Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Il y a 20 ans, le 5-4 "miracle" de l'OM contre Montpellier raconté par ceux qui l'ont vécu

Glenn Ceillier

Mis à jour 02/11/2018 à 12:00 GMT+1

LIGUE 1 - Marseille et Montpellier se croisent ce dimanche. L’occasion de se remémorer une de leurs rencontres d'anthologie. Il y a 20 ans, les deux clubs se sont livrés un duel épique. Après avoir été mené 4 à 0 sur sa pelouse, l'OM avait renversé le match pour l'emporter (5-4). Cette rencontre est restée gravée dans les esprits des amateurs du championnat de France.

Patrick Blondeau, Robert Pires, Cyril Domoraud, Florian Maurice et Christophe Dugarry (G-D) se congratulent après avoir égalisé contre Montpellier, le 22 août au stade Vélodrome de Marseille

Crédit: AFP

"Ce n'est même pas un exploit. C'est un miracle", se rappelle Rolland Courbis. "Un calvaire total", rebondit Laurent Robert. Que l'on soit d'un côté ou de l'autre, les mots restent forts. Mais les sentiments sont forcément diamétralement opposés. Ce, toujours à ce jour. Pourtant, c'était il y a 20 ans. Mais voilà, on parle d’un match hors du commun, hors du temps. Ce Marseille-Montpellier de la 3ejournée de la saison 1998-1999 a tout simplement marqué au fer rouge ses acteurs et une génération d'amoureux du championnat de France.
Pour le commun des mortels, l'été 1998 se résume à ce fameux 12 juillet et le titre de champion de monde ramené par Zidane, Deschamps and co. Difficile de leur en vouloir. Pour d'autres, il y a aussi cette soirée du 22 août 1998. Ce soir-là, le Vélodrome a vécu l'un des matches les plus fous du championnat de France. Si ce n'est le plus fou. Imaginez-vous, Montpellier s'est retrouvé à mener 4 à 0 sur la pelouse de Marseille grâce des buts de Franck Sauzée, Laurent Robert et un doublé d'Ibrahima Bakayoko. Mais l'OM et ses champions du monde ont finalement tout renversé après la pause pour l'emporter 5-4. Un scénario de dingue.
Une partie du public est partie à la mi-temps
Entraîneur marseillais à l'époque, Rolland Courbis se souvient de cette rencontre avec un certain plaisir. Il en parle régulièrement depuis 20 ans. Mais ça tombe : il ne manque pas d'anecdotes savoureuses. "A la mi-temps, je croise Loulou (ndlr : Louis Nicollin, le président de MHSC) et Michel Bezy, nous raconte-t-il. On se taquine. Et je leur dis : 'pas besoin de me se consoler, on va gagner 5-4'. Evidemment, j'y pense réellement la moitié d'une seconde." La suite lui donnera pourtant raison.
En fait, chaque détail, chaque élément de ce match prend une dimension particulière. Comme dans toute histoire extraordinaire. Le Vélodrome contribue ainsi à la grandeur du souvenir. Dans les dernières minutes, le stade marseillais a joué son rôle de 12ehomme pour permettre à son équipe de signer cette "Remontada", selon Rolland Courbis. Et pourtant, ce n'était pas gagné ! Car en deuxième période, l'enceinte phocéenne a vu certains de ses fidèles… déjà partis devant l'ampleur du score. "A la mi-temps, la moitié des spectateurs a quitté le stade", se souvient Laurent Robert. "Ce qui est marrant, c'est qu'une partie du public est partie à la mi-temps. Et certains sont revenus en entendantle score dans leur voiture", confirme Courbis qui rappelle qu'en plus l'OM n'a pas été loin de prendre un cinquième but au retour des vestiaires.
picture

Rolland Courbis sur le banc lors de Marseille - Montpellier, le 22 août au stade Vélodrome de Marseille

Crédit: AFP

Gravelaine, l'autre histoire du match

Les années ont passé mais il est également difficile d’oublier les expressions des acteurs. Le bonheur de Bakayoko ou de Sauzée et le visage désabusé de Stéphane Porato ont marqué la première période. La rage de Dugarry, la joie d'un Laurent Blanc dernier buteur du match ou encore le souffle coupé de Robert Pires ont eux été le symbole de la remontée marseillaise. Tous ont écrit la légende cette rencontre. Mais dans le lot, un homme a vécu une soirée encore un peu plus forte que les autres : Xavier Gravelaine. Le milieu offensif avait quitté… Marseille quelques semaines avant pour rejoindre Montpellier. Il s’est visiblement laissé un peu trop vite emporté : "A la mi-temps, Gravelaine a embrassé tout le monde et remercié ses coéquipiers pour ce match, raconte Courbis. Il pensait logiquement que le match était plié. Le lendemain, quand on a appris cela, ça nous a fait sourire. Mais pour lui, cela devait être abominable à la fin".
Vingt ans plus tard, une question s'impose d'ailleurs toujours : comment ce retour improbable de Marseille a-t-il pu avoir lieu ? S'il est difficile d'expliquer l'inexplicable, le discours de Rolland Courbis à ses joueurs à la mi-temps a peut-être joué. Un discours un peu lunaire. Logique pour une soirée qui l'était tout autant. "Je n'ai même pas pensé à leur faire croire que c'était possible.J'avais fait une comparaison avec une partie de pétanque. Il y a des équipes qui perdent 12-0 mais qui continuent de jouer et ne se découragent pas. Qui ne vont pas boire l'apéritif avant l'heure. Et de temps en temps, cela arrive qu'ils gagnent 13 à 12. En fait, j'ai parlé de pétanque, plus que de football".
S'il a aussi eu le nez creux en lançant à la 60e minute Christophe Dugarry - décisif à trois reprises (une passe puis deux buts) -, Rolland Courbis refuse de tirer la couverture à lui. Selon lui, les Héraultais ont surtout "raté leur deuxième période". "Ils ont joué avec beaucoup trop de prudence. Et notamment les changements. Bagayoko, qui était redoutable, est sorti. En fait après la pause, Montpellier ne faisait plus peur. Et c'est devenu un match de hand pour nous.". Héros malheureux de ce match, Laurent Robert dresse le même bilan : "Nous n'avons pas su gérer sur le terrain. Et le coach (ndlr : Jean-Louis Gasset) était jeune. Les informations n'arrivaient pas. On a un peu paniqué, manqué de confiance. On a fait que reculer en deuxième période. Et quand on recule, cela devient compliqué".
Je pensais que ça allait être le match référence du titre de champion…
S'il a marqué les esprits, ce match a laissé des traces. A court terme déjà : "Je pense que ça a été plus dur pour Montpellier et Gravelaine que ça a été joyeux pour nous", estime Rolland Courbis. Laurent Robert n'est pas forcément d'accord. "Ça a été dur de remonter la pente. Mais avec le recul, cela nous a permis de se dire les choses. Ce match nous a fait grandir. Derrière, on a d'ailleurs fait une belle saison (ndlr : 8e de D1)", se souvient-il avant d’enchaîner. "J'ai appris quelque chose sur ce genre de match. Tout au long de ma carrière quand on menait aussi largement, je disais aux garçons : attention, ce n'est pas fini. Il ne faut pas reculer. Ca a été un mal pour un bien".
Des mois plus tard, Marseille échouera de son côté en finale de la Coupe UEFA contre Parme et d'un rien dans la course au titre sur la scène domestique : "A la fin de la rencontre, je pensais que ça allait être le match référence du titre de champion pour nous. Après une telle rencontre, je ne pensais pas qu'on allait finir à un point du titre. C'était pour moi le match qui devait rappeler le titre de 99. Mais ça n'a pas été le cas." Il est quand même resté dans les mémoires.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité