Lassana Diarra, l'histoire inachevée
Mis à jour 21/02/2019 à 19:49 GMT+1
Lassana Diarra a pris sa retraite ce jeudi laissant derrière lui une carte de visite impressionnante, des souvenirs délicieux sur le terrain mais une carrière sinusoïdale. Le milieu de terrain avait toutes les cartes pour être une référence à son poste. Mais de choix de carrière douteux en rendez-vous manqués, il laissera finalement un goût d'inachevé.
En catimini. C'est par un tweet ce jeudi que Lassana Diarra a annoncé sa volonté de "raccrocher les crampons." Il part par la petite porte après une année très discrète, pour ne pas dire anonyme, du côté du PSG. Une fin qui laisse sur sa faim à l'image d'une carrière sinusoïdale. De grandes performances, de longs passages à vide, des renaissances et des saisons blanches : au regard de son talent et de son début de carrière à Chelsea, Diarra aurait pu (ou dû, c'est selon) laisser une autre trace dans l'histoire du football français. Mais son histoire, sa carrière, est une succession de promesses, une compilation d'histoires inachevées.
Avant d'oublier celui qui n'a joué que treize matches avec le PSG depuis un an, il faut se souvenir de ce qu'a accompli Lassana Diarra. A 20 ans, après seulement une saison en L2 avec Le Havre, il est déjà pressenti comme le successeur de Claude Makelele à Chelsea. Diarra sait tout faire : récupérer les ballons, se projeter vers l'avant avec une technique exceptionnelle et une qualité de passes largement au-dessus de la moyenne. Au Real Madrid, il dispute tout de même 116 matches et s'impose même durant deux ans et demi comme un membre essentiel de l'effectif merengue. A Marseille, à 30 ans et après douze mois sans jouer, il éclabousse la Ligue 1 de son talent et figure dans l'équipe-type de la saison.
"Entre 2008 et 2010, un des plus forts en équipe de France"
Interrogé sur son cas l'été dernier, Alain Boghossian nous avait avoué son admiration pour le Parisien : "Entre 2008 et 2010, quand j'étais adjoint en équipe de France, c'était un des plus forts. Tellement incisif, tellement méchant, tellement technique : j'étais ébahi par ce joueur." Alors pourquoi sa carrière, après 14 saisons au plus haut niveau, 34 sélections en équipe de France tout de même, laisse-t-elle ce goût d'inachevé ? D'abord parce que le palmarès est maigre : deux Coupes d'Angleterre, une Liga et tous les titres en France mais dans un rôle de doublure au PSG.
Ensuite parce que Diarra a appliqué le même schéma dans chaque club où il est passé. Au début, tout va pour le mieux. Les exigences de Diarra gonflent autant que son temps de jeu, la situation se dégrade peu à peu, le milieu de terrain est moins concerné et l'histoire se termine mal en général. Ce fut le cas à Chelsea, au Real et à Marseille où il fut tour-à-tour patron puis paria. Il quitte l'OM à l'hiver 2017 car le club ne souhaite ni augmenter son salaire, ni payer une partie de sa faramineuse amende (condamné par le TAS à verser 10 millions d'euros après un litige qui l'opposait au Lokomotiv Moscou). Sa fin d'aventure entre blessures et manque d'implication gâche son expérience dans la cité phocéenne. Enfin parce que ses choix de carrière n'ont pas toujours été guidés par le challenge sportif.
Exils dorés et rendez-vous manqués
Après plus de 100 matches avec Madrid, son désir de rejoindre l'Anzhi Makhachkala en pleine force de l'âge (27 ans) marque une rupture nette dans sa carrière. L'appât du gain l'a sans doute privé d'une carrière plus reluisante. Son litige avec le Lokomotiv le prive des terrains durant un an et plutôt que de profiter d'un rebond réussi à Marseille, il choisit là-encore l'exil doré à Al-Jazira en 2017.
Des choix qui laissent de vrais regrets et qui l'ont sans doute empêché d'exprimer pleinement son talent. Son histoire en sélection est, elle aussi, une succession de rendez-vous manqués et de mauvais timing. Des douleurs intestinales avant le Mondial sud-africain le prive du fiasco de Knysna en 2010. Plus embêtant, une inflammation au genou gauche le prive de l'Euro 2016 qu'il aurait débuté comme titulaire. Telle est la carrière de Lassana Diarra. Très honorable bien sûr. Mais elle laisse surtout l'impression d'un vrai gâchis pour un milieu de terrain qui savait absolument tout faire.
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