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Isaac Lihadji, minot symbolique ? "Ils rêvent tous de l’OM mais il y a tellement de sollicitations…"

Cyril Morin

Mis à jour 04/05/2020 à 11:19 GMT+2

LIGUE 1 – Après avoir refusé une offre de contrat pour signer professionnel avec son club formateur, l’OM, Isaac Lihadji, jeune minot de 18 ans, devrait s’engager avec Lille selon les informations de L’Equipe. Une décision qui a fait réagir sur la Canebière où l’amour du maillot est vu comme une vertu cardinale. Mais bien d’autres éléments entrent aujourd’hui en jeu…

Isaac Lihadji, le minot qui a refusé de signer pro à l'OM

Crédit: Getty Images

"Le fer de lance de la génération 2002, c’est Lihadji". Olivier Jannuzzi, entraîneur des U18 à l’Olympique de Marseille, utilise encore le présent pour évoquer Issac Lihadji. Pourtant, entre le jeune joueur de 18 ans et l’OM, c’est presque déjà du passé. Après avoir refusé une première offre de contrat professionnel en janvier dernier, le jeune Marseillais a pris la décision de rejoindre le LOSC pour démarrer réellement sa carrière professionnelle selon des informations de L’Equipe.
Un camouflet pour l’OM. Attendu certes mais toujours douloureux. Car avec le jeune ailier, l’OM tenait un symbole. Celui du renouveau de son centre de formation. Le troisième (jeune) homme après Boubacar Kamara et Maxime Lopez à briser le plafond de verre longtemps trop épais entre les jeunes et l’équipe professionnelle. Mais Lihadji en a décidé autrement. Et ça, sur la Canebière, ça ne passe pas.
"Je n’ai pas tous les éléments donc c’est dur de se mettre à sa place, temporise Julien Fabri, actuel gardien de Châteauroux mais Marseillais pur jus formé à l’OM. Mais en tant que natif de Marseille, je sais que c’était pareil pour les autres gars de ma formation, le seul rêve qu’on avait, c’était d’exploser à Marseille. C’est le club dans lequel on voulait réussir. Même s’il y en avait d’autres intéressés, on ne réfléchissait pas vraiment". Avant de regretter : "Aujourd’hui, les intérêts financiers sont tout autres".
Tellement que les contrats jeunes ont changé d’ADN sous l’impulsion d’un marché beaucoup plus intensif autour des pépites présumées comme nous l’explique Baptiste Aloé, ancien minot : "Aujourd’hui, ce n’est plus la même stratégie au niveau des clubs. On passe du contrat aspirant au contrat pro pour verrouiller les joueurs alors qu’avant un contrat pro devait passer par le schéma suivant : contrat aspirant – contrat stagiaire – contrat pro. Quand on signait notre premier contrat pro, on jouait déjà régulièrement avec les pros". Au compteur, Lihadji dispose de 23 minutes de jeu avec les professionnels. Mais cela suffit à faire grimper rapidement les enchères. Au bénéfice d’autres acteurs du dossier.
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Isaac Lihadji à l'été 2019

Crédit: Getty Images

Le marché des jeunes joueurs a changé la donne

Olivier Jannuzzi le sait mieux que personne. Lui aussi assiste à une formation désormais parasitée par des intérêts souvent éloignés du sportif. "Aujourd’hui, on ne peut plus parler formation sans évoquer ces éléments-là, nous explique-t-il. L’entourage des jeunes joueurs a tellement changé.Si Lihadji reste un cas isolé à l’OM, il correspond quand même à une tendance qui n’est pas spécifique à Marseille, je pense. Tous les jeunes du centre rêvent de porter le maillot de l’OM mais il y a tellement de sollicitations…"
Un fatalisme partagé également par Pape M’Bow, sorti du centre de formation à une époque où cela était bien plus rare. "Maintenant, il y a aussi des grands clubs qui rôdent et qui apportent tout ce dont la famille ou l’entourage a besoin, avance le défenseur du PuyFoot. C’est un confort auquel il est difficile de dire non".
Et l’amour du maillot, peut-être plus réel à Marseille qu’ailleurs ? Tous les acteurs interrogés sont unanimes : cette condition ne suffit plus dans le foot actuel à permettre la signature d’un contrat. "Jouer à l’OM, c’était notre rêve à tous, rappelle M’Bow. Pas juste être pro mais porter le maillot de l’Olympique de Marseille. Mais aujourd’hui, il y trop de choses qui entrent en compte".
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Boubacar Kamara, le dernier joyau de la formation marseillaise

Crédit: Getty Images

Garanties et tête froide

Ces "choses" sont sportives mais surtout pécuniaires. Sur le premier volet, Olivier Jannuzzi en est convaincu : les fameux entourages ne permettent plus aux jeunes de garder la tête froide. "Actuellement, je pense aussi que certains jeunes ont du mal à s’auto-évaluer, estime le formateur marseillais. Il y a encore des gamins qui sont dans une logique positive, où l’entourage sait canaliser.Mais l’époque est à l’individualisme. Et, parfois, même des familles raisonnables peuvent être attentives à des sirènes extérieures. Ça crée un environnement difficile à contrôler".
Pisté par les plus grosses armadas européennes (Barcelone, Manchester United, Juventus, Dortmund...), et poussé par ses conseils, Lihadji avait ainsi réclamé un salaire important accompagné d’une jolie prime à la signature pour s’engager avec l’OM. Une négociation à la hausse dans laquelle la direction olympienne n’a pas souhaité s’engager, officialisant dès janvier la rupture entre les deux camps.
Le grand perdant dans l’histoire, c’est l’aspect sportif. Car le jeune joueur aurait pu grappiller un temps de jeu précieux sur la période, surtout après la blessure de Thauvin. Et éventuellement devenir le nouveau chouchou d’un public qui attend le successeur de Samir Nasri, dernier minot offensif à avoir marqué les esprits. "Je pense quand même que lui, son rêve d’enfant c’était de jouer au Vélodrome, et de faire chanter le Vélodrome", assure Fabri. Mais entre les rêves d’un gamin et les réalités d’un marché impitoyable, le fossé est réel…
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"Le cas Niang en est le symbole : l'OM n'a plus qu'une seule arme sur le mercato"

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