investir", note Christophe Lepetit, économiste du sport. "L'image du foot est brouillée. On sait combien on paie mais pas combien il faut mettre chaque année dans le foot. La France traverse une crise économique. Quand il faut prioriser, le foot est loin." Voilà pourquoi des grandes entreprises ont quitté le football français. C'est le cas de Casino à Saint-Etienne ou de Peugeot à Sochaux. Deux exemples symptomatiques puisque ce sont ces deux immenses groupes qui ont créé l'ASSE et le FCSM et ont contrôlé leur capital durant des décennies.

L’élite française méprise le foot et lui préfère le rugby

"Casino s'est désengagé de l'ASSE, il n'y a plus de grandes passions des élites françaises pour le foot", constate Bernard Caïazzo, président du conseil de surveillance des Verts. "Il y a un risque d'image et les grandes entreprises françaises ont déserté la L1. L'historique est douloureux. Souvenez-vous de Lagardère et du Matra Racing." "L'élite française méprise le sport et n'a pas la fibre supporter", confie Christophe Lepetit. "C'est culturel. Si Pinault avait réussi à Rennes, peut-être que cela aurait changé les choses." Vrai passionné du Stade Rennais, François Pinault est l'une des rares grandes fortunes françaises à conserver son engagement avec son club de cœur. S'il a connu une période d'investissements massifs au tournant des années 2000, il adopte désormais la position du comptable bon père de famille. Finies les folies et Rennes n'a rien gagné depuis la fin des années 1970.
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François-Henri Pinault, Salma Hayek, Parc des Princes, 2012

Crédit: AFP

Son exemple a-t-il échaudé les autres grandes fortunes françaises ? Possible. Autre hypothèse, elles préfèrent investir dans d'autres sports moins coûteux et à l'image moins abîmée par les affaires extra-sportives. Comme dans le rugby. Michelin n'a jamais lâché Clermont-Ferrand, Peugeot s'est désengagé de Sochaux mais reste partenaire du Stade Toulousain depuis 17 ans. Les mécènes sont nombreux dans le Top 14. Pour certains, l'arrivée est récente et témoigne d'une vraie dynamique : Mourad Boudjellal à Toulon (2006), Thomas Savare au Stade Français (2011), Jacky Lorenzetti au Racing (2006), Mohed Altrad à Montpellier (2011).

Les Français cherchent la rentabilité, pas les étrangers

"Le vrai problème, c'est que les investisseurs comme M6 ou Pinault ne gagnent pas d'argent dans le foot", continue Caïazzo. "Les sommes qu'on doit mettre pour être compétitif sont énormes. Surtout que la grande majorité des clubs ne sont pas propriétaires de leur stade et cela fait des actifs en moins." "Le problème, c'est que les Français n'investissent que pour la rentabilité et ils vont droit dans le mur", note Christophe Lepetit. Pourquoi les étrangers sont-ils moins frileux ?
D'abord parce qu'ailleurs, le marché est saturé, l'Angleterre notamment regorge de nouveaux mécènes. Ensuite parce que le ticket d'entrée en L1 est bien moins onéreux qu'en Premier League (Aston Villa a été vendu 175 millions d'euros, l'OM 45). Enfin parce que la rentabilité n'est pas leur but premier. A Paris, QSI est dans un investissement d'image qui correspond à une logique d'Etat. Même chose pour les Chinois à Sochaux, Nantes, Nice ou bientôt Nancy.
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Le groupe chinois Ledus est officiellement le nouveau propriétaire du FC Sochaux

Crédit: AFP

Nicollin : "Où est la passion ?"

Le premier ministre chinois veut la Coupe du monde 2030 avec une sélection performante. Il cherche du savoir-faire et les centres de formation français (Sochaux et Auxerre par exemple) restent des exemples. "L'investissement à l'OGCN ouvre d'autres portes économiques et politiques aux Chinois sur la Côte d'Azur, c'est évident", estime Christophe Lepetit. Et Frank McCourt ? Son objectif est plus flou. "Il veut valoriser l'OM pour se faire une plus-value à la revente, c'est audacieux", note Christophe Lepetit. Louis Nicollin est beaucoup plus circonspect : "Je ne lui donne pas neuf mois avant de s'en aller."
"Où est la passion ?", s'interroge à voix haute Louis Nicollin, historique président de Montpellier depuis 1974 devant l'afflux d'investisseurs étrangers. Avec le départ programmé de Rousselot à Nancy, Loulou est l'un des derniers hommes d'affaires français encore présent en L1. Et, lui, n'est pas près de mettre les voiles : "J'ai créé quelque chose et je ne le vendrai pas. Je laisse cet héritage à mes fils et on restera les derniers Gaulois de la L1, croyez moi."
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nicollin montpellier ligue 1

Crédit: AFP

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