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Bordeaux compte sur Poyet comme Poyet compte sur Bordeaux

François-Miguel Boudet

Mis à jour 28/01/2018 à 16:02 GMT+1

LIGUE 1 - Nommé nouvel entraîneur des Girondins de Bordeaux, Gustavo Poyet doit à la fois relancer un effectif à la peine mais aussi sa carrière de coach débutée voici douze ans. Jusqu'ici, l'Uruguayen n'a pas fait d'étincelles.

Gustavo Poyet

Crédit: Getty Images

La désignation de Gustavo Poyet, excellent joueur, coach avec quelques références en Angleterre, comme nouvel entraîneur bordelais a été une vraie surprise. Le choix est osé. Osé car ses deux dernières expériences n'ont pas été couronnées de succès. Ses passages au Betis puis en Chine au Shanghai Shenhua - où évoluait notamment Carlos Tévez - n'ont pas été vraiment concluants. Quelques matches et puis s'en va. En somme, Bordeaux et Poyet ont besoin l'un de l'autre pour redorer leur blason.

Beaucoup trop d'attentes au Betis

Avant son échec en Chine, l'Uruguayen n'avait guère connu plus de succès au Betis. Une vraie déception pour tout le monde car le projet, au moment de sa nomination en mai 2016, avait beaucoup d'allure. Sauvé in extremis de la descente, le Betis est une institution du football espagnol. Grande histoire, grande afición (52 000 abonnés cette saison), le club d'Heliópolis, quartier de Séville où pullulent les cliniques, est instable. Les directeurs sportifs et les entraîneurs valsent beaucoup trop régulièrement pour envisager un quelconque retour dans la primera tabla.
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Poyet : "Bordeaux, c'est un grand club"

Quand Gustavo Poyet arrive, le Betis est en chantier. La tribune sud du stade Benito-Villamarín est en travaux et le club a nommé Miguel Torrecilla directeur sportif, une belle prise puisque les Verdiblancos l'ont piqué au Celta Vigo où il avait officié sept saisons. Son arrivée doit faire oublier le mandat d'Eduardo Macià, passé par Valencia, Liverpool, l'Olympiakos et la Fiorentina avant d'arriver en Andalousie et qui, malgré le retour de Joaquín Sánchez et quelques bons coups (Petros et Germán Pezzella), n'a pas réussi à valoriser l'effectif comme prévu. Le tandem Torrecilla-Poyet est nommé par le président Ángel Haro en poste depuis à peine quatre mois. Difficile de faire plus "à la racine" d'un projet.

Entre l'Espagne et l'Angleterre

Si le "Charrua", autrement dit l'Uruguayen, Gustavo Poyet a commencé sa carrière européenne à Grenoble, c'est au Real Saragosse qu'il se fait un nom, entre 1990 et 1997 (239 matches, 63 buts). Pour les plus jeunes, le club maño ne doit pas évoquer grand-chose mais dans les années 1990, c'était un adversaire respecté. "Gus" a remporté la Copa del Rey en 1994 et la Coupe des Coupes en 1995 lors d'une finale contre Arsenal au Parc des Princes devenue mythique grâce à la géniale inspiration de Nahim qui avait lobé David Seaman à la dernière seconde de la prolongation. Ensuite, il a porté les couleurs de Chelsea où il a de nouveau remporté la C2, soulevé la SuperCoupe d'Europe après avoir inscrit le seul but de la rencontre contre le Real Madrid, ainsi que la FA Cup et le Community Shield. Enfin, il a terminé son parcours de joueur à Tottenham. Ces quelques lignes sont nécessaires pour comprendre sa carrière de coach. L'Espagne et l'Angleterre sont les autres patries de Poyet et le football qu'il veut pratiquer découle de son vécu en Liga et en Premier League.
Ancien latéral d'Almería et de Valencia, Bruno Saltor a signé à Brighton & Hove et connaît bien Gustavo Poyet : "C'est lui qui m'a recruté et j'ai évolué une saison sous ses ordres, explique-t-il. C'est un très bon entraîneur, avec des bonnes idées et je me suis aussi très bien entendu avec la personne". Chez les Seagulls entre 2009 et 2013, le natif de Montevideo a proposé un jeu à l'image de sa personnalité : "De la garra uruguayenne, du football espagnol et beaucoup de caractère, détaille Saltor. Tactiquement, il se rapprochait de l'Espagne avec du jeu de possession et des latéraux offensifs. A l'entraînement, on faisait beaucoup de centres et de frappes mais aussi du positionnement tactique et du physique. Il n'y avait rien de révolutionnaire. C'était basique mais ça a fonctionné."

Une lourde comparaison avec Simeone

Pierre angulaire du nouveau projet au Betis, Gustavo Poyet devait incarner une sorte de Diego Simeone en Andalousie. Après tout, il avait réalisé de belles choses en Angleterre avec Brighton et avec Sunderland, qu'il a réussi à hisser en finale de la League Cup, ainsi qu'en Grèce, à l'AEK. A propos de sa supposée filiation avec El Cholo, "Gus" déclarait le jour de sa présentation : "Nous pouvons nous ressembler en ce qui concerne notre façon de transmettre aux joueurs cette envie de toujours se battre. On nous a comparés de nombreuses fois. Sans aucun doute, je veux une équipe avec du caractère mais qui sache aussi prendre soin du ballon".
De grandes attentes mais aucun résultat. Le Betis de Poyet prend une raclée au Camp Nou contre le Barça dès la 1re journée de Liga (6-2). Contre le Real Madrid, les Verdiblancos reprennent un set (6-1). Au total, Poyet a dirigé le Betis seulement 11 journées. Pendant ce court laps de temps, il a utilisé 4 systèmes de jeu : 5-3-2 (2 fois), 4-3-3 (4 fois), 4-2-3-1 (1 fois), 4-4-2 (4 fois). Choisi lors de ses trois dernières rencontres, le 4-4-2, très à la mode en Liga, semblait s'imposer dans son esprit après avoir tâtonné.
"Son organisation dépendra de son effectif, estime Bruno Saltor. Il aime le 4-3-3 mais si Bordeaux dispose de deux bons attaquants, il les fera jouer en ensemble". Même s'il arrive dans une institution qui a tout du monument en péril, "Gus" pourrait insuffler un nouveau style voué à perdurer : "Depuis qu'il est passé à Brighton, le jeu du club a changé, considère Saltor. Désormais, nous nous caractérisons par notre volonté de jouer au ballon. Oui, il y a un héritage Poyet".
Reste à savoir si l'Uruguayen aura les moyens humains de mettre en place le football qu'il désire, mais aussi s'il veut s'inscrire dans la durée à Bordeaux ou simplement relancer sa carrière pendant six mois. Les derniers entraîneurs espagnols et sud-américains à avoir officié en Ligue 1 n'ont pas été épargnés par les critiques. Poyet a besoin de temps pour réinstaurer la confiance perdue des Girondins. En d'autres termes, patience : il ne faut jamais mettre le "Charrua" avant les bœufs.
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