"Il n'y a pas de sélection au niveau de la couleur", affirme Stopyra, recruteur à Bordeaux

ParAFP

Publié 09/11/2018 à 18:56 GMT+1

FOOTBALL LEAKS - Dans une interview accordée à l'AFP, Yannick Stopyra, recruteur-coordinateur pour le centre de formation du club des Girondins, est revenu sur l'affaire de l'affaire du fichage ethnique au PSG dévoilée par "Mediapart".

FOOTBALL France - Yannick Stopyra

Crédit: Imago

Attachez-vous une importance aux origines des joueurs que vous recrutez chez les jeunes ?
Yannick Stopyra : Déjà, quand vous regardez les effectifs, il n'y a pas de sélection au niveau de la couleur. Il y a de tout. Sur les documents que j'ai pu voir, on parle de l'origine, je ne savais pas que cela se faisait. Ce qui me gène un petit peu, c'est qu'on se pose la question qu'il faut plus de Blancs, plus de Noirs, plus de Maghrébins ou plus d'Asiatiques. Rien que cette idée, ça va à l'encontre de l'essence même du sélectionneur.
Pourquoi selon vous ?
Y. S : Parce que vous prenez les meilleurs sur des critères sportifs. Il y en a quatre qui m'intéressent. Le premier, c'est le football et l'intelligence de jeu. Le deuxième, c'est le côté athlétique. Je pense qu'il faut une vitesse mais la taille, je m'en fous royalement car le meilleur joueur que l'on a eu aux Girondins, c'est Alain Giresse (1,63 m) et le meilleur joueur mondial actuel, c'est Messi (1,69 m). Le troisième, c'est le côté mental. Par rapport à notre époque, il y a de gros défauts sur ce point, liés à l'évolution du jeune. C'est la génération +zapping+, ils veulent tout, tout de suite. On n'est pas content de certains comportements, on leur fait la morale, ils disent oui, ils sont sincères mais dix minutes après, ils ont zappé, ils passent à autre chose et font la connerie. Le quatrième et dernier aspect, c'est le côté scolaire. Pour nous, c'est important. Là oui, effectivement, un garçon qui est en difficulté scolaire, on l'accepte avec des notes très mauvaises. Mais le problème vient quand il manque de respect aux professeurs, quand il n'a pas l'attitude. Et ce mauvais élève, il peut être de n'importe quelle ethnie.
Vous réfutez l'idée de critères ethniques ?
Y. S : Les critères ethniques, il n'y en a pas. C'est peut-être l'interprétation que les gens en font. Quand vous allez sur internet, il y a plein de blagues là-dessus. Vous avez vu ce montage avec la photo de l'équipe de France de 58, celle de 86 et celle d'aujourd'hui. Ca rigole là-dessus sur les réseaux sociaux. Je connais Marc Westerloppe, il a fait signer des joueurs de couleurs. Soi-disant il y avait une colonne africaine, une colonne antillaise. Par contre, il n'y avait pas de case asiatique. Là où j'ai du mal c'est qu'en France, il faut être conscient que le foot, c'est multiethnique. Si le mec vient et demande à n'avoir que des Blancs, il faut qu'il aille en Russie ou dans un pays de l'est, car c'est impossible ici. Anelka, ces joueurs-là, c'est la richesse. Dans le bureau à côté d'ici au centre de formation, il y a Marius Trésor.
Recherchez vous une forme +d'équilibre+ pour constituer une génération de joueurs ?
Y. S : En posant cette question, vous rentrez dans le problème de l'ethnie. Je suis choqué d'entendre cette question, je ne peux pas y répondre. Ca voudrait dire que je rentre dans le jeu. Cette question n'a pas lieu d'être car je ne la comprends pas. En tant qu'éducateur, quand je vois mes joueurs, je ne vois pas d'ethnies, je vois des Girondins de Bordeaux. Par contre, si j'ai un gamin qui se balade dans le centre avec le maillot de Marseille, pour moi il s'est trompé d'ethnie, il faut qu'il aille à l'ethnie marseillaise. A la limite, si je veux parler d'ethnie ou d'identité, je vais parler de maillot. Dans le centre, on accepte que les jeunes internationaux portent des maillots de leurs sélections. Par contre celui qui porte le maillot du PSG, c'est presque un avertissement.
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