Rony Lopes (Monaco), dynamiteur devenu buteur

Rony Lopes vit enfin sa carrière en accéléré. Ses débuts ressemblaient à un interminable parcours du combattant, d'une formation sans débouché à Manchester City à des prêts plus ou moins convaincants à Lille, faute de place à Monaco. Gagnant saisonnier du système de dépôt-vente de l'ASM, le Portugais tord le cou, au fil des mois, à toutes les critiques qui l'ont visé. Après avoir concilié ses qualités au système de jeu monégasque et gagné en régularité, l'ailier se découvre des aptitudes de buteur.

Il n'a pas fait oublier Falcao, touché à la cuisse et encore trop juste pour affronter les Girondins de Bordeaux, ce vendredi soir (20h45). Mais sur les huit derniers matches qu'il a disputés, toutes compétitions confondues, ses statistiques ressemblent à celle d'El Tigre : six buts. Dont cinq en Ligue 1. Une comparaison ? Il en avait inscrit deux fois moins sur l'ensemble de la première moitié de saison. Et c'est tout sauf un hasard.

Comment expliquer cette transformation soudaine ? A priori, son temps de jeu n'y est pour rien, puisqu'il n'est toujours pas indéboulonnable. Il avait, par exemple, débuté la rencontre sur le banc lors de la victoire de l'ASM devant Dijon (4-0), mi-février. "Je sais que je ne suis pas à 100% titulaire, et personne ne l'est dans l'équipe, excepté Falcao", disait-il justement en conférence de presse. Il doit donc "toujours prouver [qu'il] mérite sa place". Et ce n'est pas une nouveauté.

Les absences répétées de l'attaquant colombien pourraient être une cause plus probable. Lorsqu'il est présent, le leader offensif et mental de son équipe aspire les ballons dans la surface adverse. Et le collectif se met instinctivement à son service. Ses récents forfaits ont-ils offert plus de liberté à ses habituels compagnons d'attaque ? "Ma façon de jouer ne change pas si Falcao est là ou non, a réfuté Rony Lopes. C’est forcément mieux quand il est là pour l’équipe. Moi je suis là pour aider, je fais mon travail".

Et si l'ancien Lillois était le seul et unique responsable de sa propre progression ? Même s'il est intervenu au cœur de sa belle série, son but importantissime dans les dernières minutes du choc opposant Monaco à Lyon (3-2), au début du mois de février, a été l'un des éléments déclencheurs. "Ce but m'a donné encore plus de confiance. J'aime être décisif, a-t-il rappelé. J'aime être important. J'ai encore à apprendre, je veux continuer. Il faut que je m'améliore sur la finition".

Le joueur de 22 ans y travaille. C'est une certitude. En première partie de saison, il ne cadrait pas la moitié de ses tirs en Ligue 1. Depuis le début de l'année civile, il a réglé la mire : plus de deux tiers de ses tentatives - 69%, pour être exact - ont mis le gardien en danger. Mieux encore, il a aussi sensiblement progressé au duel - il en remporte 44% depuis janvier, contre 38% d'août à décembre - et s'est ainsi retrouvé plus souvent en position de frappe. "Il fait déjà sa saison la plus aboutie, à la fois dans le jeu mais aussi statistiquement parlant", confiait son entraîneur Leonardo Jardim il y a quelques semaines.

Où s'arrêtera-t-il ? Nul ne le sait. Et son début de carrière en dents de scie réclame beaucoup de prudence. "Je suis à mon meilleur niveau jusqu'à maintenant mais je sais que je peux encore faire mieux, a-t-il pourtant assuré. Je peux encore marquer plus de buts et faire plus de passes décisives". Vu ses récentes prestations, on a très envie de le croire.