Paris - Strasbourg - Ligue 1 - Au PSG, il n'y a qu'un seul boss, c'est Mbappé

Même quand il ne marque pas, il marque quand même. Mercredi en demi-finale de Coupe de France, Kylian Mbappé a vu son penalty stoppé par Cyprian Tatarutsanu. Quelques minutes plus tard, il a retenté sa chance. Bingo. Du Mbappé tout craché. Obsédé par le but quoiqu'il en coûte. L'attaquant parisien est même le premier joueur de l'histoire à publiquement célébrer son 100e but marqué à l'entraînement. Avec beaucoup de second degré mais tout de même. Mbappé est un chasseur, un cannibale.

Cette saison l'a fait entrer dans une autre dimension. Depuis la reprise des hostilités au mois d'août, seul Lionel Messi (42 buts toutes compétitions confondues) a fait mieux que lui (33 buts). A l'issue de la saison dernière, il figurait au 30e rang en compagnie de Mariano Diaz, d'Alassane Pléa ou de Timo Werner avec 21 réalisations en 46 apparitions. Cette année, Sergio Aguero (29 buts), Cristiano Ronaldo (24), Mohamed Salah (20) ou Antoine Griezmann (19) sont largués. Mbappé est tout en haut. Il a rejoint, et même dépassé, les références qui sévissent en Europe depuis plusieurs saisons.

"Il a une mentalité énorme, il veut marquer, toujours, c'est un requin, si vous laissez tomber une goutte de sang, il arrive", l'a flatté Thomas Tuchel cette semaine en conférence de presse. "Avec une demi-occasion, il vous fait gagner un match", pestait dimanche un Daniel Casanova piégé par le génie du Parisien d'un enchainement contrôle-frappe éclair. Même Neymar (20 buts) est emporté par l'ouragan. Le Brésilien a, bien malgré lui, laissé un vide largement comblé par son coéquipier. Sa blessure longue durée a ouvert un boulevard. La saison passée, Mbappé n'avait pas su en profiter. Un titre de champion du monde et un recentrage dans l'axe plus tard, la bombe de Bondy apparaît en cette fin de saison comme la star du PSG.

En l'absence du Brésilien et d'Edinson Cavani, Mbappé, replacé en pointe, a épuré son jeu. Il fait moins de différence balle au pied mais a gonflé ses statistiques : 12 buts et 6 passes décisives en 14 matches avec Paris sans Neymar. Il est surtout celui qui change tout. Celui qui marque quand tout le monde dort à Toulouse (0-1), celui qui sort du bois en toute fin de match à Saint-Etienne au sein d'une équipe remaniée et amorphe (0-1), celui qui renverse Caen à lui tout seul (1-2). Celui qui a pesé le plus lourd dans le titre programmé de champion de France. Et de très loin.

Chez les champions du monde, il a toujours dû, jusqu'ici, partager la lumière avec ceux qui sont arrivés avant lui et notamment avec Antoine Griezmann qui incarne cette génération plus que quiconque. Depuis son arrivée à Paris, il était cantonné au rôle de lieutenant, de luxe, mais lieutenant tout de même. Soit parce que Neymar concentre toute l'attention lorsqu'il est en jambes soit parce qu'en son absence, Mbappé n'avait pas assumé son statut jusqu'ici. Ces derniers mois l'ont installé dans un rôle nouveau pour lui. Il n'y a plus de Falcao, de Griezmann ou de Neymar pour l'accompagner. Et cette fois, il a assumé. Tout seul. Comme un grand.

Il n'est plus question de lieutenant désormais et il pourra traiter d'égal à égal avec Neymar après ses accomplissements de cette fin de saison. Sa Coupe du monde russe et sa saison fantastique à Paris (27 buts, 8 passes décisives en 24 matches de L1) l'ont même désormais rendu plus populaire que Neymar. Selon un sondage commandé par la LFP, le champion du monde est le joueur le plus populaire du championnat français en comptabilisant 67% des sondages devant Neymar (42%). A l'international, le Brésilien garde une immense longueur d'avance mais la bombe Mbappé fond sur lui.

L'ancien Monégasque a tout pour lui : un jeu spectaculaire, des statistiques affolantes, un palmarès déjà impressionnant, un poids immense dans une sélection majeure (30 sélections, 12 buts) et dans un club européen ambitieux. D'un point de vue strictement sportif, que peut-il envier à Neymar ? Il reste une limite majeure au rayonnement de Mbappé : la Ligue des champions. Personne ne sait si le PSG aurait passé les 8es de finale de la Ligue des champions avec Neymar, blessé lors des deux dernières tentatives. En revanche, Paris n'y est jamais parvenu avec Mbappé.

C'est dans cette compétition qu'il est né aux yeux de l'Europe. En 2017 avec Monaco. Depuis, dans une équipe qui vise la victoire finale, il n'a jamais su peser sur le cours des évènements dans les confrontations à enjeu. Face au Real l'an passé ou Manchester United cette année, il a accompagné le délitement collectif. Neymar, lui, l'a déjà remportée en 2015 avec le Barça. La Ligue des champions reste l'alpha et l'omega de la compétition de club et c'est sa disparition précoce en C1 qui l'empêchera sans doute en fin d'année de décrocher la récompense individuelle suprême, le Ballon d'Or. Une seule et dernière limite. A 20 ans. En bon cannibale, il ne devrait pas buter très longtemps sur elle.