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Ligue 1, PSG, Après le départ de Tuchel, Leonardo va devoir cohabiter avec Pochettino à Paris

Alexandre Coiquil

Mis à jour 25/12/2020 à 09:39 GMT+1

LIGUE 1 - Au centre de toutes les attentions après le licenciement de Thomas Tuchel, Leonardo a été l'exécutant du renvoi de l'Allemand, avec qui il était en conflit ouvert, sans en être le responsable direct. Problème pour le directeur sportif brésilien : Doha a choisi Mauricio Pochettino à en croire les informations de RMC et L'Equipe. Et l'Argentin est un peu plus qu'un entraîneur.

Thomas Tuchel et Leonardo

Crédit: Getty Images

Leonardo a gagné son bras de fer à distance. Jamais proche de Thomas Tuchel depuis son retour au club en juin 2019, le directeur sportif iconique de l’ère QSI a finalement coupé la tête du technicien allemand au lendemain d’une large victoire face à Strasbourg (4-0). Une large victoire, oui, mais une mauvaise victoire. Largement affaibli par les blessures, l’effectif du PSG a pas mal traîné la patte depuis le début de la saison et ses maux du moment se sont encore vus, notamment le fameux équilibre du onze, un mal récurrent depuis la prise en poste de Tuchel.
L'Allemand a tout perdu ou presque au Parc des Princes le 6 mars 2019 sur le plan humain. Il a finalement vécu la même mort lente qu’Unai Emery parti un peu plus d’un an après le drame du Camp Nou. Le Basque a eu pour lui de ne pas être viré en pleine saison, de manière radicale. Il n’y avait pas Leonardo au PSG à l’époque, c’est aussi pour ça. Les deux hommes ont quand même en commun d'avoir été lessivé par leur rôle dans la capitale française.
Depuis le début de la saison, le Paris de Tuchel inquiétait et son incapacité à battre ses rivaux en tête du classement, combinée à des prestations où le niveau de l'équipe allait d’un extrême à l’autre, a probablement pesé lourd dans un choix qui était acté depuis quelques jours selon Bild, L’Equipe et RMC. Le compte à rebours avait débuté pour Tuchel, que l’on pensait à l’abri de cette mésaventure après avoir laissé Paris 1er de son groupe en Ligue des champions, non sans mal. Plus problématique, le Bavarois n'avait pas laissé Paris en tête de la Ligue 1 à deux journées de la mi-saison.
Cet accident de parcours a permis à l’OL, Lille et l’OM de devenir prétendants au titre et d'équilibrer un championnat sans suspense. C’est donc Leo qui a appuyé sur le bouton rouge, depuis Paris, après avoir bien masqué son jeu. Le vase qu’il avait laissé se remplir a débordé. Les deux hommes se sont vus après cette victoire-défaite, avant que l'information ne soit lâchée depuis... l'Allemagne par le clan Tuchel.
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"Le ver était dans le fruit" : pourquoi le PSG a choisi le bon moment pour virer Tuchel

Leonardo est meilleur à la bataille navale

Peut-être que l’entretien donné par Tuchel au média allemand Sport1 a aussi pesé dans la balance au moment de baisser le pouce. Il se dit que non, mais Tuchel a cassé quelques carreaux en plus et son oeuvre de destruction a pris la même tournure qu'à Dortmund. L’entraîneur de 47 ans y a décrit un PSG qui ressemblait plus à un Ministère qu’à un club de football. Une véritable exposition publique des coulisses qu'il ne faut pas sous-estimer. "Suis-je toujours entraîneur ou suis-je un politicien du sport, un ministre des Sports ? Où est mon rôle d’entraîneur dans un tel club, maintenant ?", y expliquait l’Allemand, également très critique sur la gestion du dernier mercato estival.
Un marché mal parti, puis bouché numériquement la veille de la clôture, mais au pas goût du coach qui s'attendait à mieux. Cette attitude critique lui avait valu un recadrage en règle de la part de Leonardo. Toujours est-il qu’il a été capable de mettre le numéro 6 qu’il demandait tant - Danilo Pereira - en défense centrale, prétextant qu’il préférait voir le polyvalent Marquinhos plus haut. Il n’y avait pas meilleure provocation que ça pour dire à son supérieur qu’il lui donnait de la mauvaise qualité. On appelle ça une attaque indirecte. Les deux hommes s’étaient lancés dans une partie de bataille navale à échelle humaine. Tuchel s’est fait torpiller.
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"Tuchel est en train d'entraîner Leonardo dans sa chute"

Un coup Gallianesque

Leonardo a symboliquement coupé la tête de son entraîneur à quelques heures du réveillon de Noël et à six mois seulement de la fin du contrat de celui-ci, à qui il faudra verser des indemnités en temps de crise. Pourtant, Paris ne roule pas sur l’or et ses pertes suite à l’année 2020 ont été estimées à un peu plus de 200 millions d’euros. Un cadeau personnel de sa part ? Impossible d’y voir autant de sournoiserie. On y verra volontiers un parallèle avec ce qu’il avait fait à Antoine Kombouaré en décembre 2011 dans la forme. Comme dans tous les clubs qui disposent d'actionnaires majoritaires, c'est le patron qui prend la décision. Leonardo a été ici un guillotineur de grande qualité, comme il l'avait fait à Koumbouaré il y a neuf ans.
Leader de la Ligue 1 à l'époque, l’ancien joueur du PSG avait été débarqué quelques jours avant Noël, à la grande stupéfaction de tous. Le Kanak, déjà en poste lors de l’arrivée de Leonardo, n’était pas le choix de l’Auriverde et il en avait payé le prix fort. Leonardo voulait Carlo Ancelotti sur son banc et il avait mis son plan à exécution, sans ménagement. Ce sacrifice en cours de chemin est un scénario très PSG en somme. Mais il est surtout marqué du sceau Leonardo. Les faits sont là et ils sont implacables : Tuchel n’est plus là. Doha, qui avait décidé de prendre l’ancien coach de Mayence et du Borussia Dortmund à l’époque, a décidé que c'était terminé.
Protégé d’Adriano Galliani, son mentor, Leonardo n’est autre que le fils spirituel du directeur sportif du grand AC Milan époque Silvio Berlusconi. La mise en retrait de Tuchel, dans la forme de procéder et non le fond, évoque aussi un des sales coups de l’ancien dirigeant du géant italien. La victime s’appelait alors Oscar Washington Tabarez, le professeur. En difficulté avec une équipe composée de cadres en fin de cycle, où étaient venus s’ajouter des recrutements totalement ratés, lors de la saison 1996/1997, l’actuel sélectionneur de l’Uruguay avait passé un sale automne, sous l’ombre de la menace de perdre son poste et des rumeurs persistantes d’un retour d’Arrigo Sacchi, alors aux commandes de la Nazionale.
Le 29 octobre 1996, Galliani avait pourtant soutenu mordicus son entraîneur. "Je nie absolument tout accord ou négociation avec un autre entraîneur, ni pour cette année, ni pour la saison prochaine. Nous attendons la fin de la saison pour décider, en espérant que les résultats nous permettront de confirmer Tabarez." Le 3 décembre, Sacchi annonçait son départ de la sélection pour revenir à Milan, en lieu et place du Maestro. Le 10 novembre dernier, lors d’un live donné depuis le Parc des Princes, pour échanger en ligne avec les supporters, Leonardo a fait le même coup, évoquant au passage ce jour-là son mentor. Un véritable fusil de Tchekhov audio. "On n'a jamais pensé à appeler quelqu'un, c'est faux. Il faut se concentrer sur les prochains mois. C'est le moment d'être ensemble", expliquait-t-il alors. Les deux hommes ont pris la porte dans un timing étrangement semblable.
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Leonardo et l'exemple... Antero Henrique : "Paris aurait bien besoin de sa fibre vendeuse"

Leo "Saint"-Germain

L’évocation du passage de Leonardo devant les caméras du club, pour un échange destiné aux médias sociaux, est un beau pied de nez : le Brésilien est de l’ancienne école, celle où Internet en était à ses balbutiements, et il déteste le numérique et les réseaux sociaux, dont il redoute l’effet nocif sur un club de football. Toujours est-il que son passage numérique en direct a été la continuité d’une nouvelle stratégie de communication de sa part. L’omniprésent Leo est redevenu l’aimant du club de la capitale depuis le début de la saison et la mise en retrait volontaire de Nasser Al-Khelaifi, engagé dans le procès du FIFA Gate avec Jérôme Valcke, l’ancien dirigeant de la fédération internationale. Un procès dont il est ressorti acquitté, avant la procédure des appels.
La mise en retrait du dirigeant n’est pas nouvelle, elle a suivi une tendance longue de deux ans qui a permis à Leonardo de revenir combler le manque. L'ancien joueur a pris le relais pour représenter la communication du club, à sa façon, avec son phrasé français maladroit, mais tellement séduisant. Un total décalage avec la saison de son retour où il s’était fait très discret publiquement. En homme politique habile, l'ancien international brésilien a donc augmenté sa présence physique, notamment derrière les micros depuis septembre. Il s’est publiquement opposé à la gestion du Kylian Mbappé par les Bleus en septembre sur les ondes de RMC, n'hésitant pas à déclencher des soubresauts entre les deux entités, avant de revenir sur le plateau de l’émission socle du dimanche soir : le Canal Football Club, un lieu de mise en lumière qui n’a pas d’égal.
Il y a presque quatre mois, Leonardo avait expliqué pourquoi il s’était lui aussi mis en retrait, particulièrement après la finale de la Ligue des champions perdue à Lisbonne face à un Bayern impitoyable. Il l’a martelé, il "voulait observer". Il avait tenu le même discours le dimanche 9 février dernier après un PSG - OL, où il avait critiqué le traitement du PSG par la presse. A l'époque, il voulait "prendre du recul". Il avait bien choisi son moment, c'était avant les 8es de finale de la Ligue des champions et il pointait du doigt le catastrophisme ambiant."On ressort le côté négatif. On a l'impression que l'on prépare une défaite. Je n'aime pas ça. C'est bien pour tout le monde en France si le PSG va loin. On doit être content d'avoir de tels joueurs et de vivre ça", expliquait-il à l'époque, en habile communiquant.

Un management qui fait grincer

Leonardo a aimanté l'attention vers lui, mais en interne, ça a déménagé. Sa façon de faire, de manière rigide, à l'Italienne, a occasionné quelques explications musclées, notamment après la fête d'anniversaire de Di Maria - Cavani - Icardi en début d'année. Récemment, sa gestion un peu à l'ancienne avec les cas Thiago Silva, Thomas Meunier et Edinson Cavani avait également surpris, principalement pour Thiago Silva qui n'a jamais hésité à pointer du doigt l'attitude de son compatriote, en mode girouette. On parle de l'homme qui l'a fait revenir en Europe, à l'AC Milan, avant de l'embarquer au PSG. "Le plus important, c'est la parole. (...) Il a passé six ou sept ans avec moi, cela veut dire qu'il pouvait me connaître un peu plus. Et c'était le contraire", a-t-il précisé à Canal + en décembre.
Leonardo ce sont aussi des relations froides avec le clan Neymar lors de son arrivée. Des relations qui ont changé depuis. Mais une chose est sûre, ce PSG ne ressemble plus à celui qu'il avait bâti. La suite montrera aussi sa capacité d'adaptation à un football qui change. Il a déjà travaillé en ce sens, mais le cas Tuchel le prouve, il n'a pas les pleins pouvoirs et il l'aime à le répéter : il ne peut pas tout faire. Pour tuer l'adversaire en 2020, il faut remplir une longue feuille de route. Même si cela a pris du temps, le Brésilien est sorti grand vainqueur de son long contentieux avec l’Allemand.

Pochettino, profession entraîneur et... manager

La suite va-t-elle lui permettre de réellement mettre sa patte sur un PSG qui ne l'a pas vraiment ? Selon les informations données par RMC et L'Equipe, jeudi, le choix du futur entraîneur a été bouclé par... Nasser Al-Khelaifi himself et non par lui. Quand le président s'occupe d'un dossier c'est qu'il y a Doha derrière, et un client important au bout. Et ce choix s'est porté sur Mauricio Pochettino, un ancien joueur du club qui rêvait d'en devenir l'entraîneur. L'ancien défenseur a des connexions au Qatar, parmi elles l'ancien médecin en chef du PSG de son époque (2001-2003), Hakim Chalabi. Le praticien travaille au centre médical Aspetar à Doha (lieu fréquenté par les joueurs du PSG) en tant que directeur général adjoint aux affaires médicales internationales. L'Argentin, au réseau très développé et international, est un choix très politique de la part du club de la capitale, à la fois au niveau diplomatie, pour les supporters qui vont s'identifier à un de leurs anciens.
Il est potentiellement un vrai choix de futur et une porte d'entrée à un certain Lionel Messi, son compatriote, dont le futur est relié à la capitale française depuis plusieurs semaines. Les deux hommes ont un passé commun dans un club cher à leur coeur : les Newell's Old Boys. Surtout, ils sont amis et Pochettino a toujours vanté les mérites de la "Pulga" qu'il rêve d'entraîner à Newell's, et tout court. S'il le cache bien, Pochettino est resté très argentin dans l'âme. en ce qui concerne sa passion pour le ballon rond et ça, ça parle à Messi.
Quid de Leonardo dans tout ça ? Sa patte italienne n'a été utile que pour faire partir après une très longue cuisson un homme qu'il ne désirait pas. Pour le reste, il est attendu au tournant car il devra donner de meilleures balles au successeur de l'Allemand, l'effectif du PSG s'étant considérablement appauvri à grands frais, bien avant qu'il ne revienne aux commandes de la direction sportive. La suite va aussi déterminer sa nouvelle influence dans la prise de décisions, puisqu'il devra coexister avec un manager à l'anglaise, un profil qu'avait aussi Tuchel à sa manière.
Là aussi, tout indique qu'il n'avait pas coché "Pochet" en haut de sa liste lui qui regarde plutôt vers l'Italie. Homme de projet avec fort potentiel d'expansion comme en témoigne ses expériences à Southampton puis Tottenham, Pochettino est un touche-à-tout, fin psychologue et rassembleur hors-pair (regardez la séquence au-dessus quand les Spurs apprennent son départ, à partir de la 50e seconde), et son influence ne s'arrêtera pas au terrain question d'évolution. Au PSG, la guerre n'a peut-être que commencé. Mais avant, place à une nouvelle partie de bataille navale. Après Allemagne - Brésil, place à un savoureux Argentine - Brésil.
Mauricio Pochettino laisse éclater sa joie à Amsterdam.
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