Ben Arfa, un pari alléchant mais incertain : "La technique, on ne la perd pas, mais…"

Le pari est séduisant. Et ce n'est pas Rennes et Nice qui diront le contraire. Depuis quelques semaines maintenant, les deux clubs salivaient à l'idée d'attirer Hatem Ben Arfa. Le club breton a finalement eu le dernier mot en officialisant son arrivée dimanche. Et il n'est pas peu fier de son coup. Forcément. On parle d'un artiste qui a déjà fait l'étalage de ses capacités en L1. Les Aiglons se remémorent d’ailleurs encore avec un certain plaisir son exercice 2015-16, où l'ancien Lyonnais avait fait taire toutes les critiques avec son efficacité (17 buts, 6 passes en 34 matches). Et pourtant, recruter le milieu offensif ressemble à une énigme. L'incertitude plane même clairement sur son cas.

Financièrement, le risque est limité. Ben Arfa est libre depuis son départ du PSG. Mais ses prétentions salariales ne sont pas à négliger. Cependant, le vrai doute de cette opération est surtout physique. Il y a même une vraie zone d’ombre tant il est rare d’être confronté à ce genre de situation. Ben Arfa est en effet un cas atypique. Il n’a pas été blessé. Et pourtant, HBA, écarté par le PSG, a rongé son frein pendant de longs mois. De très longs mois.

Son dernier match remonte au 5 avril 2017. C'était un quart de finale de Coupe de France face Avranches (0-4). Il avait signé deux buts et une passe décisive. Mais depuis, il est resté au placard. Et n'a plus goûté à la pression d'un match de compétition. Anodin ? Pas tant que ça. Il est du coup difficile de savoir quand il pourra retrouver son meilleur niveau. "C'est compliqué, reconnait Elie Baup, l'ancien entraîneur de Marseille ou encore Bordeaux qui est aujourd'hui consultant chez BeIn Sport. Ça dépend du profil du joueur et ce qu'il a fait pendant la période d'inactivité".

Là-dessus, on sait à peu près où HBA en est. Pendant un an et demi, il n'est pas resté sur son canapé. Il a continué de s'entraîner avec le PSG. Et visiblement, il n'avait rien perdu de son talent. "A l'entraînement, parfois il se fait encore plaisir, il dribble toute l'équipe. Et puis après il rentre au vestiaire. C'est du grand Hatem quoi. C'est un peu du gâchis", avouait Thomas Meunier dans l'émission L'Open Space en mars dernier. Cet été, il s’est aussi entretenu avec un préparateur physique personnel, comme l'avouait un proche du joueur à Nice Matin.

Le problème, c'est que la compétition, c'est autre chose. "S'il a conservé une certaine condition physique, ce sont les sensations avec le ballon, dans le jeu, les repères liés à la compétition qui peuvent poser problème, reconnaît Elie Baup. Il n'y a que les matches qui peuvent apporter certains détails, des repères d'espace-temps. Il faut ainsi retrouver la vivacité par rapport à l'adversité, à l'engagement en compétition. Et tout va plus vite en matches."

Ben Arfa aura donc besoin de temps. Déjà pour s'intégrer au groupe qu'il aura choisi de rejoindre. Et ensuite pour retrouver un rythme apte à le lancer dans un match officiel. C'est en effet l'autre point noir de cette situation. Après avoir attendu pour faire son choix, HBA va intégrer un club qui est déjà en pleine saison. "Le problème, c'est qu'il n'aura pas de matches amicaux pour rejouer. Son cas méritait une vraie préparation et de participer à des matches amicaux", regrette Baup, qui s’attend à patienter plus de quatre ou cinq semaines avant de le voir sur une feuille de match.

Le tableau n'est pas non plus tout noir. Si plusieurs clubs sont prêts à prendre le risque de l'engager alors qu’ils sont conscients de sa situation, il y a des raisons. A 31 ans, Hatem Ben Arfa est un joueur de talent, capable de faire des différences sur un dribble, une accélération ou un toucher de balle. "C'est un joueur technique. Or la technique, on ne la perd pas", glisse Elie Baup. Le caractère de Ben Arfa, sa motivation après ces mois de galère à Paris peuvent aussi être un atout. Tout comme son expérience.

Le natif de Clamart est en effet déjà passé par une situation quasi analogue. C'était en 2015. Après un prêt à Hull City et la résiliation de son contrat avec Newcastle en décembre, il n'a pas pu rejoindre un troisième club et avait dû patienter la saison suivante pour rejouer… avec Nice. On connait le résultat. "Il peut avoir des repères par rapport à cette situation comme il l'a déjà vécue, concède Baup. Comme il a déjà vécu ce type de situation, il aura moins d'interrogations." Une bonne nouvelle pour son futur acquéreur. Même si le pari est déjà bien alléchant.