Avant Lyon-Dijon - Jobard sur l'arrivée de Garcia à l'OL : "On oubliera très vite les critiques"
Mis à jour 18/10/2019 à 17:06 GMT+2
LIGUE 1 - Stéphane Jobard, l’entraîneur de Dijon, va croiser samedi (17h30) un homologue qu’il connaît très bien, un certain Rudi Garcia. Le premier a évolué sous les ordres du second quand celui-ci dirigeait le DFCO, avant d’être son adjoint à Marseille en 2018-2019. Et pour le Bourguignon, Garcia réussira à Lyon.
Avez-vous été surpris par la nomination de Garcia à Lyon, alors que tout semblait indiquer que Laurent Blanc succèderait à Sylvinho ?
S.J. : Non, car le nom de Rudi était apparu assez rapidement, même si Laurent Blanc a d’abord fait figure de favori. L’OL recherchait un entraîneur parlant français, ayant l’expérience de la Ligue 1 et des matches européens. Rudi Garcia possède toutes ses qualités.
On l’attendait plutôt à l’étranger, après son départ de Marseille en fin de saison dernière…
S.J. : Il a sans doute reçu des propositions, qu’il n’a pas acceptées. Je crois qu’il avait d’abord besoin de souffler, de se reposer, car les derniers mois qu’il a vécus à Marseille n’ont pas été faciles. Aujourd’hui, je pense qu’il a rechargé les batteries, pour relever ce nouveau challenge. C’est un compétiteur, je ne l’imaginais pas rester trop longtemps sans entraîner.
Vous dites qu’il a été marqué par la fin de son expérience marseillaise…
S.J. : Oui, car les résultats n’étaient pas à la hauteur des espérances, il y a eu des critiques formulées par les supporters, un certain acharnement médiatique… Rudi a le cuir épais, mais je sentais, pour être à son contact quasiment tous les jours lorsque j’étais membre du staff technique de l’OM, qu’il était légitimement touché. Il a longtemps su rester optimiste. C’était plus difficile lors des dernières semaines. A Marseille, la pression est immense, et personne ne peut rester insensible aux attaques. Mais il a suffisamment de caractère et de personnalité. Il a tourné la page marseillaise, et je sais qu’aujourd’hui, il est complètement concentré sur le projet lyonnais. Je suis convaincu qu’il va réussir. Lyon est quatorzième actuellement, mais tout le monde sait que ce n’est pas une équipe qui va jouer le maintien.
Est-ce selon vous problématique pour lui d’arriver en cours de saison, à la tête d’une équipe bâtie pour jouer le haut du tableau ?
S.J. : Non. Quand il était arrivé à Marseille en 2016, la saison avait déjà commencé (il avait signé le 20 octobre, pour succéer à Franck Passi, ndlr). Il avait vite pris ses marques et redressé la barre. Rudi n’arrive pas n’importe où. Lyon a un très gros effectif…
Et un vestiaire réputé difficile…
S.J. : Ça, je l’ignore. Mais vous croyez que les vestiaires de l’AS Roma, peuplé d’internationaux, ou de l’OM sont faciles ? Garcia a de l’expérience. Il sait gérer un vestiaire.
Il a été accueilli très froidement par les supporters lyonnais…
S.J. : Il vient de passer plusieurs années à Marseille, les deux clubs sont rivaux, cela ne m’étonne pas. Mais il faut se souvenir de ce que disaient les supporters de l’AS Roma à son arrivée… Il venait de Lille, et on ne peut pas dire que l’accueil ait été très chaleureux. Mais il a eu des résultats, son équipe jouait bien, et Rudi avait rapidement maîtrisé l’italien. S'il a des résultats à Lyon, si les supportent prennent du plaisir en regardant les matches, on oubliera très vite les critiques lors de son arrivée. Et moi, je suis persuadé qu’il va réussir.
Pourquoi ?
S.J. : Regardez l’effectif de Lyon. Il y a d’excellents joueurs, et l’équipe n’est pas à sa place actuellement. Tout le monde sait très bien que Lyon ne restera pas longtemps dans la seconde partie du classement. Rudi est un entraîneur qui veut bien sûr avoir des résultats, mais il n’occulte jamais la notion de plaisir. A l’entraînement comme en match. L’OL dispose d’arguments offensifs de premier plan, Rudi prône un jeu de possession et d’attaque, il y a donc tout pour que ça fonctionne. Si je devais le résumer, je dirais que c’est à la fois un compétiteur et un esthète. A Lille, à Rome, à Marseille, on a souvent dit que ses équipes pratiquaient un football offensif, agréable. Ce sera le cas à Lyon également, où la culture du beau jeu fait partie de l’ADN du club.
Au quotidien, comment est-il avec ses joueurs ?
S.J. : Il est rigoureux. Rudi se montre intransigeant sur les règles de vie communes. Mais c’est aussi un entraîneur qui sait se montrer proche des joueurs. Il est souvent dans l’échange. Avant de s’intéresser au footballeur, il va s’intéresser à l’homme. Il va multiplier les échanges individuels, même informels. J’ai lu que lors de sa rencontre avec les dirigeants lyonnais, il avait fait très bonne impression grâce à sa connaissance de l’effectif, qu’il avait regardé les matches de l’OL depuis le début de la saison. Cela ne m’étonne pas : quand il était arrivé à Dijon, en 2002, il savait tout. Il avait apporté au club un fonctionnement professionnel, et il avait rapidement eu des résultats, avec la montée en Ligue 2 en 2004.
Quelle est votre relation avec lui ?
S.J. : Quand j’étais joueur, il m’avait choisi, avec d’autres, pour former un Conseil des sages. Nous étions chargés de faire le lien entre l’effectif et le staff technique, pour échanger sur la vie du groupe, les entraînements, le projet de jeu. Cela permet de créer une relation de confiance, car Rudi nous écoutait et tenait compte de ce qu’on lui disait. D’ailleurs, j’ai également créé à Dijon mon Conseil des sages. Sinon, c’est quelqu’un qui m’a permis de progresser, alors que j’avais presque 30 ans quand il est arrivé. Il m’avait d’ailleurs convaincu de poursuivre une année de plus, en 2005-2006, alors que j’envisageais d’arrêter. Ma situation était particulière car j’étais prof de sport tout en étant joueur. Et Rudi se montrait compréhensif, et savait s’adapter quand il le fallait à mon emploi du temps à l’Education nationale.
Il y a encore dix jours, un face-à-face n’était pas vraiment envisageable…
S.J. : C’est vrai. Tout peut aller très vite dans ce milieu. Nous avons échangé quelques SMS cette semaine. Je suis évidemment très content de le revoir. Il y a encore quelques mois, je faisais partie de son staff à Marseille, je suis devenu entraîneur du DFCO et lui est désormais à Lyon, alors qu’il n’était pas le favori pour succéder à Sylvinho…
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