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Ligue 1 - Droits TV : après Mediapro, le foot français croit-il (encore) au Père Noel ?

Maxime Dupuis

Mis à jour 23/12/2020 à 11:11 GMT+1

LIGUE 1 – La LFP s'est débarrassée de Mediapro, mardi. La justice lui a redonné ses droits, qu'elle va devoir confier à un nouveau diffuseur. Jean-Pierre Caillot, président de Reims et représentant des clubs à la LFP, s'est exprimé sur le sujet. Il espère, évidemment, que les droits ne seront pas bradés et vise pas moins de 800 millions. Mais sur le fond, son propos n’est pas tellement rassurant.

Dimitri Payet (OM)

Crédit: Getty Images

Au cœur de la crise et durant des semaines, ce fut "silence radio". Le doigt sur la couture et alignés derrière Vincent Labrune, nouveau patron de la Ligue qui entamait son mandat par une crise inédite, les présidents de club ont tenu leur langue pour ne pas ajouter de la confusion à la cacophonie. Et, accessoirement, éviter de se mettre à la faute vis-à-vis, de Mediapro qui n'attendait sans doute que ça. L'automne fut moins inaudible que le printemps. Déjà ça de pris.
Mardi, la justice a validé l'accord entre la Ligue de Football Professionnel et le désormais ex-diffuseur du Championnat de France. La LFP a récupéré son bien et doit désormais trouver preneur, afin de réalimenter la pompe. Tous les yeux sont maintenant tournés vers Canal Plus, diffuseur historique de la D1 devenue L1. La chaine cryptée va-t-elle sauver le football français ? En position de force absolue, va-t-elle en profiter pour faire payer à la Ligue 1 de l'avoir laissée sur le bord de la route en 2018 ? Entre les deux, les cœurs balancent. Sauf ceux des présidents de clubs, évidemment.
Jean-Pierre Caillot, patron du Stade Rémois, fut le premier d'entre eux à retrouver la parole, mardi. En sa qualité de représentant des clubs de L1, il s'est prononcé sur la situation et a fixé le cap. Via l'AFP et dans l'émission de RMC "Top of the Foot". C'avait plutôt bien commencé, parce Jean-Pierre Caillot a commencé par un constat, simple, clair et juste. "Y a pas cinquante personnes à la porte", "Il faut que chacun redevienne raisonnable" et "beaucoup de monde a profité de la bulle". Là-dessus, rien à dire.
Néanmoins, le retour à la raison n'est pas forcément total, si l'on en croit la suite, délivrée à nos confrères de l'Agence France Presse. "Aujourd'hui, le contexte est compliqué, mais je ne peux pas imaginer qu'on puisse descendre sous les 800 millions d'euros demain. Il n'y a pas d'objectif : dans une négociation, la vérité c'est le chèque." La vérité, c'était déjà le chèque avec Mediapro. Sans doute eut-il fallu aller plus loin que ça et mettre quelques garde-fous, sans avoir les yeux uniquement rivés sur les chiffres et la signature apposée au bas du chèque. Les garanties manquantes et le passif de la société avec la Serie A n'avaient déclenché aucune sirène d'alarme.

La loi de l'offre et de la demande

Quel est le juste prix de la L1, d'ailleurs ? Il n'est pas de 1,15 milliard d'euros, on le savait déjà en 2018. Mais l'aubaine était trop belle. Est-il d'un milliard ? 900 millions ? 800 ? Moins ? Difficile à dire. Le drame des clubs de L1 est qu'il répond à l'offre et à la demande. Et, qu'aujourd'hui, l'offre est plus importante que la demande. Vous en connaissez les conséquences ? Si l'étalage est plein et qu'il n'y a personne pour acheter votre produit, il ne vous reste plus qu'une solution : brader.
Canal Plus n'a pas intérêt à racheter une L1 au rabais car il faut que la vitrine soit un tant soit peu rutilante pour attirer le chaland. Sur ce point, le président Caillot a raison, cent fois raison. Mais Canal a(urait) aussi raison d'attendre. C'est le principe de toute transaction. Habitués à négocier avec les joueurs et leurs agents, les présidents de club en connaissent un rayon sur ce point. Ils savent, aussi, que bluffer est un métier. Jean-Pierre Caillot s'y est essayé. Et ça n'a pas forcément marché. Jugez-vous même :
Si on doit attendre le 31 janvier, si on doit faire 'écran noir', on le fera. Cela ne fait vraiment pas rêver mais si on doit arriver à cette hypothèse plutôt que de brader une vraie valeur marchande, pourquoi ne pas en arriver là ou enclencher un plan B avec un nouvel appel d'offres, de nouveaux entrants... Mediapro n'est pas le meilleur exemple de nouvel entrant, mais il en existe d'autres qui peuvent perturber les mécanismes demain. J'en appelle à la raison des gens de Canal+. Ils sont dans une situation légitime, ils ont la main, mais à leur place je n'en abuserais pas.
Au fond, il serait souhaitable qu'il bluffe. Parce que le plan B, s'il existe, a intérêt à être drôlement costaud.
Il y a deux ans, le football français s'est jeté dans le vide et, aujourd'hui, se raccroche à la dernière branche qui dépasse de la roche. Sauter une nouvelle fois sans être certain d'atterrir sur ses deux jambes ressemblerait de près comme de loin à un suicide. Comme le disait un certain Hubert dans un film qui a marqué l'histoire du cinéma français il y a un quart de siècle : "Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien. Mais l'important, c'est pas la chute, c'est l'atterrissage."
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Il n'y a pas que Mediapro : 2020, l'année pourrie du foot français

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