Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Trophée UNFP : N'en voulez pas à Neymar (PSG)… mais aux votants et à l'air du temps

Maxime Dupuis

Mis à jour 11/05/2021 à 20:17 GMT+2

LIGUE 1 - Mardi, l'UNFP a dévoilé sa cohorte de nommés pour le titre de joueur de l'année en Ligue 1. Parmi ceux-ci, un certain Neymar. Le Brésilien, qui a disputé 16 matches et inscrit 8 buts, avait-il sa place dans cette shortlist ? La réponse est non. Mais il n'en est pour rien responsable. Neymar "profite" du regard que l'on porte sur le football d'aujourd'hui et son traitement.

Neymar avec le PSG

Crédit: Getty Images

Ce n'est pas un refrain que l'on entend tous les ans. Mais qui revient de plus en plus régulièrement, quand même. A l'heure des distinctions individuelles, qui restent périlleuses dans un sport collectif et discutables aux yeux de certains, il y a toujours à redire. Que ce soit dans les shortlists du Ballon d'Or, les équipes FIFA de l'année ou autre distinction plus ou moins majeure… "Pourquoi lui ?" "Pourquoi pas un autre ?" "Toujours les mêmes !" On finit par être habitué au refrain.
Ce mardi, l'UNFP a dévoilé les nommés pour ses distinctions annuelles, parmi lesquelles le titre de joueur de l'année. Cinq noms que voici : Burak Yilmaz (Lille), Wissam Ben Yedder (Monaco), Memphis Depay (Lyon) et deux Parisiens, Kylian Mbappé et Neymar.
Si le Brésilien est un habitué de la photo, il n'en reste pas moins que sa présence sur le cliché est quelque peu étrange en 2021. Déjà lauréat en 2018, l'année de son arrivée au PSG, année où il n'avait pris part qu'à 20 matches mais, tout de même, inscrit 19 buts et délivré 13 passes décisives, il peut décrocher une deuxième timbale, ce qui serait pour le moins incongru.
Disons-le tout de go : on ne va pas en vouloir à Neymar qui, pour le coup, n'y est pour rien. L'ancien Barcelonais n'a rien demandé et sa fiche de la saison en Ligue 1 devrait parler pour lui (ou plutôt contre lui) : 16 matches joués, 8 buts, 4 passes et 2 rouges. Voilà. Dans un monde normal et avec un autre footballeur, ça ne fait jamais Top 5 pour le titre de joueur de l'année.

Ombre est lumière

Mais, encore une fois, Neymar ne peut rien y faire. En revanche, les votants, eux, auraient pu se montrer un peu plus inspirés. Qui sont-ils d'ailleurs ? Les joueurs, tout bonnement. "Les bulletins de vote sont distribués dans les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, par les délégués UNFP, qui se chargent de nous les retourner dûment remplis", apprend-on sur le site des Trophées UNFP. En gros, ce sont les pairs de Neymar et compagnie, du moins ceux qui veulent voter, qui décident de leur roi. Et on le sait depuis belle lurette, ce ne sont pas eux les mieux placés. Ce n'est pas parce qu'ils sont les acteurs du jeu qu'ils en sont les meilleurs observateurs.
Neymar fête l'un de ses buts
La Ligue 1 n'est pas le championnat le plus pourvu en termes de talents, rien de neuf. Mais il n'était pas interdit de mettre en lumière un joueur improprement dit "de l'ombre". L'Angleterre a su le faire en 2017, en élisant Ngolo Kanté (Chelsea). Ou encore Virgil van Dijk (Liverpool) en 2019. Le football, aujourd'hui comme hier, ne se résume pas qu'aux trente derniers mètres. Question de culture, certainement.
Voir Neymar dans la liste rappelle combien, aussi, les votants répondent souvent à côté de la question qui est posée. Celle-ci n'est pas "qui est le joueur le plus talentueux du championnat ?" mais "qui est le meilleur joueur de la saison écoulée ?" A la première interrogation, la réponse "Neymar" va de soi, même si l'on accepterait volontiers que Kylian Mbappé récolte une part des suffrages. A la seconde, inscrire "Neymar" est un non-sens.
L'américanisation du football
Faut-il blâmer les votants pour autant ? Pas complètement. On sort d'une décennie médiatique où les stars ont pris le pas sur les collectifs, plus que jamais. Parce qu'il y a eu Messi, parce qu'il y a eu Cristiano Ronaldo. Jamais, dans l'histoire du jeu, deux individualités avaient autant pris la lumière, propulsées par leur talent d'exception et leur duel qui l'était tout autant.
Le contexte, aussi, a joué un rôle prépondérant : jamais avant eux, la machine médiatique et marketing ne s'était autant mise en branle, jamais la machine n'avait possédé une telle caisse de résonance pour servir ses intérêts et sa petite musique, via les canaux historiques et les réseaux sociaux. Tout le monde a profité de l'effet d'aubaine. Ça fait vendre, autant en profiter. On met en avant les stars, toujours et encore, jusqu'à plus soif. Le football s'est américanisé et il sera difficile de revenir en arrière.
Aujourd'hui, Neymar (et il n'est pas le seul) est le fruit de cette décennie et de cette évolution, comme les votants qui ont tapé à côté. Vous ne savez pas pour qui voter ? Votez Neymar. Si tout le monde parle de lui tous les jours, c'est qu'il doit bien y avoir une raison. Assez paradoxal à l'heure d'un retour en grâce du collectif, en France avec l'exemple lillois, en Europe aussi, où les équipes qui jouent en équipe gagnent les Ligues des champions.
Neymar, Messi, Ronaldo
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité