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OM-OL : Anguissa a eu tort de vouloir "exploser" l'OL car avant un match, le silence est d'or

Louis Pillot

Publié 19/03/2018 à 19:52 GMT+1

LIGUE 1 - Les déclarations d’Anguissa, qui disait vendredi vouloir “exploser” les Lyonnais, ont fait polémique avant et après la défaite de l’OM dimanche contre l’OL (2-3). De quoi poser la question de la pertinence de ces déclarations d’avant-match, et leurs conséquences mentales sur toutes les parties.

Valère Germain (OM) contre Marcelo (OL)

Crédit: Getty Images

L’explosion promise par Franck Zambo Anguissa n’a pas eu lieu dimanche à Marseille. Ou, du moins, pas telle qu’attendue. Le milieu de terrain marseillais avait déclaré dans La Provence vouloir “exploser” l’OL. Résultat : l’OM s’est incliné (2-3). La fin de match, elle, a été houleuse, entre coups de poing, chambrage et insultes. Comme si la déclaration du Camerounais était encore dans toutes les têtes. De quoi questionner la pertinence d’une telle sortie, à la veille d’un match importantissime, et son effet sur le mental et la motivation de toutes les parties.
Lyonnais et Marseillais n’avaient en tout cas pas oublié les paroles d’Anguissa dimanche soir. Ses mots ont été repris tour à tour par Steve Mandanda (“Ce qui est dommage, c’est qu’on a beaucoup parlé cette semaine et qu’au final, on s’est fait exploser. C’est ce qui est le plus regrettable”), par Marcelo à demi-mot (“Nous sommes venus avec la bonne mentalité. Eux, ils ont beaucoup trop parlé avant la rencontre”), ou par le compte Twitter de l’Olympique Lyonnais, trop heureux d’avoir le dernier mot.

Rhétorique guerrière et contexte

Alors, parole non maîtrisée ou coup tactique caché ? Pour Bertrand Donzé, professeur à l’université de Grenoble et préparateur mental pour sportifs, “le joueur a été pris par l’ambiance du moment. Cette déclaration, c’est une façon d’exister, une façon de montrer sa motivation à son entraîneur”. La rhétorique guerrière est en effet régulièrement utilisée -parfois maladroitement- par les footballeurs, pour jouer sur la cohésion d’équipe et intimider l’adversaire.
Elle n’est pas nouvelle. Le PSG-OM de décembre 1992 en est l’exemple le plus célèbre. Avant le match, l’entraîneur parisien Artur Jorge annonçait en une de L'Équipe que les Marseillais allaient se faire “marcher dessus”. David Ginola, lui, promettait “la guerre” à l’OM. La rumeur veut qu’en réponse, Bernard Tapie, président marseillais à l’époque, aurait fait agrandir et afficher ces déclarations dans le vestaire. Résultat : l’un des Classiques les plus violents des dernières années, avec plus d’une cinquantaine de fautes sifflées au total.
Le match de dimanche n’a rien eu à voir avec la “boucherie” de 1992. La déclaration d’Anguissa aurait même pu être rapidement oubliée. À condition que l’OM s’impose, et que le contexte soit différent. Lyon, dans une mauvaise passe après son échec en coupe d’Europe, avait besoin d’un succès de prestige pour afficher sa fierté. L’enjeu du match, avec la bataille pour la troisième place en ligne de mire, a également pesé, sûrement plus que la déclaration du milieu de terrain. “Les joueurs n’ont pas craqué au début de match, explique Bertrand Donzé. Ils ont craqué à la fin, sous l’effet de la grande charge nerveuse de la rencontre et de la fatigue”.

"Le côté sombre surgit avec la fatigue"

Les scènes de fin de match ne peuvent en effet s’expliquer uniquement par le poids d’une déclaration d’avant-match. Si elle a piqué la fierté des Lyonnais (en témoigne Aouar sur sa célébration, ou Jean-Michel Aulas sur Twitter), elle n’est pas à l’origine des échauffourées de la fin de match. Au contraire des décisions arbitrales litigieuses, du coup de poing de Rami sur Marcelo, ou de la provocation du défenseur lyonnais à sa sortie. “Beaucoup de contraintes reposent sur les joueurs : les résultats, le public... continue Bertrand Donzé. Leur côté sombre surgit avec la fatigue. Et, après le duel sur le terrain, sans temps mort, ils se retrouvent les yeux dans les yeux dans le tunnel.” Et le spécialiste d’insister sur les charges mentales gigantesques qui pèsent sur les joueurs professionnels.
La multiplication de ce type de déclarations d’avant-match pose néanmoins question. Le plus souvent, elles naissent d’une communication maladroite, et d’un manque d’accompagnement des joueurs au niveau mental et au niveau de la communication. Mais parfois, ces sorties qui frisent l’arrogance répondent d’une stratégie. Elle a fait ses preuves, comme pour le FC Barcelone avant la remontada. Mais lorsqu’elle échoue, le retour de bâton n’en est que plus terrible. Le PSG peut en témoigner, lui dont la campagne de communication reprise par tous ses joueurs avant l’élimination en C1 (“Ensemble, on va le faire”) est devenue un objet de moqueries.
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Mandanda : "On a beaucoup parlé, mais on s'est fait exploser"

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