Ligue 1 - Retrait de King Street : à Bordeaux, pas de surprise mais de la colère et de l'inquiétude

Julien Pereira

Mis à jour 22/04/2021 à 22:03 GMT+2

LIGUE 1 - Les Girondins de Bordeaux, les proches du club, ses anciens joueurs et ses supporters ont pris un énorme coup sur la tête après l'annonce du retrait de King Street, l'actionnaire majoritaire du FCGB. Et si personne n'a réellement été surpris par cette nouvelle, tous sont désormais partagés entre colère et inquiétude.

Jimmy Briand lors du match opposant Saint-Etienne à Bordeaux, le 11 avril 2021, en Ligue 1

Crédit: Getty Images

La nouvelle a surpris par sa violence. Mais elle n'a pas étonné par sa teneur. Après l'annonce, ce jeudi, du retrait de King Street, actionnaire majoritaire des Girondins de Bordeaux, et le placement du club sous protection du Tribunal de Commerce, il y avait bien plus de colère que de consternation. "Ce n'est malheureusement pas une grande surprise pour moi, a confié le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, via un communiqué. Le plan de reprise du club, contre lequel j'avais voté en 2018, ne paraissait pas, dès le début, en mesure d'assurer sa pérennité. Cela paraît chose confirmée aujourd'hui."
Même sentiment chez les anciens joueurs ou proches du club. "Il y a l'impression d'avoir été trahi par des gens qui sont totalement incompétents dans le domaine du football et qui ne sont pas venus là pour faire du sport mais pour faire du business", a notamment commenté Alain Giresse sur les ondes de RMC. "C'est un scandale, une honte absolue, a regretté Bixente Lizarazu, dans un message publié sur Twitter. C'est inacceptable pour le football français. Je suis choqué, triste, écœuré…"
A Bordeaux, l'exaspération risque désormais de laisser de plus en plus de place à l'inquiétude. King Street, le désormais ex-actionnaire, a fait savoir qu'il ne "souhaite plus soutenir le club et financer les besoins actuels et futurs". Le club a précisé qu'"un mandataire ad hoc a été nommé et sera chargé d'assister le FC Girondins de Bordeaux dans sa recherche d'une solution durable." Mais dans un contexte de crise sportive aiguë - Bordeaux est 16e de L1 et pas assuré du maintien - et de très fortes tensions entre le président Frédéric Longuépée et les Ultramarines, le principal groupe de supporters, exacerbées depuis fin 2019 et une affaire de billetterie, les perspectives sont restreintes.

A Bordeaux, l'avenir sportif est sombre

Dans quelle division joueront les Bordelais la saison prochaine ? En L1 ? En L2 comme il y a pile 30 ans après une descente pour raisons administratives ? Au niveau amateur comme d'autres clubs historiques ou prestigieux tels Reims, Sedan, Bastia ou Strasbourg ? Ou vont-ils carrément disparaître ?
"Une page va devoir être tournée, a ajouté le maire de Bordeaux. Tout devra être fait pour mettre en place une solution assurant la pérennité de ce club". Tous les scénarios sont désormais possibles après le lâchage par King Street, qui avait racheté à l'automne 2018 pour 100 millions d'euros le club propriété de la chaîne M6, en compagnie d'un autre fonds américain, GACP, très dépensier, dont il avait racheté les parts un an plus tard.
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Frédéric Longuépée.

Crédit: Getty Images

King Street, actionnaire majoritaire sans visage ni passion débordante pour le football, a au total investi 46 millions d'euros de fonds propres - selon le communiqué - pour franchir par deux fois l'obstacle de la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion). Sans retour sur investissement. Ce qui paraissait inéluctable étant donné le contexte économique lié à la pandémie et le retrait de Mediapro qui a provoqué une baisse sans précédent des recettes des clubs français, et le déficit chronique des Girondins, déjà patent sous M6. Les joueurs, partis se mettre au vert jeudi en Bretagne en vue de leur match à Lorient dimanche, ont été avertis de la nouvelle à la descente de l'avion, les autres salariés du club par un mail interne.

Un homme d'affaires et supporter intéressé par la reprise du club

Joints par nos soins, les Ultramarines ont réclamé le départ de l'actuel président Frédéric Longuepée. "On n'a que deux choses à dire pour le moment. Longuépée doit partir au plus vite, a confié le porte-parole du groupe. Et King Street doit travailler dans les heures à venir à une cession du club saine et durable."
Désormais, selon un e-mail interne au club cité par le journal Sud-Ouest, la balle est dans le camp du mandataire nommé par le tribunal de commerce pour "permettre l'examen de toutes les options de maintien de l'activité. Pendant la durée de cette procédure destinée à mettre en forme un plan de reprise, la vie du club se poursuivra et les salaires seront versés".
Cité ces derniers mois et toujours intéressé, l'homme d'affaires et supporter Bruno Fiévet a espéré sur La Chaîne L'Equipe que "le tribunal ne va pas aller au plus offrant et que c'est encore un nouveau fonds (d'investissements) qui n'y connaît rien au football qui va venir se servir et refaire ce qu'on a connu depuis trois ans".
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