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Propulser Bruno Génésio sur le devant de la scène, le choix contesté et risqué d'Aulas

Ilyes Ramdani

Mis à jour 24/12/2015 à 19:48 GMT+1

LIGUE 1 - Jean-Michel Aulas a décidé de nommer Bruno Génésio comme entraîneur de l'Olympique Lyonnais. Le désormais ex-adjoint d'Hubert Fournier n'a jamais occupé le poste d'entraîneur principal dans le monde professionnel. Si sa connaissance du vestiaire et du club seront des atouts précieux, les obstacles seront également nombreux et font, déjà, douter de la réussite du nouveau coach lyonnais.

Bruno Génésio, nouvel entraîneur de l'OL, ici à Toulouse en 2014

Crédit: Panoramic

Pour la première fois depuis octobre 1996, Jean-Michel Aulas a donc franchi le pas. Le président de l'Olympique Lyonnais a écarté un entraîneur en cours de saison. Comme en 1996, Aulas a fait le choix de nommer un "produit maison" pour redresser la barre d'une équipe titubante. A l'époque, c'était Bernard Lacombe, tout jeune directeur sportif du club, qui avait succédé à Guy Stéphan et pris les rênes, avec succès, de l'effectif lyonnais pendant près de quatre ans.
Comme Bernard Lacombe - qui a poussé, près de vingt ans plus tard, pour sa nomination - en son temps, Bruno Génésio va vivre à l'OL sa première expérience d'entraîneur principal dans le football professionnel. Si les époques sont différentes, la volonté de s'en sortir en faisant appel au vivier local est similaire, comme l'exprime le communiqué publié jeudi sur le site officiel du club.
Nous avons décidé de privilégier l’unité institutionnelle en confiant jusqu’à la fin de cette saison dans un premier temps, le poste d’entraîneur à Bruno Genesio. (Il) a une profonde connaissance du club et des jeunes professionnels issus de l’Académie.
C'est donc à la sacro-sainte unité de l'institution que Génésio doit sa nomination comme entraîneur principal de l'Olympique Lyonnais. L'homme a, il est vrai, une connaissance profonde d'un club qu'il a chevillé au corps. Génésio a signé sa première licence à l'OL en 1971, à cinq ans et demi. Il y a fait toutes ses classes, avant d'en porter le maillot de l'équipe première pendant neuf saisons, entre 1985 et 1995.
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Bruno Génésio et Hubert Fournier (Lyon)

Crédit: AFP

Deux expériences de coach, deux échecs

Il y est revenu en 2005, y a occupé les fonctions d'observateur des adversaires, d'entraîneur de l'équipe réserve et d'entraîneur adjoint. Bref, il connaît toutes les composantes du club dont il s'apprête à devenir l'entraîneur. Mais l'ancienneté fait-elle la compétence ?
Ce qui est en jeu avec Génésio, c'est sa capacité à endosser la responsabilité humaine, tactique, technique d'une équipe sur laquelle Jean-Michel Aulas fonde de grands espoirs. Une non-qualification pour la prochaine Ligue des champions, un parcours chaotique pour l'entrée dans le Grand Stade ou des éliminations humiliantes en Coupe de France ou en Coupe de la Ligue constitueraient autant d'échecs symboliques et financiers d'ampleur pour l'OL.
Le natif du 7e arrondissement de la capitale des Gaules a endossé deux fois dans sa carrière le costume d'entraîneur principal. A Villefranche-sur-Saône, entre 1999 et 2001, il a fait descendre le club de CFA (4e division) en Division d'Honneur (6e division). Depuis, le club est remonté en CFA et n'a jamais enregistré de pire classement que ceux connus sous son ère.
A Besançon, en 2004, Génésio a été licencié après cinq mois seulement passés à la tête de l'équipe. Laquelle est descendue, en fin de saison, de National en CFA. Pas vraiment le profil d'un "coach en réussite constante depuis quelques temps" qu'Aulas nous confiait rechercher le 4 décembre dernier...
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Jean-Michel Aulas

Crédit: AFP

Génésio, la continuité plutôt qu'une rupture nécessaire ?

Ce n'est donc pas sur son passé d'entraîneur en chef que Génésio va tirer sa légitimité devant ses joueurs. L'histoire dont rêve Aulas, c'est celle de l'enfant du club qui a appris le métier aux côtés des Houllier, Puel et autres Garde, jusqu'à être fin prêt aujourd'hui pour prendre, seul, les choses en main.
Reste à voir si la réalité sera aussi idyllique. L'OL est en crise de confiance, et la figure de Génésio est de tous les doutes, de tous les échecs récents du vestiaire lyonnais. Ne fallait-il pas une rupture, plutôt que la continuité incarnée par l'homme qui animait les séances et impulsait nombre de choix tactiques de Fournier ? Ne fallait-il pas une figure extérieure, plutôt que cultiver un entre-soi dans lequel se sont probablement embourbés certains jeunes joueurs lyonnais ?
"Je l’ai surpris il y a peu de temps en train de crier sur les joueurs", jurait Bernard Lacombe il y a quelques jours au Progrès. C'est donc sur sa poigne que compte - en partie - l'OL pour réveiller un vestiaire miné par les tensions et les incompréhensions. Et sur le plan du jeu ? "Le travail tactique au quotidien est insuffisant, avait asséné Alexandre Lacazette récemment lors d'une réunion interne, selon RMC Sport. On ne comprend pas les consignes." L'évolution tactique de cette équipe sera une des missions principales de Génésio, dont l'animation des séances constituait pourtant déjà une des prérogatives.
Génésio aura, enfin, à faire face à un public loin d’être enthousiasmé par sa promotion. Sur les réseaux sociaux, où des pétitions circulaient déjà à ce sujet, nombre de supporters lyonnais avaient déjà manifesté leur opposition à sa nomination. Sans expérience, sans soutien populaire et sans marge de manœuvre importante au mercato, l'ère Génésio à l'OL ne se profile pas vraiment sous les meilleurs auspices.
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