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Paris a changé de dimension… pas sa direction

Cyril Morin

Mis à jour 12/01/2018 à 18:57 GMT+1

LIGUE 1 - Malgré des résultats sportifs exceptionnels, le PSG s’est offert, tout seul, une mini-crise de communication engendrée par les retards de Javier Pastore et Edinson Cavani à la trêve. Une page qui aurait dû être rapidement tournée mais qui s’est finalement transformée en feuilleton médiatique. Un épisode qui met encore en lumière les rôles pas toujours bien définis dans son état-major.

Maxwell, Antero Henrique et Nasser El-Khelaifi

Crédit: Getty Images

C’est un début d’année paradoxal que connaît le PSG. Brillant sur le terrain comme en attestent sa démonstration à Rennes et sa qualification à Amiens. Mais ô combien agité en dehors. La raison ? Un simple retard. Enfin deux : ceux de Javier Pastore et d’Edinson Cavani pour le retour de la trêve. En soi, rien qui ne devrait faire disjoncter un géant européen. Mais, visiblement, le PSG n’en est pas encore là.
Car ces retards, finalement anecdotiques, auraient dû se résoudre normalement. Une sanction, une amende ou des explications publiques et tout le monde serait passé à autre chose. Au lieu de cela, Paris a choisi le silence radio. Une erreur dans un monde médiatique qui n’a horreur de rien d’autre que du vide.
Le paysage médiatique de 2018, qu’on le regrette ou non, est ainsi fait et Paris devrait le savoir. Pour mettre fin à un feuilleton, rien de tel qu’une déclaration forte, émise par un homme qui compte pour éteindre l’incendie et passer à autre chose. Cela n’a pas eu lieu. Et le premier interrogé sur le sujet n’a pas fermé le sujet. Bien au contraire.

Emery, l’homme qui laisse couler

De par son rôle et sa fonction, Unai Emery était bien le mieux placé pour commenter le retard de ses deux joueurs. Comme l’avait fait Laurent Blanc à l’époque en condamnant publiquement (déjà !) le retard de Cavani. Au lieu de cela, l’Espagnol est resté fidèle à sa ligne de conduite : faire profil bas face aux médias. Pas de déclarations tapageuses, pas un mot plus haut que l’autre et l’idée que l’institution PSG était au-dessus de tout ça.
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Emery : "Une sanction pour Pastore et Cavani ? C'est le club qui va décider..."

Là encore, rien d’alarmant. Sauf qu’aucune décision n’a été annoncée. Et les absences d’Edinson Cavani et de Javier Pastore des groupes parisiens ressemblent à des sanctions non-assumées. Mais le malaise va plus loin.
Car, finalement, Emery s’est trahi ces derniers jours en conférence de presse. Lassana Diarra ? "C'est Henrique qui va décider". Les sanctions pour les retardataires ? "Ce sera le club qui décidera". Au point de lâcher cette phrase vendredi en conférence de presse : "Les affaires de vestiaire représentent 10% de mon travail". Une déclaration qui traduit finalement tout.
L’homme est passionné de jeu, de ballon, de mise en place tactique… Tout cela fait de lui un fantastique technicien, peut-être l’un des meilleurs du continent. Mais gérer des hommes, a fortiori dans un vestiaire aussi gonflé à l’égo que celui d’un grand club, fait partie intégrante du job. Bien plus que les 10% annoncés… A force de se cacher derrière "l’institution PSG", Emery a laissé s’installer l’idée qu’il n’avait pas suffisamment de caractère pour gérer cette équipe. Et quand on sait que les dirigeants parisiens recherchent déjà son successeur, difficile de ne pas les comprendre.

Thiago Silva, capitaine désavoué

En parallèle, le cas Thiago Silva est aussi à analyser. Car, faut-il le rappeler, c’est lui le capitaine du navire PSG. La question n’est pas, aujourd’hui, de savoir si cela est un bon choix. Plutôt de savoir s’il était dans son rôle mercredi soir.
Que le capitaine se présente face aux médias pour évoquer l’actualité du club en période de trouble est logique. Plutôt sain même. Son ressenti sur les retardataires aussi. En revanche, sa sortie sur Javier Pastore l’était beaucoup moins. Qu’il dévoile ainsi les coulisses du mercato de son club ne colle pas à son rôle de départ.
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Thiago Silva l'affirme, Pastore veut partir

Antero, le sauveur en retard

Le problème, c’est que sa sortie a généré une réplique. Plutôt directe. Et, en l’espace d’un post Instagram, c’est la cohésion du vestiaire qui a été ébranlée. Que Pastore et Silva ne soient pas les meilleurs amis du monde, soit. Que le vestiaire soit miné par des clans Brésiliens versus Argentins comme l’avance L’Equipe ce vendredi, soit. Mais que ces divisions s’étalent en public…
C’est d’ailleurs ce qu’a expliqué Antero Henrique dans un communiqué envoyé aux rédactions ce vendredi : "Suite aux nombreux commentaires concernant le retour en retard de deux de nos joueurs, je tiens à affirmer, en tant que directeur sportif du Paris Saint-Germain, que notre volonté a été et sera toujours de régler cette situation en interne, sans en étaler publiquement tous les détails".

Qui est le patron ?

Le directeur sportif du PSG a donc parlé. Homme à la parole rare, le nouvel homme fort du PSG a finalement réagi. Tardivement. Une fois que la bourrasque était passée. Qu’il règle les choses en privé est une chose mais qu’il ne règle rien en public devient problématique pour celui devenu un rouage essentiel du club. Nasser Al-Khelaïfi se faisant plus rare dans le quotidien du PSG, le Portugais aurait dû endosser ce rôle. Au lieu de cela, il a laissé Emery seul face à la tempête.
Brillant sur les dossiers mercato, Antero ne peut se contenter de ce rôle-là. Directeur sportif réclame bien plus qu’agir dans l’ombre. C’est un poste qui expose. Rappelez-vous l’interventionnisme (parfois démesuré) d’un certain Leonardo, dernière référence du poste au PSG.
En bref, une question reste en suspens : qui est le patron de ce PSG, en dehors des terrains ? Emery ? Ses déclarations tendent à prouver qu’il préfère se concentrer sur le terrain. Antero Henrique ? Sa réaction bien trop tardive laisse à penser qu’il n’a pas l’intention de se mouiller en première ligne. Nasser ? Il est bien trop éloigné.
En bref, si l’organigramme est établi, les rôles le sont beaucoup moins. Et c’est le PSG qui en paye le prix fort. En s’offrant une "crise" inutile à un mois d’un rendez-vous capital. Le club parisien se tire une balle dans le pied. Tout seul. Comme un grand. Ou pas.
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Maxwell, Antero Henrique et Nasser Al Khelaifi au Camp des Loges

Crédit: Getty Images

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