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Anonymes en L1, salués ailleurs: Luis Fabiano, "l'énigme" du Stade Rennais devenu le 9 de la Seleçao

Glenn Ceillier

Mis à jour 04/05/2020 à 18:02 GMT+2

LIGUE 1 – Ils sont passés par le championnat de France mais n'ont pas laissé un souvenir impérissable aux amateurs du football tricolore. Pourtant, ces déceptions ont ensuite explosé pour réaliser de grandes carrières. Premier volet de notre série avec Luis Fabiano, qui a été fantomatique avec le Stade Rennais au début des années 2000 avant de devenir l'attaquant titulaire du Brésil.

Luis Fabiano avec Ronaldinho lors d'un match du Brésil

Crédit: Getty Images

45 sélections et 28 buts. Une Coupe du monde 2010 disputée dans la peau de l'avant-centre titulaire de la Seleçao. Une Copa America 2004 ou encore deux Coupes UEFA à son palmarès. Mais pas un but en Ligue 1 ! Une anomalie. Surtout que ce buteur brésilien est bien passé par le championnat de France. Il s'agit bien entendu de Luis Fabiano. Avant de s'imposer à la pointe de la sélection auriverde, l'attaquant avait été repéré par le Stade Rennais, où il a vécu un… calvaire.
La réussite d'un transfert n'est pas liée qu'au talent du joueur. C'est aussi une histoire humaine. Et d'opportunité. Le passage de Luis Fabiano au Stade Rennais pourrait l'illustrer. Lors du fameux été 2000 où le club breton s'est activé comme jamais en s'offrant notamment Severino Lucas avec un transfert record, les Rouge et Noir ont eu le nez creux pour mettre la main sur ce buteur de 19 ans. Arrivé avec Vander en provenance de Ponte Preta - un club de Sao Paulo -, il n'aura finalement disputé que 11 petits bouts de matches de championnat de France entre 2000 et 2002. Sans faire trembler les filets une seule fois.
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Luis Fabiano avec Vander à leur arrivée à Rennes en juin 2000

Crédit: Getty Images

À Ponte, le football allait à 90 km/h. En France, on était à 200 à l'heure
Alors, pourquoi ? Comment un attaquant devenu ensuite l'avant-centre de la Seleçao a pu passer dans l'Hexagone comme un fantôme ? C'est une histoire d'acclimatation. A sa nouvelle vie et au football européen. "L'entraîneur était Paul Le Guen. Il était très exigeant. Je n'oublierai jamais cette période. À Ponte, le football allait à 90 km/h. En France, on était à 200 à l'heure", avait expliqué le Brésilien en 2012 sur le site de la FIFA lorsqu'il avait été interrogé sur le sujet. Son profil ne l'a pas non plus vraiment aidé.
Luis Fabiano est alors un avant-centre classique, qui se concentre sur la finition mais pas vraiment sur le jeu ou la défense. Et ça n'a pas collé avec ses entraîneurs en Bretagne. "Au Brésil, les attaquants sont là pour attaquer. Et les défenseurs pour défendre. En France, c'est une autre histoire : la première défense, c'est l'attaque", nous raconte Gaël Danic, qui l'a côtoyé à Rennes. "Comme il ne parlait pas le français, il ne comprenait pas toutes les consignes. Je me souviens d'un match où 'coach Le Guen' lui demandait de faire les efforts défensifs sur le bord de la touche. Et du banc, on voyait bien qu'il ne comprenait pas."
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Luis Fabiano avec Kaka lors de la Coupe du monde 2010

Crédit: Getty Images

Il était inapte à la compétition européenne
L'incompréhension sera permanente. A force, Luis Fabiano ne jouera plus. Et traînera son spleen au bout de quelques semaines. "Tout était nouveau, mais je n'étais pas heureux dans mon travail. Je ne jouais quasiment jamais. Je n'avais qu'une chose en tête : retourner au Brésil. Le pays me manquait énormément", a encore avoué le buteur auriverde à la FIFA. Un prêt à Sao Paulo en 2001 n'y a rien changé. Il fait pourtant parler de lui sur sa terre natale avec des buts à foison (9 en 22 matches de championnat, 30 en 50 rencontres toutes compétitions confondues). Mais quand il revient en Bretagne des mois plus tard, ce n'est toujours pas ça.
Avec Christian Gourcuff comme entraîneur, Luis Fabiano redevient l'ombre de lui-même. "Quand je l'ai eu, il était très jeune. Il revenait de prêt. Et il était inapte à la compétition européenne", se remémore le technicien du FC Nantes. "On voyait bien sûr qu'il avait des qualités techniques. Mais objectivement, c'était vraiment une histoire de niveau, d'investissement, d’efforts et de physique. Et moralement, ça n’allait pas". "A l'entraînement, c'était très bon. Pour l'avoir vu quotidien, je n'ai pas été surpris de ce qu'il a fait derrière. Mais l'adaptation a été très difficile. Et son style de jeu n'était pas adapté", abonde Danic, qui joue encore à Saint-Malo en N2 et songe à se lancer dans une carrière d'entraîneur.
Pour moi, ça a toujours été une énigme…
Pas prêt à franchir l'Atlantique, pas armé pour vivre loin de ses proches et pas encore assez solide pour faire face aux exigences tactiques du football européen, Luis Fabiano a définitivement quitté l'Ille-et-Vilaine à l'été 2002. Transféré à Sao Paulo, il a alors très vite retrouvé son rythme pour devenir le "Fabuloso". Un attaquant de haut niveau, qui va ensuite parvenir à être l'avant-centre de la mythique sélection brésilienne et faire le bonheur du FC Séville après un passage à Porto. Très loin de l'image qu'il a laissée en Bretagne. "Pour moi, ça a toujours été une énigme de voir le décalage entre ce que j'ai connu de ce joueur et ce qu'il est devenu après. Ce n’était plus le même joueur. Quelque chose s'est passé entre-temps", conclut Christian Gourcuff. En football, rien n'est forcément écrit d'avance.
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